conseil oecumenique des
eglises

Documents préparatoires à
la Huitieme Assemblée et au 50e Anniversaire

RÉUNION D'INFORMATION-DÉBAT SUR L'UNITÉ II:
SANTÉ, ÉDUCATION, TÉMOIGNAGE

Ordre du jour annoté

Ière séance
1. Musique

2. Accueil et introduction générale

3. Indications sur le déroulement de la réunion d'information-débat

4. Présentation d'une vidéo sur l'Unité II et ses activités

5. Interview de quatre "témoins" sur quelques programmes de l'Unité: Le témoignage commun; L'éducation chrétienne dans les sociétés multireligieuses; Etude sur le SIDA; Conférence mondiale sur la mission et l'évangélisation. Les témoins parleront de l'importance du travail accompli et de sa pertinence pour les Eglises et leur situation, des activités à poursuivre et des points faibles.

6. Répartis en petits groupes de deux ou trois personnes, les participants discuteront les activités présentées dans la vidéo et celles dont les témoins ont parlé en relevant ce qui leur paraît se rapporter à la situation de leurs Eglises et à leur engagement personnel.

7. Restitution de quelques réactions des groupes

8. Musique

IIème séance
1. Divers aspects des activités de l'Unité seront présentés sous forme dialoguée, notamment la manière dont elle aide les Eglises à devenir des communautés de guérison, d'apprentissage et de témoignage. Avec l'aide d'un animateur, on dégagera les aspects importants des activités et des programmes de l'Unité II. Les débats porteront principalement sur le thème "Evangile et cultures", la Mission urbaine et rurale (MUR), la CMC - Action des Eglises pour la santé, sur l'évangélisation et sur la formation religieuse chrétienne en Europe centrale et orientale. Au cours des discussions, des personnes invitées présenteront aux participants des rapports, des diapositives, des vidéos et d'autres documents relatifs à ces secteurs d'activité. Un certain temps sera donné à l'ensemble du groupe pour faire part de ses réactions.

2. La discussion sera suivie d'un moment de silence et de réflexion, et l'on invitera les participants à réagir aux questions suivantes et à inscrire leurs commentaires sur des cartes qui leur auront été distribuées :

  • Dans quelle mesure les préoccupations de l'Unité ont-elles été pertinentes pour votre Eglise ou votre région?
  • Quelles sont les questions ou les problèmes, parmi ceux qui ont été soulevés dans le cadre des activités de l'Unité, qui doivent retenir l'attention du COE durant la période qui suivra l'Assemblée?

3. Sur un fond de musique, les participants quittent la salle et déposent leurs cartes dans des boîtes prévues à cet effet.

IIIème séance
Cette séance sera organisée et animée par le Comité d'orientation du programme.


RAPPORT SUR L'UNITÉ II
LES ÉGLISES EN MISSION: SANTÉ, ÉDUCATION, TÉMOIGNAGE

"L'avènement d'une [humanité] réconciliée et d'une création renouvelée est le but de la mission de l'Eglise. La vision de Dieu unissant toutes choses en Christ est la force qui la fait vivre et qui l'incite au partage": cette conception pleine de force a inspiré la vision qui devait être la vocation et la raison d'être de l'Unité II tout au long des diverses étapes de ses mandats, de ses programmes et de ses relations durant la période qui a suivi Canberra.

Lors de la restructuration du COE en 1992, l'Unité II a été chargée de formuler le souci de la mission qui est propre au mouvement oecuménique. La fusion de trois anciennes sections Commission médicale chrétienne, Education, et Commission de mission et d'évangélisation a permis de réunir ces trois aspects de la mission que sont la guérison, l'enseignement et le témoignage.

"Au coeur de la vision qui inspire l'Unité II figure l'espérance que le Saint Esprit va renouveler le peuple de Dieu en tout lieu et lui donner la capacité de participer pleinement à la mission globale de Dieu": c'est ce que déclarait à Evian (France) en 1992 la Commission de l'Unité II qui venait d'être constituée. Elle ajoutait: "Dans le contexte d'une fragmentation accrue de l'humanité, de relations brisées, d'exclusion et de paupérisation, les Eglises sont appelées à rendre témoignage de la volonté du Dieu qui veut édifier une société nouvelle, juste et saine, une communauté nouvelle dans la perspective du royaume de Dieu. Le mandat principal de l'Unité a donc été défini ainsi: aider les Eglises à équiper (oikodomé / édification) le peuple de Dieu tout entier pour que sa foi grandisse et qu'il devienne le témoin de la plénitude de vie que Dieu offre à tous en Jésus Christ."

Le rôle de l'Unité a été défini selon les lignes suivantes; elle contribuera à:

  • examiner avec les Eglises et autres groupements chrétiens le sens et les défis de la mission aujourd'hui;
  • éduquer le peuple de Dieu en vue de la mission, lui en donner les moyens et le renouveler;
  • établir des liens entre les Eglises et autres groupements en vue d'encourager le
  • être solidaire des personnes qui luttent pour la libération, analyser les contextes, encourager les initiatives nouvelles et, au travers de programmes spécifiques, fournir les ressources nécessaires.

De nombreuses réalisations ont vu le jour au cours de ces années; en joignant les discussions des questions pratiques à la recherche théorique, on a fourni aux responsables de l'échelon intermédiaire des Eglises des idées et des outils de travail et créé du matériel pour les paroisses et les groupes locaux. Le style de travail de l'Unité a notamment consisté à reconnaître ce qui se faisait déjà au niveau local et à encourager ces efforts (en aidant à préciser les objectifs et en ouvrant des perspectives sur le monde), et à collaborer avec les Eglises et les autres partenaires oecuméniques.

La Commission de l'Unité a tracé les principales lignes directrices de ce travail, donnant des conseils et délibérant sur les orientations. Durant la période écoulée, elle a tenu quatre réunions: à Evian, France (1992), à St Ann's, Trinité-et-Tobago (1993), à Coventry, Royaume-Uni (1995), et au Salvador, Brésil (1996). Ces réunions ont non seulement permis aux participants de discuter à fond sur les programmes et les relations de l'Unité, mais elles leur ont aussi offert l'occasion de rencontres mémorables avec divers milieux et avec les Eglises dans le contexte local.

En outre, les groupes de travail nommés par la Commission sur plusieurs secteurs d'activité - Mission et évangélisation dans l'unité [qui comprenait un groupe consultatif sur Evangile et cultures], Mission urbaine et rurale, CMC - Action des Eglises pour la santé, Formation du peuple de Dieu tout entier - ont donné des avis compétents concernant ces domaines. En outre, le Groupe de travail chargé du mandat "éducation" - organe consultatif créé par le Comité central pour l'ensemble du COE - avait son siège dans l'Unité II. Cet organisme a élaboré d'excellentes lignes directrices pour les activités du COE en matière de formation; elles n'ont pas exercé l'influence que l'on attendait, en raison principalement de problèmes structurels, mais une bonne partie de l'énergie mise au service des efforts faits actuellement pour redonner du tonus à la formation au sein du COE est le fruit de leur travail.

