huitième assemblée et cinquantenaire

Faisons route ensemble
Rapport du Comité d'orientation du programme

Adoptée par la Huitième Assemblée du Conseil oecuménique des Eglises
Harare, Zimbabwe, 3-14 décembre 1998



Introduction
En effet, lequel d'entre vous, quand il veut bâtir une tour, ne commence par s'asseoir pour calculer la dépense et juger s'il a de quoi aller jusqu'au bout ? Autrement, s'il pose les fondations sans pouvoir terminer, tous ceux qui le verront se mettront à se moquer de lui et diront : "Voilà un homme qui a commencé à bâtir et qui n'a pas pu terminer !" (Luc 14, 28-30)
L'une des tâches des délégués de l'Assemblée est de déterminer les orientations générales du Conseil oecuménique et de passer en revue les programmes entrepris pour appliquer les directives préalablement adoptées [Constitution du COE, art. V.1.c)3)]. L'Assemblée doit donc passer en revue les activités du Conseil durant les sept années qui viennent de s'écouler et fixer les orientations de ses activités à venir.

Sur quels critères peut-on examiner le passé et fixer les orientations de l'avenir ? La Base du COE déclare que le Conseil oecuménique est une communauté fraternelle d'Eglises... qui s'efforcent de répondre ensemble à leur commune vocation (Constitution du COE, art. I). Le document Vers une conception et une vision communes du COE interprète cette "commune vocation" comme intégrant la vision de Jean 17, 21 ("qu'ils soient un...afin que le monde croie") et celle d'Ephésiens 1, 10 (le dessein de Dieu.. "pour mener les temps à leur accomplissement : réunir l'univers entier sous un seul chef, le Christ, ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre") (Document CVC, par. 2.5). Cette "vocation commune" est la quête de l'unité visible de l'Eglise pour la réconciliation de la création avec Dieu et avec et envers elle-même.

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Réunions d'information - débat:
Première étape

Réunions d'information - débat:
Deuxième étape
Thèmes généraux Méthodologies

Cadre et accents des activités futures du Conseil

Recommandation


Avec ce rappel de la vocation du Conseil oecuménique comme communauté fraternelle d'Eglises au service du seul mouvement oecuménique, on pourrait déterminer les priorités des sept années à venir en s'appuyant sur le concept de "commun": une vie commune en Christ, un témoignage commun et de communes préoccupations à mettre au service des besoins de l'humanité.

Méthode
Le Comité d'orientation du programme a procédé en deux étapes. Durant la première étape, il a passé en revue les activités des quatre unités de travail et du Secrétariat général, évaluant ce qui avait été réalisé et indiquant ce qui pourrait être poursuivi dans la période suivante. Dans la seconde étape, le Comité a inscrit sa réflexion dans le cadre des six thèmes du Padare. Les membres du Comité ont dialogué avec les délégués, faisant des suggestions initiales en vue de nouveaux domaines d'activités et les modifiant à la lumière de leurs contributions ultérieures. Le Comité d'orientation du programme présente le rapport qui suit et qui est l'instrument sur lequel l'Assemblée s'appuiera pour déterminer les orientations générales du Conseil oecuménique pour les sept ans à venir.



RÉUNIONS D'INFORMATION-DÉBAT : PREMI RE ÉTAPE

Introduction
Le Comité d'orientation du programme remercie le personnel du COE de tous les efforts qu'il a faits pour présenter les activités des quatre unités de travail du COE et du Secrétariat général durant la première étape des réunions d'information-débat. Compte tenu de la forte réduction des effectifs et des importantes contraintes financières, il est impressionné par la quantité et la qualité du travail réalisé. Toutefois, le Comité est préoccupé par le fait que les changements dans l'organisation introduits après Canberra n'ont pas toujours abouti à une meilleure intégration ni à une meilleure coopération entre les services, qui pourtant étaient l'un de ses buts. La réduction des effectifs du personnel semble avoir touché certaines unités plus que d'autres, portant préjudice à la manière dont le travail a pu se faire.

Un certain nombre de thèmes sont revenus dans toutes les réunions d'information-débat.

