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Le 16 mai 2000

Haïti : A une semaine des élections législatives, le COE apporte son soutien aux Eglises et aux diverses forces qui luttent pour plus de démocratie


cf. communiqué de presse du COE, numéro 00-14

En quatre jours, le secrétaire général du Conseil oecuménique des Eglises (COE) a accompli un véritable marathon. Outre les représentants des Eglises catholique et protestantes du pays, Konrad Raiser a rencontré le premier ministre Jacques-Edouard Alexis ainsi que différents groupes de l'opposition. Il s'est dit impressionné par le message courageux que les Eglises catholique et protestantes d'Haïti ont signé ensemble pour rappeler aux autorités le devoir qu'elles ont d'organiser des élections le 21 mai prochain. Il a également plaidé auprès des instances politiques pour qu'elles agissent dans un esprit de concertation et de négociation, un esprit qui semble cruellement manquer à la petite république des Caraïbes.

En Haïti, l'Etat est quasiment inexistant. Le premier ministre Jacques-Edouard Alexis le reconnaissait lui-même à mots couverts, vendredi 12 mai, dans son entrevue avec Konrad Raiser et une délégation de la Fédératon protestante d'Haïti. Des tâches primordiales de l'Etat comme l'éducation et la santé publique sont presque entièrement prises en charge par le secteur privé, et les Eglises sont très largement actives dans ces deux domaines. On estime que, sans elles, 50% des Haïtiens n'auraient tout simplement pas accès aux soins de santé élémentaires.

Les Eglises, au nom de l'Evangile et au nom de l'engagement très important pris auprès de la population haïtienne, ont très clairement rappelé le gouvernement haïtien à ses devoirs dans un document publié le 3 avril dernier. Face à l'absence d'institutions démocratiques, le président René Préval ayant dissous le Parlement en janvier 1999, et face à un gouvernement qui a déjà repoussé trois fois la date des élections législatives, pourtant prévues par la Constitution haïtienne, les Eglises veulent faire entendre leur préoccupation: si les élections n'ont pas lieu le 21 mai, c'est la survie du pays qui est menacée. Elles ont exprimé une nouvelle fois cette inquiétude lors de leur entrevue avec le premier ministre, et ont également profité de cette rencontre pour dire, par l'intermédiaire du secrétaire général de la Fédération protestante d'Haïti Edouard Paultre, "combien à leurs yeux de chrétiens, le déséquilibre entre le train de vie des dirigeants haïtiens et le reste de la population est un sujet de scandale et combien il est urgent de rétablir la confiance dans le pays."

Lors de cet entretien, Konrad Raiser a apporté son ferme soutien aux Eglises haïtiennes, soulignant le courage de leur position et l'importance de leur engagement dans la reconstruction du pays. Face au premier ministre Alexis, il a aussi insisté sur le manque de légitimité du gouvernement actuel, qui a pour résultat la paralysie complète du pays. Le secrétaire général du COE a enfin tenu à préciser que "si elles ne représentent pas à elles seules la solution, les élections sont la seule voie possible pour marcher vers la démocratie et rétablir la justice et la paix civile dans le pays".

Si des élections démocratiques ont bien lieu le 21 mai prochain, elles auront certainement pour résultat de contraindre les forces politiques du pays à cohabiter au sein du gouvernement et du parlement. Dès le lendemain des élections, il faudra continuer d'aller vers plus de démocratie, en développant une culture de la négociation qui fait terriblement défaut en Haïti, pays encore largement dominé par les fantômes de la dictature. Konrad Raiser a tenu ce discours dans tous les entretiens qu'il a pu avoir lors de sa visite à Port-au-Prince, tant auprès des Eglises, déjà acquises à cette cause, qu'auprès du premier ministre et des partis de l'opposition, dont certains représentants sont encore fortement tentés de diaboliser l'adversaire.

Dimanche 14 mai, dernier jour de sa visite en Haïti, Konrad Raiser était invité à prêcher dans la Première Eglise baptiste de Port-au-Prince, lors d'une célébration qui réunissait toutes les dénominations protestantes du pays. Devant un millier de personnes, le secrétaire général du COE a encouragé les Haïtiens à aller voter le dimanche 21 mai et, comme "la brebis qui reconnaît le bon berger", il a invité les fidèles à faire preuve de discernement et à élire celles et ceux qui se soucient véritablement des intérêts du pays, sans exclure personne. La population s'est inscrite massivement pour aller voter, mais elle a peur aujourd'hui d'exercer ses droits civiques, à cause des nombreux assassinats perpétrés ces dernières semaines contre des personnalités publiques. Le message de Konrad Raiser est venu soutenir la position des Eglises haïtiennes qui répètent inlassablement, avec la société civile, qu'il faut absolument surmonter la peur d'aller voter : l'avenir du pays en dépend.

Avant de quitter la Première Eglise baptiste de Port-au-Prince, Konrad Raiser a enfin reçu un doctorat Honoris Causa en Droit de l'Union des Universités Privées d'Haïti.


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Le Conseil oecuménique des Eglises (COE) est une communauté de 337 Eglises. Elles sont réparties dans plus de 100 pays sur tous les continents et représentent pratiquement toutes les traditions chrétiennes. L'Eglise catholique romaine n'est pas membre mais elle collabore activement avec le COE. La plus haute instance dirigeante du COE est l'Assemblée, qui se réunit environ tous les 7 ans. Le COE a été formé officiellement en 1948 à Amsterdam, aux Pays-Bas. Le secrétaire général Konrad Raiser, de l'Eglise évangélique d'Allemagne, est à la tête du personnel de l'organisation.