La période qui fait l'objet de ce rapport a été très dense et pleine de défis, dont l'un des plus sérieux est la crise financière du COE; cette crise a eu des retombées sur pratiquement tous les aspects du travail de l'Unité. Il a fallu trouver des aménagements, des postes ont été supprimés et de nouvelles orientations ont été précisées au cours de notre participation au grand processus de réflexion sur la conception et la vision communes (CVC) du COE. Les secteurs les plus touchés sont les programmes de santé et de formation. Il faut rendre hommage au personnel, à la Commission et aux partenaires de l'Unité grâce auxquels les programmes prioritaires ont été réalisés de manière remarquable; en outre, dans le cadre du processus CVC, l'Unité a produit un certain nombre de documents d'orientation générale importants visant à accroître l'efficacité du COE.

Pendant la plus grande partie de la période qui fait l'objet de ce rapport, le personnel de l'Unité a travaillé en cinq équipes:

  • Mission et évangélisation dans l'unité
  • Communauté et justice / Mission urbaine et rurale
  • Evangile et cultures
  • CMC- Action des Eglises pour la santé
  • Formation du peuple de Dieu tout entier.

Chacune des équipes avait ses propres priorités, mais elles se sont efforcées de garder une certaine souplesse et de rechercher une cohésion et une complémentarité par-delà les délimitations des équipes et des unités, lorsqu'elles avaient un objectif commun, comme par exemple l'organisation de la Conférence mondiale sur la mission et l'évangélisation. De même, la plupart des membres du personnel ont participé aux études sur Evangile et cultures et sur le VIH/SIDA; des activités liées à la formation ont aussi fait partie d'un certain nombre de programmes.

A différentes étapes de l'évolution de l'Unité, des alliances se sont constituées pour aborder des thèmes communs; les équipes ont été regroupées par deux fois, en raison de la réduction du personnel. Actuellement, les membres du personnel forment deux équipes: Mission et évangélisation et Formation du peuple de Dieu tout entier.

Comment la vision et le mandat de l'Unité ont-ils été transposés dans la réalité des programmes et des activités? Quel écho ont-ils trouvé dans les Eglises, auprès des partenaires oecuméniques, des organismes et communautés des différents continents? Quels ont été quelques-uns des défis auxquels il a fallu faire face, qu'avons-nous réalisé et quelles ont été nos faiblesses? Dans ce qui suit, nous allons tenter de passer en revue les grandes lignes de l'activité de l'Unité dans la période allant de Canberra à Harare.

MISSION ET ÉVANGÉLISATION DANS L'UNITÉ

L'ensemble de l'Unité avait affaire à la mission au sens large du terme, mais l'équipe "Mission et évangélisation dans l'unité" a concentré son attention sur des dimensions particulières du témoignage chrétien et sur certaines situations missionnaires. Son mandat spécifique consistait à aider les Eglises à réfléchir aux buts de la mission et aux différents styles qu'elle peut revêtir, et à les encourager à assumer la responsabilité de la mission et de l'évangélisation dans leur environnement, et cela dans une perspective oecuménique. Grâce aux secrétariats particuliers, mais aussi à l'ensemble de l'Unité, le programme et ses différentes activités ont fourni aux Eglises des occasions de réfléchir aux principaux enjeux actuels de la mission et ont suscité de nouvelles discussions sur les problèmes urgents du témoignage commun et du prosélytisme; ils ont encouragé des formes nouvelles d'évangélisation et de formation au témoignage.

Des visites ont été faites à certaines institutions de formation théologique pour les aider à développer le secteur missiologique de leurs programmes d'études. Un programme en trois étapes, "Appelés à être les gérants de la terre", a soutenu certaines expériences nouvelles dans le domaine de l'apprentissage de l'oecuménisme; des participants venus de Finlande, des Philippines et du Zimbabwe ont échangé des méthodes pédagogiques et se sont engagés à poursuivre dans cette voie.

Bien que totalement accaparée par l'étude "Evangile et cultures" et la préparation de la Conférence mondiale sur la mission et l'évangélisation, l'équipe "Mission et évangélisation dans l'unité" a encouragé une série de réflexions. Entreprises généralement au sein d'Eglises membres, de conseils nationaux d'Eglises et d'autres partenaires oecuméniques, elles ont fini par englober aussi des catholiques romains, des pentecôtistes et des représentants d'Eglises indépendantes.

Le personnel a, par exemple, accompagné un long processus de réflexion sur le renouveau des communautés en mission en Europe (processus lancé en 1989 en coopération avec la Conférence des Eglises européennes), qui a encouragé des communautés cultuelles locales à répondre à l'appel de Dieu dans leur contexte. Un rassemblement européen, qui s'est déroulé à Potsdam, Allemagne (1993) sur le thème "Entendez ce que l'Esprit dit aux Eglises", a constitué l'un des temps forts de ce processus. Il se poursuit par des moyens pleins de créativité, sous la responsabilité de son propre groupe de coordination, avec lequel l'Unité maintient un contact.

La Commission ayant décidé que l'Unité devait élaborer une nouvelle déclaration sur la mission et l'évangélisation intitulée (pour compléter la Déclaration de 1982 "La mission et l'évangélisation: affirmation oecuménique", acceptée presque partout), des rencontres régionales ont été organisées en Afrique, en Asie en Europe et en Amérique latine. Elles devaient permettre de discerner les principaux enjeux de la mission de l'Eglise aujourd'hui et de rechercher de nouveaux paradigmes missionnaires. D'autres éléments destinés à enrichir la déclaration oecuménique (qui sera mise au point après l'Assemblée de Harare) se sont dégagés de discussions qui ont eu lieu sur ce sujet lors de différentes réunions oecuméniques et lors d'un colloque mondial organisé sur le thème "Mission 2000 - Vision et défis" (Morges, Suisse, 1997).

Evangélisation
Un autre point important du travail de l'Unité a consisté à encourager les chrétiens à communiquer leur foi comme un don de Dieu, par des méthodes d'évangélisation respectueuses du contexte culturel. On a constaté que les Eglises hésitent souvent à mettre leurs ressources en commun ou à évangéliser ensemble. Les unes semblent gênées par leur "manque de succès" apparent, d'autres ont une conception étroite de l'évangélisation, la considérant seulement comme un moyen d'accroître le nombre de leurs membres. Il a donc paru nécessaire de ménager des espaces de dialogue permettant à tous de mieux se connaître les uns les autres.