Quel volume de travail peut-on assumer ?
Dans un Conseil dont le personnel a été réduit de 45% depuis la dernière Assemblée, le danger est que l'on attende du personnel resté en place qu'il continue d'assurer le même niveau d'activité que l'équipe précédente, plus nombreuse. Le Comité d'orientation du programme a entendu dire qu'à travers tout le Conseil, en raison de ces réductions de personnel, certains programmes, pourtant décidés, n'avaient jamais pu voir le jour, tandis que d'autres avaient été fortement amputés. La restructuration a provoqué certaines inquiétudes : le travail commencé va-t-il pouvoir s'achever dans de bonnes conditions, sans se perdre ? Il faut absolument mettre en place immédiatement une structure permettant de calmer ces inquiétudes.

Comment le travail se fera t-il ?
La question à poser pour chaque programme est celle-ci : "Quelle est la méthode la plus appropriée et la plus efficace à adopter ?" Le personnel jouit d'une expérience considérable et a recours à différentes méthodologies : mise en place de réseaux, travail en collaboration, grandes conférences et colloques, visites aux Eglises membres, publications ou délégation du travail aux groupes régionaux. Mais il existe bien d'autres manières de travailler. Le Conseil s'est jusqu'à présent appuyé surtout sur l'organisation de colloques et les voyages de ses collaborateurs à travers le monde. Compte tenu de la diminution des revenus, ces méthodes ne sont peut-être pas les meilleures pour que le Conseil puisse remplir sa mission.

Qui fera le travail ?
Dans la brochure De Canberra à Harare, on peut lire ceci: "... le COE ne peut pas tout faire, mais il n'est pas nécessaire qu'il le fasse, et il ne devrait pas essayer de le faire." Il est salutaire de se souvenir que le mieux est souvent l'ennemi du bien. Il est possible qu'il y ait des tâches que seul le COE puisse accomplir. On peut en citer deux exemples : le Programme de lutte contre le racisme, et le document "Baptême, eucharistie, ministère". Cependant, si l'on applique le principe de subsidiarité, les questions que l'Assemblée et, par suite, le Conseil doivent se poser sont, tout d'abord: "Qu'est-ce qui devrait être fait par le COE ?", et ensuite: "Qu'est-ce qui devrait être fait localement ?", "qu'est-ce qui devrait être fait par d'autres organismes oecuméniques ?" et "qu'est-ce qui devrait être fait par les communions chrétiennes mondiales ?"

Le COE a un service particulier à offrir au mouvement oecuménique. Il doit trouver des partenaires, travailler avec eux, et encourager la coopération partout où elle s'avère possible, en sollicitant directement d'autres organismes oecuméniques, des instituts universitaires, des communions chrétiennes mondiales, et les Eglises elles-mêmes, pour savoir s'ils sont disposés à travailler au nom du seul mouvement oecuménique.

Qui recevra ce travail ?
De toute évidence, le COE a fait beaucoup d'excellent travail, mais une grande partie de ce qui a été accompli n'est ni connu, ni utilisé par les responsables d'Eglise ou les chrétiens de la base. La réflexion sur la conception et la vision communes du COE fait apparaître que les programmes doivent être enracinés dans la vie des Eglises et que celles-ci doivent se les approprier.

SECRÉTARIAT GÉNÉRAL

Le Bureau des relations avec les Eglises et la communauté oecuménique (BRECO) a été créé après l'Assemblée de Canberra. Il avait pour mandat d'approfondir le sens de la communauté et de la responsabilité mutuelle des Eglises membres, et d'élargir les relations avec les Eglises et les organisations non membres. La tâche à accomplir dans ce domaine, c'est-à-dire développer les relations du COE, dépasse de loin les capacités du personnel réduit de ce Bureau. La période écoulée a montré très nettement qu'il remplit une fonction essentielle. Le travail sur la conception et la vision communes du Conseil (CVC), la place accordée à la participation des Eglises orthodoxes à la vie du Conseil, les attentes de plus en plus grandes des Eglises pentecôtistes et évangéliques et des Eglises qui se sont récemment créées, les nouvelles initiatives prises dans le cadre du Groupe mixte de travail du COE et de l'Eglise catholique romaine, et la création envisagée du "Forum", tout cela souligne de manière éclatante la nécessité d'augmenter considérablement les capacités de ce Bureau après l'Assemblée de Harare.

Le Bureau des relations interreligieuses (BRI) a été adjoint au Secrétariat général après Canberra. L'intention était de déplacer l'accent mis sur le "dialogue" dans ce secteur d'activité en insistant davantage sur la promotion des relations interreligieuses. Les travaux effectués sur les "dimensions religieuses des conflits", qui faisaient partie du dernier mandat, méritent une attention plus soutenue. Le Bureau devrait s'attacher en priorité à aider les Eglises membres qui vivent dans contextes multireligieux et se trouvent confrontées de plus en plus à des défis d'ordre théologique, missiologique et politique. Enfin, dans les nouvelles structures, ce travail ne devrait pas être confié à un bureau isolé, mais se faire en interaction avec plusieurs secteurs.