L'Unité a collaboré dans ce sens avec différents conseils nationaux et régionaux d'Eglises afin d'amener les représentants de diverses Eglises à parler ensemble autour d'une même table. C'est ainsi que le Programme "évangélisation" a organisé, conjointement avec le Conseil des Eglises de toute l'Afrique, une réunion qui s'est tenue en Tanzanie (1995) sur le thème "Un feu à l'horizon - Appelés à évangéliser", afin de discuter de l'évangélisation dans le contexte africain et d'inviter les Eglises à entreprendre ensemble une mission globale. Un atelier régional sur le thème "Evangélisation et communication: faire entendre la voix de l'Evangile dans les îles du Pacifique", qui a eu lieu aux îles Tonga (1997), a donné à des représentants d'Eglises de cette région l'occasion de dialoguer et d'accomplir du travail pratique. A Cuba, les Eglises se sont réunies en 1996 pour examiner la manière dont elles pourraient coopérer face au bouillonnement évangélique que connaît actuellement ce pays.

La remise en activité et l'expansion d'un "Réseau d'évangélisation et de témoignage" au niveau mondial, formé de personnes responsables de l'évangélisation au sein des Eglises et des sociétés missionnaires, est l'un des faits marquants de la période écoulée. Ce réseau, qui regroupe actuellement plus de 250 personnes, permet d'échanger des idées sur l'évangélisation et apporte un soutien à l'organisation de réunions sur la mission et l'évangélisation dans différents pays ou régions. Malheureusement, les restrictions financières n'ont pas permis d'organiser des colloques régionaux, qui auraient sans doute été d'une grande importance pour le travail de ces personnes.

La "Lettre oecuménique sur l'évangélisation", publication bien connue qui paraît quatre à six fois par année en trois langues, avec un tirage de près de 3000 exemplaires, a permis comme par le passé un échange très utile de réflexions, d'expériences et de ressources dans le domaine de l'évangélisation. Son style, qui est à la portée de tous, et les sujets stimulants qu'elle aborde ont suscité l'intérêt d'un large cercle de lecteurs.

Relations dans la mission
Les convictions de l'Unité concernant le témoignage commun et son souci d'exprimer l'unité de l'Eglise dans la mission sont les raisons profondes qui la poussent à accorder une grande importance aux apports venant de la coopération avec les Eglises orthodoxes et des relations avec l'Eglise catholique romaine.

Comme on le verra ailleurs dans ce rapport, l'étude "Evangile et cultures", l'étude sur le SIDA, le vaste processus qui a abouti à la rédaction de la Déclaration sur le témoignage commun, de même qu'un grand nombre de programmes lancés par d'autres équipes, Unités ou bureaux, ont bénéficié de contributions orthodoxes pleines de créativité (souvent lors de colloques spécialisés, mais aussi à d'autres occasions). Les contacts ont été maintenus avec les Eglises orthodoxes historiques, avec celles de date plus récente qui sont en Afrique et en Asie, celles de la diaspora, de même qu'avec un certain nombre d'écoles de théologie et d'associations missionnaires orthodoxes. Toutes ces démarches ont contribué à stimuler la réflexion sur la mission dans les Eglises orthodoxes, à resserrer les relations entre Eglises historiques et Eglises plus récentes au sein de la famille orthodoxe, à leur faire découvrir la pensée locale et internationale, et à introduire les perspectives et les interpellations de la conception orthodoxe de la mission dans la réflexion et le dialogue oecuméniques.

Les membres de l'équipe ont visité périodiquement le Conseil pontifical pour l'unité des chrétiens et l'Union internationale des supérieurs majeurs (des ordres monastiques). Le consultant catholique romain de l'Unité (qui est détaché par le Conseil pontifical pour l'Unité des chrétiens et représente les ordres missionnaires de l'Eglise catholique romaine) est membre du Groupe mixte de travail du COE et de l'Eglise catholique romaine et assure la liaison avec le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. La participation régulière à des séminaires tels que ceux parrainés par le SEDOS ou le Centre pour l'unité à Rome a constitué un élément vital de la communication et de l'échange de perspectives oecuméniques.

Déclaration sur le témoignage commun. Ces dernières années, on a assisté dans de nombreuses régions du monde à une escalade spectaculaire d'entreprises missionnaires en compétition les unes avec les autres; elles se sont vu accuser de prosélytisme et ont souvent eu pour résultat l'établissement de structures ecclésiales parallèles. On note également que les nouveaux organismes missionnaires sont en forte croissance dans certains pays du Sud, qu'il sont actifs de manière indépendante dans d'autres parties du monde, le plus souvent sans contact aucun avec les Eglises locales.

A la demande du Comité central du COE (1989), une vaste étude a été entreprise sur un certain nombre de questions liées au témoignage commun. Entre 1993 et 1995, on a organisé trois colloques (à Chambésy et à Moscou, destinés en priorité aux Eglises orthodoxes, et à Manille), qui ont réaffirmé la conception théologique de l'Eglise une dans sa mission, tout en examinant les problèmes que posent les divergences de motivations, de conceptions et de pratiques missionnaires. On s'est tout particulièrement efforcé de réunir et d'amener à dialoguer ceux qui pratiquent le prosélytisme et ceux qui le subissent, en recherchant la participation non seulement des Eglises membres du COE, mais aussi de personnes venant de milieux évangéliques, pentecôtistes et charismatiques.

Les fruits de ces discussions ont été rassemblés lors d'une réunion chargée d'en faire la synthèse (1996) et mis en regard d'autres travaux sur le témoignage commun et le prosélytisme. Un projet de document a alors été rédigé et envoyé à plus de 200 personnes, pour qu'elles le commentent. En septembre 1997, le Comité central a approuvé la Déclaration intitulée "Vers un témoignage commun: un appel à établir des relations responsables dans la mission et à renoncer au prosélytisme". Il l'a recommandée aux Eglises afin qu'elles s'en inspirent dans leur réflexion et leurs décisions. Cette déclaration constituera un document de référence pour l'étude sur l'ecclésiologie et la mission, qui a été proposée et va être entreprise.

Etude sur les relations dans la mission. Depuis plusieurs décennies, l'Unité a travaillé sur le thème des relations internationales dans la mission en encourageant et animant diverses rencontres et études à l'échelon régional (jusqu'en 1993) et en lançant un projet d'étude sur ce sujet (1995-1996). La recherche, qui a été effectuée par un consultant (extérieur), passe en revue les discussions oecuméniques qui ont eu lieu jusqu'à la date de l'étude, ainsi que les changements structurels et autres qui ont été entrepris par les Eglises et les sociétés missionnaires; elle comprend aussi des études de la situation actuelle de la mission dans un certain nombre de pays, et un examen de mouvements missionnaires en provenance de pays du Sud.

L'une des recommandations faites au terme de ce processus a permis de créer des liens plus étroits entre quelques sociétés missionnaires de l'Inde et les Eglises de ce pays. L'aide du COE a été demandée pour assurer d'autres travaux destinés à donner suite à ce processus.

COMMUNAUTÉ ET JUSTICE / MISSION URBAINE ET RURALE (MUR)

Depuis longtemps, il est reconnu que la solidarité avec les communautés pauvres et victimes de l'exclusion, et la participation à leur combat pour la justice et la plénitude de vie dans la perspective du royaume de Dieu, font partie de la mission de l'Eglise. Dans le cadre du COE, ces activités de solidarité se sont déroulées par le moyen de la Mission urbaine et rurale (MUR). A côté de l'engagement concret dans des situations où des êtres humains souffrent et luttent, qui consiste à aider les communautés locales à s'organiser pour trouver leur identité et leur dignité, l'Unité a effectué toute une réflexion biblique, théologique et missiologique dans la perspective de "ceux d'en-bas", afin d'interpeller les conceptions et les pratiques missionnaires des Eglises.

Après la restructuration du COE en 1992, on a organisé un colloque pour passer en revue le Programme "MUR" à la lumière du mandat et de l'objectif missiologiques de l'Unité, et se mettre d'accord sur des principes de base, des lignes directrices et des perspectives en vue de l'avenir. Après ce colloque et sur la base de ses résultats, le Groupe de travail "MUR" a formulé une déclaration intitulée "Mission et évangélisation - Contribution de la MUR à la vision oecuménique", ainsi qu'une série d'autres textes d'accord relatifs au programme et à l'organisation de la MUR. Ces documents ont fait l'objet de la publication "Mission urbaine et rurale - Réflexions 93", qui est aujourd'hui encore un condensé de la conception, de la vision et du mandat de la MUR.

Les activités de la MUR se déroulent principalement dans six régions: l'Afrique, l'Asie, l'Europe, l'Amérique latine, le Moyen-Orient et l'Amérique du Nord. Les efforts faits durant la période écoulée pour lancer des activités dans les Caraïbes n'ont pas pu se poursuivre en raison de restrictions financières et d'autres obstacles. Dans chaque région, les activités sont coordonnées par un groupe de contact, constitué en majorité par des animateurs de communautés locales, des représentants d'Eglises et des personnes qui les soutiennent par une réflexion théologique. Ces dernières années, les groupes de contact se sont chargés de plus en plus eux-mêmes de trouver les ressources nécessaires aux échelons régional et national, ce qui a allégé leur dépendance financière par rapport au COE. Ce changement, amorcé vers la fin des années 80, lorsque l'on a passé de la notion de "projet" à celle de "programme", notamment en ce qui concernait le financement, est maintenant achevé: les fonds ne sont plus envoyés aux "projets" particuliers, mais directement aux régions, pour financer les activités liées à de grands thèmes qui sont choisis au niveau national, régional ou mondial, mais qui sont réalisées dans le cadre de programmes locaux.

Trois colloques organisés par la MUR ont permis d'étudier à l'échelle mondiale des problèmes auxquels sont confrontées les victimes de l'appauvrissement ou de l'exclusion:

  • La mission de Dieu - 500 ans de résistance (Campo Grande, Brésil, 1992), rencontre à laquelle ont participé des représentants des peuples autochtones d'Amérique du Sud à l'occasion du 500ème anniversaire de la conquête européenne. On a examiné les conceptions missiologiques qui résultent du vécu autochtone et le sens de la solidarité dans ce contexte.

  • L'organisation communautaire dans la perspective du royaume de Die (Seattle 1994), colloque dont l'objectif était l'évaluation critique de l'organisation communautaire, méthode prioritaire de la MUR. Les participants ont échangé des récits relatifs à l'organisation communautaire aux niveaux local et national; ainsi, les tenants de divers modèles ont pu dialoguer. Il a été reconnu qu'il ne saurait y avoir un modèle unique d'organisation communautaire, mais les participants ont jugé que l'on pouvait et devait définir certains principes communs.

  • Evangile et cultures (Bangkok 1996) - une rencontre de "synthèse", destinée à échanger et discuter les résultats d'études menées dans les six régions, dans le cadre de l'ensemble de l'étude "Evangile et cultures". On s'est attaché principalement à la réflexion sur les relations entre la culture et le pouvoir: la recherche identitaire de communautés exclues et minoritaires et les effets destructeurs d'une culture de la mondialisation sur les identités.

La Conférence mondiale sur la mission et l'évangélisation de Salvador a mis au jour des approches théologiques qui avaient sous-tendu le travail de la MUR depuis l'Assemblée de Canberra et soulevé de nouvelles questions dans le domaine de la missiologie. Le sens de l'identité au sein de la communauté, l'Evangile en tant que formulation d'une contre-culture face à une culture de violence et d'exclusion, les effets de la mondialisation sur les communautés marginalisées, autant de questions qui vont façonner à l'avenir les réflexions et le travail de la MUR.

ÉVANGILE ET CULTURES

Lors de l'Assemblée de Canberra, il est apparu à nouveau de manière éclatante à quel point il était urgent pour les Eglises d'entreprendre une réflexion théologique sur la relation entre l'Evangile et les cultures. L'absence par trop évidente d'un cadre oecuménique de compréhension a fait prendre conscience de la fragmentation croissante des communautés humaines.

Lors de sa réunion d'Evian, la Commission de l'Unité II a donné le mandat de lancer une vaste étude sur l'Evangile et les cultures qui (selon une formulation ultérieure) aurait pour but "de chercher à comprendre les implications d'un Evangile qui, à la fois, interpelle les cultures dans lesquelles il s'insère et est interpellé par elles, cela afin que les Eglises et les chrétiens vivent et témoignent de manière authentique. L'objectif est de donner davantage de moyens aux Eglises pour qu'elles puissent accomplir leur tâche de mission et d'évangélisation dans les divers contextes culturels d'aujourd'hui". Cinq démarches, liées entre elles, ont été regroupées dans ce qui allait devenir l'un des programmes les plus connus de la période écoulée.

1. Etude de l'histoire de la rencontre de l'Evangile et des cultures dans un certain nombre de lieux. Au cours des quatre ans de ce programme, plus de vingt études historiques sur la rencontre de l'Evangile et des cultures ont été entreprises par des personnes ou des groupes. Dix-huit de ces études ont été largement diffusées sous forme de brochures de 40 à 60 pages dans la série "WCC Gospel and cultures Series".

2. Promotion de nouvelles recherches sur l'interaction de l'Evangile et de la culture dans la vie des Eglises locales aujourd'hui. Des Eglises, des organismes oecuméniques, des groupes spécialisés et autres groupements (comme par exemple certaines Eglises orthodoxes, la CMC et la MUR), des organisations d'Eglises (par exemple l'Alliance réformée mondiale et la Conférence des Eglises européennes), des centres de formation théologique et des personnes intéressées ont entrepris dans plus de 60 pays une réflexion et des études sur ce sujet. En tout, plus de 110 rapports, réflexions, essais et autres documents rédigés en vue de cette étude ont été envoyés à Genève. Un petit guide d'étude, deux vidéos et divers matériels ont été préparés pour aider à lancer les discussions. Un bref rapport sur les résultats de ces recherches a servi de base aux textes introductifs au travail des sections lors de la Conférence mondiale sur la mission à Salvador. Les quatre centres d'intérêt du processus d'étude ont constitué les sous-thèmes des quatre sections de la Conférence.