L'Institut oecuménique de Bossey, quatre ans après l'Assemblée de Canberra, a quitté l'Unité I pour être à nouveau rattaché administrativement au Secrétariat général. Récemment, il a fait preuve d'un engagement plus dynamique dans le domaine de la formation oecuménique, cela malgré des périodes d'incertitude financière. Dans la période à venir, l'Institut devra resserrer les liens avec ses anciens étudiants qui se passionnent pour l'oecuménisme, en développant ses programmes destinés aux laïcs, en nouant des liens avec d'autres instituts de formation oecuménique et en explorant des manières originales de mettre la richesse de ses ressources pédagogiques à la disposition de diverses institutions à travers le monde. Il est même plus important à l'heure actuelle d'élaborer une formation et une réflexion oecuméniques destinées aux responsables d'Eglise, aux professeurs de séminaires et à d'autres, et de s'intéresser de plus près aux méthodes du dialogue oecuménique. Il faut sans cesse échanger idées et perspectives avec les autres secteurs du COE.

Le Bureau de la communication, au cours de la période écoulée depuis l'Assemblée de Canberra, a mené à bien l'essentiel de sa tâche avec un personnel réduit et des exigences accrues dans le domaine des techniques de la communication. La création du service ENI s'est révélée très utile, puisqu'elle a permis d'offrir une source semi-autonome sûre d'informations oecuméniques internationales à travers le monde entier. La question du rôle de l'écrit par rapport aux méthodes de communication électronique reste ouverte, mais il faut garder à l'esprit l'immense diversité des besoins existant au sein des Eglises membres. Dans la période qui vient, l'une des priorités du Bureau devra être la mise en oeuvre claire d'une stratégie de communication intégrée pour tout le Conseil.

UNITÉ I - UNITÉ ET RENOUVEAU

Le mandat de l'Unité I, qui est aussi en partie celui des autres unités, consiste à aider les Eglises dans leurs démarches de renouveau et de réconciliation, et à oeuvrer pour l'unité visible de l'Eglise. Ce travail s'effectue à travers le dialogue et la réflexion théologiques, la formation théologique oecuménique, la participation des laïcs à la création d'une communauté sans exclusive, et le culte et la spiritualité. Dans la réunion d'information-débat de l'Unité I, on a affirmé que la passion de l'unité visible doit se situer au coeur de la vie commune des Eglises; et cette priorité, à l'avenir, devra prendre une forme très concrète dans le programme du COE.

Les activités liées à ce mandat ont été réalisées par quatre équipes.

Foi et constitution: L'équipe doit continuer de mettre l'accent sur l'amélioration de la participation et de la collaboration régionales avec les autres unités et mettre aussi beaucoup plus fortement l'accent sur le processus de réception comme faisant partie intégrante de son style de travail et de son approche. Le travail sur l'herméneutique oecuménique a recueilli une forte approbation et l'on a beaucoup insisté sur la nécessité de le poursuivre. Le texte sur "La nature et le but de l'Eglise", a-t-on jugé, en est à un stade préliminaire et il faut encore le mener à maturation. A Evian, Foi et constitution avait reçu pour mandat d'entreprendre une étude sur "L'identité ethnique, le nationalisme et l'unité de l'Eglise", qui vient juste d'être lancée et en est au tout début.

Participation des laïcs à la création d'une communauté sans exclusive: Dans ce domaine, l'équipe responsable a la possibilité de promouvoir le renouveau des communautés locales dans la mission et de bâtir des ponts avec d'autres activités du programme du COE; elle peut également créer des partenariats avec divers mouvements et organisations, extérieurs au COE. L'équipe a témoigné des ressources qui sont déjà mises à la disposition de l'Eglise et du mouvement oecuménique: ce sont les personnes engagées dans des ministères laïques; en conséquence, elle a souligné la nécessité de soutenir les Eglises et les mouvements dans les efforts qu'ils entreprennent pour former des laïcs à l'exercice de tels ministères.