3. Aider les Eglises à échanger leurs réflexions sur ce thème par-delà les cultures. Deux réunions importantes ont réuni des directeurs de départements et d'organisations missionnaires, afin de promouvoir un échange interculturel de réflexions et d'expériences dans le domaine de la rencontre de l'Evangile et de la culture au sein des réseaux d'Eglises et d'un réseau à l'autre.

4. Elaboration des grandes lignes d'une herméneutique oecuménique inter-culturelle. En collaboration avec Foi et constitution, un groupe de théologiens et de spécialistes de la missiologie ont effectué d'importants travaux en vue d'élaborer une herméneutique oecuménique interculturelle. Ils se sont réunis trois fois en deux ans.

5. Création d'une documentation sur la relation de l'Evangile et des cultures. La riche documentation provenant des groupes et des personnes qui ont participé à l'étude a été classée et archivée. Elle constitue une source de référence précieuse pour des recherches futures. On continue à réunir et à sélectionner des textes importants sur ce sujet. Les articles de fond sur divers aspects du débat "Evangile et cultures", qui ont été publiés dans les numéros de 1995 et 1996 de l'International Review of Mission, constituent des documents de première importance.

La relecture de la Bible dans divers contextes culturels (suite du programme à long terme d'études bibliques du COE, qui a pris fin en 1992, lors du départ de son responsable) était liée à ce travail. Lors d'un colloque qui s'est tenu en Jamaïque (1997) et qui réunissait un groupe représentatif de personnes actives dans le travail biblique dans le cadre des Eglises, chacun(e) des participant(e)s a présenté sa manière d'aborder un même texte biblique; l'ensemble du groupe réfléchissait alors comment aider des personnes ou des paroisses locales à faire de même en toute authenticité.

A l'évidence, le moment était bien choisi pour travailler sur les thèmes d'Evangile et cultures; dans de nombreux cas, il n'y avait plus qu'à canaliser des activités déjà en cours localement. Le processus d'étude n'a pas été ressenti comme quelque chose que le COE imposait, mais comme une occasion offerte de concentrer l'attention sur une question qui recèle d'immense possibilités de renouveau pour l'Eglise locale et la pertinence de son témoignage. Certaines Eglises et organisations oecuméniques (par exemple le Conseil canadien des Eglises) ont même poursuivi cette étude au-delà des quatre ans prévus. Les ressources financières allouées à ce programme, auquel participaient des groupes de près de 60 pays, étaient modiques; cependant, le temps et les ressources locales que les Eglises et les différents groupes ont investis dans cette étude ont été importants.

Il faut reconnaître que cette étude a montré quelques faiblesses. Le temps prévu était trop court: certains groupes n'ont commencé à manifester de l'intérêt que très peu avant la conférence; d'autres n'ont entamé leurs discussions qu'à la suite de cette conférence. L'étude n'a pu susciter qu'une participation réduite des Eglises orthodoxes au niveau local et n'a pas assez tenu compte des perspectives des peuples autochtones et des communautés pauvres (ce sont surtout des gens appartenant à la classe moyenne qui y ont participé); et les autorités centrales des Eglises n'ont manifesté que peu d'intérêt.

Nous espérons trouver le moyen de continuer à inciter les Eglises à poursuivre la réflexion sur les questions liées au thème "Evangile et cultures", afin de les aider à mieux comprendre les forces culturelles auxquelles les chrétiens sont confrontés dans leur vie quotidienne et la manière dont l'Evangile interpelle ces forces.

La signification théologique des autres religions
Cette étude, répondant à une préoccupation importante de l'Unité, a été entreprise en collaboration avec le Bureau des relations interreligieuses du COE. Un premier colloque international (1993) a fait le point sur les recherches antérieures, les questions pendantes et l'angle sous lequel le COE pourrait les aborder; par la suite, certaines de ces questions ont été examinées au niveau des régions, en commençant par l'Asie du Sud-Est. En raison de la relation intrinsèque qui existe entre religion et culture, les questions relevant de la pluralité religieuse ont été traitées dans le cadre de l'étude "Evangile et cultures" et ont été examinées à différentes occasions lors de la Conférence mondiale sur la mission à Salvador.

Conférence mondiale sur la mission et l'évangélisation
Autre point fort du travail de l'Unité, étroitement lié à l'étude "Evangile et cultures": la préparation et le déroulement de la Onzième Conférence mondiale sur la mission et l'évangélisation (novembre décembre 1996), qui avait pour thème: "Appelés à une seule espérance: l'Evangile dans les différentes cultures". Les conférences mondiales du COE sur la mission ont lieu tous les huit à dix ans; elles ont pour but "d'aider la communauté chrétienne à proclamer l'Evangile de Jésus Christ au monde entier en paroles et en actes, afin que tous croient en lui et soient sauvés". L'étude mondiale "Evangile et cultures" a atteint son point de cristallisation lors de la Conférence, permettant ainsi d'analyser la situation de la mission et de formuler la nature du témoignage chrétien en ce tournant de siècle.

Les préparatifs très poussés, qu'un Comité de planification de la Conférence nommé par la Commission avait commencés dès 1994, ont fini par mobiliser non seulement tout le personnel de l'Unité II, mais aussi de nombreux collègues actifs dans d'autres secteurs du COE et ailleurs.

La Conférence s'est tenue dans la ville historique de Salvador de Bahia, au Nord-Est du Brésil, autrefois l'un des principaux ports de la traite des esclaves, fortement marquée par les éléments culturels et religieux afro-brésiliens. Les 574 participants, venus de 98 pays (et de près de 160 Eglises membres) et appartenant à une multiplicité de cultures, ont eu des contacts et des échanges d'une grande densité et d'une grande richesse sur les liens qui existent entre l'Evangile et la culture: comment la culture façonne-t-elle la réponse que donnent les chrétiens à l'appel du Christ? Comment rendent-ils un témoignage authentique dans leur cadre de vie? Au nombre des points saillants de cette conférence, on notera:

  • la prédominance du Sud et l'influence des peuples autochtones et des personnes d'ascendance africaine;
  • le rôle important qu'ont tenu les femmes et l'attention donnée à leur expérience de vie et à leur participation à la vie de leurs Eglises et de leurs communautés;
  • la sensibilisation à une grande variété d'expressions culturelles de l'Evangile dans le cadre du Festival "Arc-en-ciel" d'Evangile et cultures et des 27 présentations nationales et régionales des "Encontros" (rencontres);
  • les études bibliques (en petits groupes) et les célébrations quotidiennes;
  • le culte mémorable et émouvant célébré sur le "Quai des esclaves", lieu d'infamie où six à douze millions d'esclaves ont été débarqués et vendus jusque dans la seconde moitié du 19ème siècle.

C'est le métropolite Kirill de Smolensk et de Kaliningrad et Mme Musimbi Kanyoro, du Kenya, qui ont présenté le thème de la conférence. D'autres exposés ont été faits au cours des deux tables rondes sur les thèmes de l'interprétation de la Bible dans les diverses cultures et d'Evangélisation et cultures. Les délibérations principales de la conférence se sont déroulées dans le cadre de quatre sections:

  • un témoignage authentique dans chaque culture;
  • Evangile, identité et communauté;
  • les communautés locales dans les sociétés pluralistes;
  • un seul Evangile, des expressions diverses.

La conférence a publié un Message et les participants ont souscrit à sept actes d'engagement spécifiques. Les rapports des sections ont été largement diffusés et le rapport officiel est également disponible. Ces publications peuvent influencer une compréhension nouvelle de la mission dans la perspective de la communion des personnes avec Dieu et les unes avec les autres en Christ, dans un monde en proie à une fragmentation croissante.

La conférence a contribué à faire progresser la réflexion et la pratique missionnaires parce qu'elle est "allée de l'avant" dans sa conception de la culture et qu'elle a reconnu que la religion en fait partie intégrante. Tout en affirmant la nécessité d'adopter une attitude positive à l'égard de la culture, elle a reconnu l'ambiguïté inhérente à chacune d'elles. On peut et on doit interpeller la culture, notamment en ce qui concerne les éléments qui, en elle, vont à l'encontre de la vie.

On a également affirmé avec force le besoin et le droit de vivre et de célébrer la foi avec les moyens d'expression propres à chaque culture, et reconnu tacitement que toute inculturation a une composante syncrétiste. On a débattu des critères permettant de discerner l'oeuvre de l'Esprit de Dieu dans les cultures et lancé un appel à cesser toute pratique agressive contre les formes de spiritualité autochtones.

Les participants se sont mis d'accord sur la nécessité d'adopter une vue globale de la mission et sur le fait que les Eglises sont appelées à exprimer l'unité dans la mission au travers de relations fondées sur la responsabilité mutuelle et englobant tous les aspects de la vie.

Il est évident que le processus qui a conduit à la conférence de Salvador et que l'ensemble de ce qui s'est dit lors de la conférence elle-même offrent ample matière à la réflexion et à l'étude futures sur la nature de l'obéissance chrétienne dans la mission.

CMC - ACTION DES ÉGLISES POUR LA SANTÉ

Le COE a continué à affirmer fermement sa conception de la santé, de la guérison et de l'intégralité de la personne en tant que dimension essentielle de la promesse que Dieu fait de réconcilier le monde. Dans un contexte mondial où la vie ne vaut pas cher et où domine une culture de mort, cette conception invite les Eglises à exprimer clairement leur ministère de guérison. Dans ce domaine, l'Unité II avait pour mandat d'encourager les Eglises à répondre à cet appel et de leur en donner les moyens.

La diminution des ressources financières et la nécessité qui s'imposait au COE de reformuler plus précisément ses priorités ont conduit à une sérieuse réduction des programmes dans ce secteur. Toutefois, un travail considérable a été accompli et les nouvelles structures du COE maintiendront le problème de la santé et de la guérison au nombre des priorités. On trouvera ci-dessous les grandes lignes des activités de ces programmes.

Former les Eglises au ministère de guérison. Un certain travail a été accompli au cours de séminaires tels que celui qui a eu lieu à Bossey en 1992 sur le thème: "La médecine et la théologie: qu'ont-elles en commun?" Mais la visée principale de ce programme était de former et d'aider les Eglises à réaliser dans les communautés locales des projets de recherche et d'action axés sur la participation de tous. L'avantage de cette méthode résidait dans le fait que les gens, en analysant et discutant des problèmes concrets, étaient mis en mesure de trouver des solutions propres à faire changer les situations. Des résultats encourageants ont été obtenus grâce aux efforts concertés des Eglises et d'autres organismes en Ouganda, en Tanzanie et au Zaïre (devenu depuis lors la République démocratique du Congo). Ces résultats se sont multipliés grâce à des visites d'étude de personnes venant d'autres régions du Sud.

Des sujets tels que les droits de la personne humaine et la situation vulnérable des femmes ont été traités lors de réunions particulières, comme par exemple celle qui s'est tenue à Phnom Penh en 1994. En outre, dans le cadre de la Décennie oecuménique des Eglises solidaires des femmes, un soutien a pu être apporté à divers projets relatifs aux femmes et à la santé.

Développement des compétences locales en matière de soins de santé primaire. L'un des points forts de ces efforts de développement des compétences locales a été la formation d'agents de santé communautaire, principalement en Afrique et en Amérique latine.

Un effort soutenu a été fait, en coopération avec la Conférence des Eglises du Pacifique, pour susciter une prise de conscience des problèmes qui se posent dans le domaine de la santé en usant de méthodes communautaires. En 1993 et 1994, une série de séminaires ont été organisés aux Tonga, à Kiribati et sur les îles Cook pour préciser certaines questions relatives aux soins de santé (notamment en ce qui concerne le VIH et le SIDA), et pour chercher comment partager les ressources et donner concrètement suite à ces travaux.

Un soutien important a été apporté aux efforts visant à établir une coordination et à former des réseaux. C'est ainsi que l'équipe de santé a contribué à lancer Afri-CAN, un réseau de services de santé, de centres, groupes et institutions sanitaires en Afrique; elle a aussi aidé le Conseil des Eglises d'Amérique latine à établir son programme de santé communautaire et d'écologie.

Faire connaître les problèmes relatifs à la santé et à la guérison. Contact, la publication bien connue de l'Unité sur les questions de santé, a été un instrument de premier ordre pour promouvoir la mobilisation de la communauté dans le domaine de la santé et lancer la discussion sur la nature du ministère de santé et de guérison de l'Eglise. Il paraît six fois par an en anglais, français, espagnol et portugais (tirage: 15 000 exemplaires) et informe sur des initiatives actuelles, novatrices et courageuses, prises pour promouvoir la santé et le développement intégré.

Nous espérions pouvoir continuer à publier Contact dans le cadre du COE, mais des considérations financières et le départ imminent d'une collaboratrice nous ont poussés à chercher une solution décentralisée. L'Unité étudie actuellement une possibilité qui permettrait à cette publication de paraître dans le cadre d'un partenariat multilatéral, dans lequel le COE continuerait à jouer un certain rôle.

Coordination des services de santé rattachés aux Eglises. Depuis qu'il existe, le Programme "santé et guérison" du COE a eu pour préoccupation centrale d'encourager la collaboration entre services de santé rattachés aux Eglises dans les pays du Sud, et de renforcer le rôle des organes de coordination en matière sanitaire mis en place par les Eglises. Dans le cadre de cette préoccupation, l'Unité a attaché une grande importance aux visites faites aux associations sanitaires chrétiennes, aux contacts avec les organisations donatrices et consultatives, à la participation à l'évaluation de certains aspects des services de santé, à l'échange d'informations et à la défense des perspectives des Eglises dans les forums internationaux sur les questions de santé. En 1996, la CMC a publié un Annuaire des associations sanitaires chrétiennes, réalisation modeste, mais d'une grande portée.