On a reconnu que l'accueil de tous et la visibilité sont des questions d'ordre spirituel. Les questions touchant les personnes handicapées ont été placées sous la responsabilité administrative de cette équipe (de la même manière que le secteur Jeunesse a été rattaché à l'Unité III), ces préoccupations doivent être mises en rapport avec la vie des Eglises dans son ensemble, afin que le corps du Christ puisse parvenir à sa pleine expression, et sont donc prises en compte à travers tout le Conseil.

Formation théologique oecuménique: L'équipe a souligné qu'il est nécessaire de prendre en compte la contextualisation, la création de réseaux, ainsi que la pertinence et la portée stratégique de la formation théologique oecuménique des ministres et des laïcs. Elle a favorisé les échanges entre les régions et permis l'accès aux ressources. Quel que soit le lieu où cette tâche s'insérera dans les nouvelles structures, il sera important de garder son orientation régionale tout en traitant les thèmes clés et les critères de la formation théologique à un niveau mondial. Les établissements de formation théologique ont à l'évidence besoin d'encouragement pour demeurer ouverts à l'oecuménisme et faire de la théologie dans une perspective globale, afin d'assurer le renouveau de la mission et du ministère de l'Eglise, et sa bonne santé oecuménique.

Culte et spiritualité: La célébration commune est l'expression la plus visible de l'oecuménisme et constitue un outil puissant au service de la création d'une communauté ouverte à tous. Elle aide à communiquer les richesses spirituelles de traditions, de cultures et de contextes divers. On constate en effet une soif de spiritualité qui fait de ce travail l'une des priorités de notre temps, et le lien entre spiritualité et célébration est essentiel. L'équipe fait un travail efficace dans le domaine de la publication de liturgies et de cantiques tirés de sources extérieures au COE. L'initiative prise pour se mettre d'accord sur la date de Pâques a été recommandée aux Eglises.

UNITÉ II - LES ÉGLISES EN MISSION : SANTÉ , ÉDUCATION, TÉMOIGNAGE

L'Unité II avait pour mandat de donner aux Eglises les moyens et le dynamisme dont elles ont besoin pour remplir leur rôle dans la mission de Dieu; pour ce faire, elle les a soutenues et encouragées par la création de réseaux et le suivi des activités et en les appelant à la responsabilité mutuelle.

Mission: On s'est beaucoup inquiété de l'avenir de la mission au COE, surtout dans la perspective des nouvelles structures. Il convient de conserver la tradition du Conseil international des missions, et de veiller à ce que la mission reste au centre du mouvement oecuménique et demeure liée au souci de l'unité.

Il sera en particulier nécessaire de finaliser la déclaration sur la mission qui est actuellement en cours d'élaboration; il faudra donner une suite à l'étude "Evangile et cultures"et à la Conférence de Salvador (notamment en ce qui concerne la mise au point de méthodologies herméneutiques pour l'étude des cultures et de l'Evangile); il faudra aussi rester attentifs à l'expérience des peuples autochtones et aux questions qu'ils soulèvent, et également à l'élaboration de méthodes nouvelles et efficaces de témoignage dans les sociétés sécularisées.

Le prosélytisme reste une cause de souffrance. C'est un problème qui s'étend bien au-delà des anciens pays communistes et qui touche beaucoup plus d'Eglises que la seule Eglise orthodoxe. Ce que l'un appelle prosélytisme est, pour l'autre, de l'évangélisation. La condamnation du prosélytisme prononcée par le Conseil n'a pas dissuadé ses adeptes. Il faudra que les Eglises concentrent leur attention sur l'édification de leur foi et de leur mission afin d'être en mesure de présenter un témoignage positif, séduisant et crédible, ce dont le COE devrait pouvoir leur fournir les moyens.

Il n'a pas été possible d'entreprendre l'étude sur la signification théologique des autres religions, qui avait pourtant été décidée. Voilà un cas où la restructuration entreprise après Canberra n'a pas été efficace. Le Comité d'orientation du programme a pris note des commentaires faits lors de la réunion d'information-débat sur le Secrétariat général ainsi que des propositions de modifications à la Constitution du COE; tous soulignent la nécessité de se concentrer sur cette tâche et de la renforcer.

Santé: La mission de Dieu englobe la guérison prise dans son sens le plus large. Le travail dans ce domaine a certes été réduit, mais le Comité d'orientation du programme note l'importance capitale des initiatives prises sur la question du SIDA. Il se félicite des efforts impressionnants entrepris jusqu'ici pour exhorter les Eglises à aborder cette question et pour leur donner les moyens d'entamer une réflexion et d'engager une action.

L'éducation visant à préparer les Eglises à la mission dans un contexte pluraliste restera l'une des préoccupations du COE. En effet, lorsqu'on travaille avec différentes régions du monde qui subissent, chacune, des changements rapides et divers, il est nécessaire de disposer de stratégies flexibles.

La Mission urbaine et rurale (MUR) a souligné l'importance de la présence de l'Eglise auprès des personnes marginalisées et vulnérables. C'est une tâche qui est au coeur de ce que signifie être l'Eglise. En tant que telle, il faudra que cette question interpelle davantage les Eglises dont les membres appartiennent aux classes moyennes et qui, jusqu'ici, ne semblent guère s'en être soucié.

UNITÉ III - JUSTICE, PAIX ET CRÉATION

L'Unité III avait pour mandat de poursuivre le travail sur les thèmes justice, paix et sauvegarde de la création (JPSC). En 1995, elle a retenu cinq thèmes autour desquels elle a organisé son travail (Guide de travail de l'Assemblée, p. 65 ss.). Le Comité d'orientation du programme note avec satisfaction que l'Unité s'est efforcée de simplifier et d'intégrer des programmes particuliers dans un cadre plus vaste à la suite de la restructuration.

Bases théologiques
Dans chacun de secteurs d'activité, on a estimé qu'il était nécessaire de formuler clairement les influences théologiques sous-jacentes à l'action éthique. On a commencé par les études "Ecclésiologie et éthique", en coopération avec l'Unité I, ainsi que par la Théologie de la vie.

Style de travail
L'un des thèmes récurrents a été le besoin, pour l'Unité et pour le COE, de s'engager dans la création de réseaux comme moyen essentiel d'aborder les priorités du programme. A travers ce travail de création de réseaux, l'Unité s'est développée et a fait de nouvelles expériences. Dans chacun des secteurs d'activité, des études ont déjà été réalisées ou peuvent être obtenues, venant d'autres sources. Mais on aurait besoin de documentation diffusant et synthétisant le matériel actuel dans un style clair et débarrassé de tout jargon. Ce matériel complétera les efforts réalisés dans le domaine de la création de réseaux.

En plus de la réalisation de ses divers programmes, l'Unité a consenti beaucoup d'efforts pour adopter de nouvelles méthodes de travail, notamment les Sokoni (Guide de travail de l'Assemblée, p.67). Elle cherche à créer un espace et à mettre au point une méthode qui aboutisse à la participation la plus ouverte possible. Lorsqu'elle est correctement préparée, cette méthode donne de bons résultats.

Secteurs d'activité
Tous les secteurs d'activité ont reçu un soutien énergique. Les secteurs essentiels sont les suivants:

Violence: On a insisté, pour l'avenir, sur la nécessité d'élargir les définitions des différentes formes de violence. On s'est clairement prononcé en faveur d'une étude sur le lien existant entre les questions relatives à la violence et les programmes de désarmement. Il est d'ores et déjà évident que la Décennie oecuménique des Eglises solidaires des femmes a élargi ce secteur de travail en soulignant la nécessité de dénoncer et d'affronter la violence qui s'exerce à l'encontre des femmes dans l'Eglise et dans la société.

Racisme: Comme dans le cas de la violence, on a mis l'accent sur la nécessité de prendre en compte les définitions passées du racisme et de l'identité ethnique et de les élargir, et de continuer à donner une haute priorité aux activités dans ce domaine. Il est apparu clairement dans la réunion d'information-débat qu'il existe entre le racisme et la violence une relation étroite qui devra être prise en compte dans tout ce qui se fera à l'avenir.

Environnement et économie: Le Comité d'orientation du programme a pris note de la nécessité d'analyser les relations entre environnement et économie. A ce propos, le processus de la mondialisation a été perçu comme un thème majeur autour duquel nous devons nous organiser pour nous pencher sur ces préoccupations.

Affaires internationales: Les principaux commentaires concernant les relations internationales ont été centrés sur l'utilisation des réseaux locaux, régionaux et internationaux existants, en particulier les Nations Unies, pour former et mobiliser les gens à ces questions.

On a reconnu que les activités auprès des femmes, des jeunes et des peuples autochtones vont bien au-delà du cadre du programme et qu'elles sont essentielles à la vie des Eglises membres et du COE. Ces activités ont permis à ces groupes de se manifester et de se faire entendre tant au sein du Conseil lui-même que dans de nombreuses Eglises membres. Si ces domaines de préoccupation ont été intégrés à l'Unité III, il est apparu difficile de les intégrer pleinement dans les activités de l'ensemble du COE.