Un colloque international des agences de coordination des soins de santé s'est tenu en Tanzanie en 1995, pour donner suite aux accords conclus lors d'une réunion similaire qui avait eu lieu à la Nouvelle-Delhi en 1996. Les agences participant à ce colloque ont débattu des valeurs et des conceptions chrétiennes de la santé et de la guérison dans les situations où règnent la récession économique et où l'on impose des programmes d'ajustement structurel; elles se sont engagées à se soutenir encore davantage.

Poursuivant dans la même ligne, les directeurs des agences sanitaires chrétiennes et de ministères de guérison confessionnels d'Afrique occidentale ont été invités à se réunir au Togo (1996) pour discuter de la situation des systèmes sanitaires nationaux et de la manière dont les Eglises peuvent participer à leur action. Une attention particulière a été accordée au contexte plurireligieux des programmes examinés.

Une étude d'une durée de trois ans sur une série de services de santé rattachés aux Eglises dans onze pays d'Afrique et d'Asie a été entreprise, afin de déterminer ce qui peut les rendre viables face à la demande et aux conditions économiques et sociales actuelles. Cette étude a tenté de dégager les modèles et les facteurs permettant de prévoir un "succès" probable de leurs activités, et de discerner en quoi les méthodes des services les plus "efficaces" diffèrent des autres. Lorsqu'il paraîtra (fin 1998), le rapport devrait être particulièrement utile pour les hôpitaux "à risques".

Programme sur les produits pharmaceutiques. L'équipe "santé" a accompli un travail considérable dans le cadre du Programme sur les produits pharmaceutiques, qui vise à sensibiliser les gens à la question des médicaments essentiels et à encourager la formation dans le domaine de l'usage rationnel des médicaments. Le programme a intensifié l'aide qu'il apporte aux Eglises pour traiter de questions telles que la privatisation des services de santé, les dons de médicaments, la gestion et le regroupement des achats de médicaments. Il a également attaché beaucoup d'importance au développement des compétences locales grâce à des ateliers organisés dans les zones rurales.

Pour des raisons d'ordre financier entre autres, il a été décidé de déplacer en Afrique ce programme très efficace; il est maintenant placé sous la responsabilité commune d'un réseau de partenaires. Depuis le mois de juin 1997, le Programme sur les produits pharmaceutiques a son siège à Nairobi. Il maintient toutefois le contact avec le COE.

Etude sur le VIH et le SIDA
Lancée pour remplir un mandat donné par le Comité central en 1994, l'étude sur le VIH et le SIDA a été l'une des réalisations les plus appréciées de l'Unité durant la période écoulée. Le COE avait déjà pris des contacts et entrepris un certain nombre d'activités dans ce domaine, mais face aux appels à l'aide des Eglises confrontées à la souffrance, la peur et l'ignorance liées au VIH et au SIDA, ce champ d'activité s'est beaucoup étendu. Le groupe consultatif chargé d'élaborer cette étude a préparé un projet de deux ans. Des sous-groupes étaient chargés d'aborder les domaines suivants: théologie et éthique; accompagnement pastoral; l'Eglise, communauté porteuse de guérison; et justice et droits de la personne humaine. Chacun des sous-groupes a élaboré sa propre méthodologie, tout en bénéficiant de travaux déjà réalisés par d'autres; il a également recouru à la participation de communautés locales et de personnes touchées par le SIDA.

Parvenu à l'étape finale de l'étude, le Groupe consultatif a décidé de rédiger à l'intention des Eglises une brève déclaration sur le VIH/SIDA. En septembre 1996, le Comité central a adopté la déclaration intitulée "Les effets du VIH/SIDA et l'action des Eglises", et recommandé aux Eglises le document d'étude.

Love in a Time of AIDS: Women, Health and the Challenge of HIV (L'amour au temps du SIDA: les femmes, la santé et le défi du VIH), de Gillian Patterson, a paru dans la série Risk des publications du COE. Un guide d'étude à l'intention des paroisses sur les questions relatives au VIH/SIDA doit paraître dans le courant de 1998. Les questions liées au VIH et au SIDA ont également fait l'objet d'un certain nombre de colloques visant à examiner l'action des Eglises face à cet énorme défi. Parmi les plus importants, on peut mentionner la rencontre avec les Eglises de Roumanie (1997) et le colloque réunissant des représentants des Eglises orthodoxes en Afrique (1998).

Tout en continuant à répondre aux demandes de documentation destinée aux ministères SIDA des Eglises, l'Unité considère que sa véritable réussite dans ce domaine consiste dans le fait que ce sont les Eglises qui l'ont maintenant pris en charge.

FORMATION DU PEUPLE DE DIEU TOUT ENTIER

Pour remplir le mandat qui lui avait été confié - "collaborer avec les Eglises pour permettre au peuple de Dieu tout entier de fortifier sa foi en vue du témoignage et du service communs dans le monde" -, l'Unité II s'est inspirée du riche héritage d'activités pédagogiques qu'elle avait reçu et elle a poursuivi dans la même voie en mettant en oeuvre une série de projets de formation.

L'éducation chrétienne en Europe centrale et orientale. Le programme de formation a repris la préoccupation lancinante qu'avaient exprimée les Eglises d'Europe centrale et orientale lors de la session du Comité central à Moscou (1989), demandant à la famille oecuménique de leur apporter une aide concertée pour combler leurs immenses besoins en matière d'éducation et de formation, après la fin de l'ère communiste.

Un programme en trois points a été élaboré, destiné prioritairement aux Eglises orthodoxes, dans un premier temps:

  • Elaboration d'un programme d'étude: Une grande rencontre d'orthodoxes chalcédoniens et non chalcédoniens a eu lieu à Chypre en 1994; il avait pour but d'analyser l'état actuel de l'éducation chrétienne dans les Eglises des pays qui sortaient de l'ère communiste, de discuter les réalisations passées et les perspectives d'avenir, et de tracer les lignes directrices d'un programme de formation religieuse orthodoxe.

  • Formation de cadres / d'enseignants: Dix personnes ont participé pendant un mois, au milieu de 1994, à un programme de stages dans des paroisses, des ateliers, des centres monastiques et un institut pastoral liturgique aux Etats-Unis, afin d'enrichir leurs perspectives et d'améliorer leurs compétences; l'objectif était qu'ils deviennent à leur tour des multiplicateurs de l'expérience qu'ils avaient vécue.

  • Elaboration de cours, écriture: Des professeurs de religion, des personnes chargées de planifier les cours et des auteurs de matériel éducatif ont participé à un atelier en Finlande (1995), afin d'apprendre à mettre en pratique les théories et méthodologies pédagogiques et à préparer, écrire et présenter leurs leçons.

Cet effort global a contribué au progrès notable qu'on fait certaines Eglises orthodoxes dans la réalisation de leur ministère de formation. Malheureusement, les activités prévues avec d'autres Eglises de la région ont dû être différées en attendant que le climat oecuménique local s'améliore. Des efforts soutenus faits en Pologne et en République tchèque ont cependant fini par susciter des initiatives importantes.