On a célébré et salué les résultats obtenus par la Décennie oecuménique "les Eglises solidaires des femmes". Tant les participants de l'Assemblée plénière que ceux de la réunion d'information-débat de l'Unité III ont souligné la nécessité de poursuivre les activités relatives au racisme, à la justice économique et à la participation dans l'Eglise et, comme on l'a dit, celles concernant la violence à l'encontre des femmes.

Il faudra également continuer à travailler auprès des peuples autochtones et poursuivre les programmes qui se rapportent à ces personnes, programmes dont on a souligné l'intérêt et la valeur.

Les activités auprès des jeunes doivent être considérablement développées. On a souligné l'importance de la formation oecuménique, en particulier des stages, des programmes de stewards et des informations préalables aux réunions. Il conviendra de mener à bien ce travail tout en veillant à une participation accrue des jeunes aux organes directeurs.

UNITÉ IV - PARTAGE ET SERVICE

L'Unité IV a pour mandat d'aider les Eglises membres et les institutions et organisations oecuméniques rattachées au COE à promouvoir la dignité de la personne humaine et à instaurer une communauté durable intégrant les marginalisés et les exclus. L'Unité apporte ainsi sa contribution au travail diaconal du COE. Au cours de la réunion d'information-débat, on a examiné les éléments théologiques et méthodologiques qui sous-tendent ce travail, ainsi que les défis et les leçons qui s'en dégagent. On trouvera dans le Guide de travail de l'Assemblée (pp. 87-91) la description de la manière dont l'Unité IV accomplit sa tâche sur la base du concept du jubilé. L'Unité s'est servie notamment du modèle de la table ronde, des secrétariats régionaux et de la création de réseaux mondiaux (en particulier d'enfants et de personnes déracinées) et a déployé des activités de défense des causes des défavorisés.

Le Comité d'orientation du programme a noté trois éléments sur lesquels il conviendrait de centrer la réflexion à l'avenir:

  1. une analyse plus détaillée des causes profondes de beaucoup de problèmes qui entraînent la marginalisation et l'exclusion, en particulier les questions liées au pouvoir et à la mondialisation;
  2. une étude théologique de la diaconie en tant que signe visible de l'unité, dans le cadre de l'engagement du Conseil en faveur de l'unité visible de l'Eglise;
  3. la définition du sens du "partage équitable" dans différents contextes (Nord, Sud, spiritualité des peuples autochtones).
Enfin, les Eglises ont été incitées à réfléchir à leurs rôles de "donatrices" et de "bénéficiaires" et à leur vocation qui les appelle à s'engager plus activement dans la diaconie par un partage oecuménique mutuel et équitable, en encourageant les rencontres entre personnes et en témoignant de l'unité de l'Eglise.

Comme dans d'autres unités, la préoccupation à l'égard des marginalisés s'est exprimée dans l'espoir que l'on étudierait des moyens de développer le potentiel local de telle sorte que les activités diaconales ne contribuent pas à marginaliser encore plus ceux qui sont déjà exclus, mais débouchent sur une conception intégrée du témoignage des Eglises.

Transition
Le COE est confronté au défi fondamental de développer la communauté et la responsabilité< mutuelle de ses Eglises membres, comme le souligne le document Vers une conception et une vision communes du COE. En outre, il doit chercher à élargir cette communauté au service du seul mouvement oecuménique. Il est absolument prioritaire de centrer l'attention sur ces objectifs avant de déterminer l'importance des différents programmes.



RÉUNIONS D'INFORMATION-DÉBAT : DEUXI ME ÉTAPE

Une fois terminée la première étape des réunions d'information-débat, les membres du Comité d'orientation du programme se sont divisés en six groupes. Chaque groupe a participé aux présentations du Padare, liées à l'un des six domaines autour desquels celui-ci s'articule. Sur cette base, il sert d'équipe d'animation pour le domaine d'étude correspondant, pendant la deuxième étape des réunions d'information-débat.

Il va de soi que les questions soulevées et les sujets discutés durant les trois séances de chacune de ces trois réunions d'information-débat ont été extrêmement divers. Sous les rubriques "justice et paix", "unité et spiritualité", "progresser ensemble", "formation et apprentissage", "mission et témoignage", et "solidarité" (chacun de ces domaines étant subdivisés en plusieurs secteurs), les participants ont apporté aux séances non seulement les impressions et les idées qu'ils ont retirées des présentations du Padare auxquelles ils ont assisté, mais aussi des témoignages sur ce que vivent leurs Eglises dans leurs contextes, ainsi que leurs expériences et leurs convictions oecuméniques.

Les membres du Comité d'orientation du programme, dans chaque réunion d'information-débat, ont pris soigneusement note de tout ce qui s'est dit. Ils ont parfois posé des questions destinées à clarifier tel ou tel point en réponse à des interventions des participants, et ils ont présenté une première synthèse de ce qu'ils entendaient. Toutefois, l'intention n'est pas de préparer un rapport que les membres eux-mêmes de la réunion d'information-débat devraient adopter ou sur lequel ils devraient se mettre d'accord. Dans le cadre de chacune des séries de réunions, on a ainsi mis en évidence de nombreuses questions et de nombreux thèmes qui préoccupent le mouvement oecuménique aujourd'hui, et on a ouvert des perspectives sur la manière dont le COE peut et doit travailler. Mais aucune des réunions d'information-débat - chacune dans son propre domaine - ne pouvait à elle seule définir les priorités d'ensemble du travail du COE pour les années à venir, ni même offrir une liste exhaustive de toutes les questions oecuméniques importantes existant ou pouvant surgir dans ce domaine.

Chaque groupe a présenté oralement un résumé des principaux résultats de la réunion d'information-débat dont il était chargé à tous les membres du Comité d'orientation du programme. Les rapports que préparent actuellement d'autres comités de l'Assemblée ont été passés au peigne fin et l'on y a relevé tout ce qui pourrait avoir une incidence sur les lignes d'action des activités du COE à l'avenir. Sur cette base, on a identifié un certain nombre de thèmes généraux qui orienteront les futurs travaux du Conseil. Ce sont ces thèmes généraux qui forment la substance de ce rapport; toutefois, le Comité d'orientation du programme a jugé utile d'inclure ici de brefs exposés de chacune des six réunions d'information-débat de la deuxième étape.

1. Unité et spiritualité
Le but du mouvement oecuménique est de rassembler tous les chrétiens autour de la même table eucharistique. Notre théologie est formée de l'entrelacement de l'herméneutique oecuménique, de la célébration, de la spiritualité, et de l'étude de l'ecclésiologie et de l'éthique.

On reconnaît depuis longtemps que la prière et les principes théologiques ont donné à nos vies plus de profondeur à mesure que nous avons partagé nos ressources entre nos Eglises. Il conviendra d'approfondir les récents travaux oecuméniques de Foi et constitution sur l'Eglise en tant que koinonia, en explorant la riche diversité des formes de spiritualité chrétienne que l'on rencontre dans l'Eglise à travers le monde. La spiritualité autochtone qui s'exprime en de nombreuses régions du monde peut être une contribution à ce travail.

Pour les Eglises et le Conseil oecuménique, il se dégage des travaux de l'équipe de Foi et constitution d'importants défis oecuméniques ainsi qu'une solide base théologique sur laquelle appuyer les efforts communs en vue de l'unité visible, de la mission commune et du service ouvert à tous. Les travaux de l'équipe tireront profit des autres programmes réalisés au COE, notamment des travaux sur le culte et la spiritualité et sur le fondement théologique de l'engagement oecuménique pour la solidarité, la justice et la paix, et y apporteront également leur contribution.

Alors que nous nous trouvons à l'aube d'un nouveau millénaire, l'une des tâches les plus importantes des Eglises sera d'étudier les problèmes éthiques contemporains résultant des énormes progrès qui ont été faits dans des domaines tels que le génie génétique et la communication électronique. Il faudra s'attaquer également aux questions liées à l'éthique personnelle et interpersonnelle. Le COE devrait offrir des orientations et un espace où pourront avoir lieu des conversations et des consultations qui permettront aux Eglises membres de discuter ces questions difficiles - y compris celle de la sexualité humaine - , questions qui sont cause de division entre les Eglises membres ou en leur sein. Ces conversations s'appuieront sur une réflexion théologique et herméneutique communes qui a inspiré de précédentes discussions sur des thèmes oecuméniques éthiques tels que le racisme.

Le paysage oecuménique changeant rapidement, le COE doit continuer à encourager et à appuyer les discussions bilatérales et multilatérales au niveau local et régional, offrant un espace à la réflexion, à l'échange et à l'évaluation des progrès accomplis pour ceux qui poursuivent activement leur marche vers l'unité.