Ce programme doit être remis aux Eglises orthodoxes, lorsque s'ouvrira le Centre de documentation et de formation interorthodoxe en 1999.

L'éducation religieuse dans les sociétés multireligieuses et multiculturelles. Affirmer l'identité chrétienne dans un contexte pluraliste, tout en restant ouvert et compréhensif à l'égard des croyants d'autres religions est un défi qui est devenu ces dernières années une préoccupation prioritaire pour le ministère de formation de nombreuses Eglises; l'Unité a joué un rôle de premier plan dans la recherche de nouvelles manières de répondre à ce défi. Son programme a deux volets: le premier est destiné aux moniteurs d'école du dimanche, aux professeurs de religion dans les établissements scolaires, aux formateurs d'adultes, aux aides de paroisse, aux personnes chargées d'élaborer des programmes d'études et aux enseignants des séminaires; l'autre est destiné aux femmes spécialisées dans les divers domaines du travail auprès des femmes, à celles qui sont actives dans la vie professionnelle et aux mères de famille vivant dans des contextes multireligieux.

En 1994 et 1995, des rencontres ont eu lieu au Moyen-Orient, en Afrique, en Asie, aux Etats-Unis, en Europe et dans les républiques d'Asie centrale. On mentionnera celle de Tachkent, particulièrement remarquable par le fait que pour la première fois, des responsables religieux et des enseignants chrétiens et musulmans étaient réunis pour chercher ensemble comment apprendre à connaître la foi de l'autre, et pour élaborer un processus d'éducation et de formation. L'étape suivante de ce travail entrepris au niveau des régions va consister à aider les Eglises à s'acheminer vers des modèles et des méthodes pédagogiques interreligieux.

Un travail fructueux a été accompli grâce au Service des relations islamo-chrétiennes en Afrique (SRICA - Procmura), qui a encouragé l'organisation de rencontres et d'ateliers dans lesquels des femmes chrétiennes et musulmanes de la base ont discuté notamment des aspects religieux de questions liées à la santé des femmes, et qui les a aidées à vivre en bonne intelligence avec leurs voisins appartenant à d'autres religions.

En outre, l'équipe "Education" a continué à mettre du personnel à la disposition d'un certain nombre d'institutions, de mouvements engagés dans l'éducation et d'organismes oecuméniques, et à les conseiller dans le domaine des méthodes pédagogiques et de l'élaboration de programmes destinés aux personnes vivant dans des contextes multireligieux.

Spiritualité orthodoxe et symboles féminins. En coopération avec l'Institut oecuménique de Bossey, l'équipe "Education" a organisé une série de trois séminaires qui a réuni des femmes orthodoxes et d'autres confessions (ainsi que quelques hommes), afin d'encourager l'apprentissage commun et la solidarité. Le dernier de ces séminaires (1997) avait pour thème: "La communauté des femmes et des hommes dans l'Eglise: la question de l'autorité". Une place importante a été réservée au partage d'expériences de la vie quotidienne; certaines femmes ont parlé de la spiritualité vécue dans leur contexte.

L'éducation familiale. Les activités de programme se sont poursuivies dans ce domaine jusqu'en 1994, date du départ d'un des membres du personnel; l'Unité a alors examiné la nature de son rôle dans le domaine de l'éducation familiale. A la suite de cette évaluation, il a été décidé de ne pas reconduire ce poste de travail. Un manuel à l'usage des assistants pastoraux, intitulé Crisis and Caring in the Family a été publié en 1993. Par la suite, deux grandes réunions se sont tenues sur des questions d'éducation familiale. La première (1995) a traité de quelques-unes des questions les plus brûlantes qui se posent aujourd'hui au sujet de la famille. La seconde (1997) s'est penchée sur les stratégies, les méthodes et le matériel de travail que les Eglises utilisent dans le domaine de l'éducation familiale; elle a examiné la manière dont les responsables de l'éducation familiale peuvent s'accompagner mutuellement au niveau régional et interrégional, et les conseils à donner aux personnes qui lancent ou développent des programmes dans ce domaine.

L'éducation des adultes. Fondé sur l'héritage de Paulo Freire dans le domaine de l'alphabétisation des adultes et de l'"éducation en vue de la libération", ce programme a accompagné un certain nombre d'initiatives d'éducation populaire, principalement dans les pays du Sud. Il a apporté un soutien dans trois domaines: la formation de cadres de mouvements de jeunes et de femmes, l'éducation à la démocratie et l'évaluation des méthodes d'éducation populaire.

Dans le cadre d'un grand projet, on a évalué en 1994 les méthodes d'éducation populaire en Afrique, en Asie et en Amérique latine. A la suite de ce travail, un colloque inter-unités a eu lieu en 1995, dont le rapport intitulé "Living in spaces with Open Doors"(Vivre dans des espaces ouverts) indique des pistes possibles pour l'avenir de l'éducation des adultes et met en lumière l'importance de la diversité culturelle dans ce type de formation, notamment en ce qui concerne les femmes.

Comme ce programme faisait double emploi avec d'autres, semblables, organisés par d'autres Unités (notamment l'Unité III), et que l'on était en pleine crise financière, il a été décidé de ne pas reconduire le poste de son responsable, devenu vacant au début de 1996. Nous espérons que les objectifs de ce programme pourront être reformulés après l'Assemblée.

Réseaux et collaboration. Au cours de ces dernières années, on a assisté à un accroissement notable des contacts et des échanges fructueux avec divers mouvements, institutions et organismes actifs dans le domaine de l'éducation. La rencontre avec les Supérieurs des ordres religieux à Rome (1996) a revêtu une importance particulière. Elle avait pour objectif d'examiner les buts des institutions de formation liées aux Eglises. Cette rencontre, qui était l'hôte du Conseil pontifical pour l'unité des chrétiens, sera suivie d'une seconde réunion à Genève vers le milieu de 1998.

Education Newsletter. L'Unité a poursuivi la publication de l'Education Newsletter, qui paraît deux à trois fois par an et vise à stimuler la réflexion sur divers aspects de l'éducation. Ce bulletin, qui a fait l'objet d'une évaluation en 1997, développe des thèmes spécialisés; cette manière de faire semble être bien accueillie par un large cercle de lecteurs. Il est question de le diffuser, avec d'autres documents, sur Internet.


Ce rapport tente de donner une image de ce qu'a été le travail de l'Unité durant une période marquée par de vastes changements et ajustements. Malgré la réduction du personnel, qui a conduit à modifier d'importants secteurs d'activité ou même à les restreindre, l'Unité a pu remplir l'essentiel de ses mandats.

De sérieuses discussions et une série de préparatifs visant à assurer une transition sans heurts vers les nouvelles structures du COE sont actuellement en cours: elles devraient permettre que le trésor d'expériences et d'idées glanées au cours des années trouve à s'exprimer de manière nouvelle et créative, pour le plus grand bien des Eglises et du mouvement oecuménique, au seuil du nouveau millénaire.



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