2. Progresser ensemble
Dans leur message, les délégués à la Première Assemblée du COE à Amsterdam, en 1948, ont déclaré : "Nous sommes décidés à demeurer ensemble". Cinquante ans plus tard, à Harare, il serait juste que l'Assemblée prenne cet autre engagement : "Nous nous engageons à progresser ensemble". Il devrait être entendu et souligné que le "nous", contenu dans cette promesse, désigne une communauté sans exclusive.

De plus en plus, les Eglises et les organisations oecuméniques, aux échelons local et régional, découvrent de nouvelles manières de vivre et de travailler ensemble. Il faudrait se féliciter de cette souplesse et de cette créativité oecuméniques; et le COE devrait tirer les leçons de ces expériences, tout en continuant à attirer l'attention sur les obstacles que le prosélytisme dresse sur notre route commune.

Pour progresser ensemble, il faudra s'efforcer tout particulièrement de rassembler au sein de la famille du COE, en tant que partenaires oecuméniques, les organisations oecuméniques régionales, les communions chrétiennes mondiales (CCM), les organismes de financement et les groupes et réseaux ouverts à l'oecuménisme. Le COE, au moment où il adopte lui-même une nouvelle structure interne, devra élaborer des dispositifs qui lui permettront d'améliorer ses relations et ses modèles de coopération avec ces groupes.

Les revers que connaît actuellement le mouvement oecuménique sont peut-être largement attribuables au manque de compréhension mutuelle entre les Eglises et entre les traditions historiques, et au peu de connaissance réelle qu'elles ont les unes des autres. L'une des façons de s'attaquer à ce problème et d'approfondir notre communion oecuménique pourrait être d'organiser des visites entre les Eglises - non pas essentiellement sous la forme de délégations envoyées par le COE aux Eglises, mais sous la forme de délégations des Eglises, envoyées à d'autres Eglises, par l'intermédiaire du COE.

La collaboration du COE avec les facultés et les séminaires de théologie de toutes les régions du monde dans le domaine de l'étude de la théologie, de la formation au ministère et de la recherche est impérative. Les échanges et les partenariats qui se poursuivent déjà avec succès entre les facultés de certaines parties du monde pourraient être élargis de façon fructueuse, peut-être avec l'aide du COE; et l'on pourrait solliciter de manière plus systématique l'assistance de professeurs de théologie et d'enseignants en d'autres matières pour entreprendre des projets d'étude au nom du COE. Vu la manière dont les dialogues théologiques bilatéraux ont fait progresser la compréhension mutuelle et la coopération, le COE devrait continuer à les encourager pour le bien des Eglises du monde entier.

Le COE continuera à explorer les énormes possibilités ouvertes par le développement des techniques de la communication, tout en restant attentif aux défis lancés aujourd'hui par les médias qui encouragent les valeurs de la société de consommation et creusent le fossé déjà existant entre riches et pauvres, entre puissants et sans-pouvoir.

Les diverses formes sous lesquelles le COE a utilisé l'écrit a largement contribué à communiquer le message oecuménique; il faut accorder une attention plus soutenue à la distribution de ces matériels, tout en prenant en compte les limites imposées par la langue, le niveau de traitement et les coûts.

Le potentiel oecuménique dans les domaines de l'art, de la musique et d'autres formes d'expression créatrice comme moyen de communication doit faire l'objet d'une étude plus fouillée.

3. Justice et paix
Le travail des Eglises en faveur de la justice et de la paix est enraciné dans un engagement de foi. Il vise à affirmer et à défendre la dignité et les droits égaux de toutes les nations et de tous les peuples ainsi qu'un développement juste et durable; il vise aussi à vaincre la violence et à permettre à tous de participer pleinement. La discrimination, les violations des droits de la personne, l'exclusion et l'incapacité à régler les conflits de manière pacifique sont étroitement liés.

Les droits de la personne humaine sont indivisibles; et les droits économiques, sociaux et culturels sont indissociables des droits civiques et politiques. L'Evangile exige des Eglises non seulement qu'elles reconnaissent les violations des droits mais aussi qu'elles agissent lorsque le don de la vie, la sainteté et la dignité des créatures quelles qu'elles soient sont violés. Les Eglises doivent rechercher les causes profondes des violations des droits de la personne et proposer une analyse qui se place du point de vue des victimes. Elles doivent dénoncer les menaces qui pèsent sur l'intégrité de la nature et de toute la création. Elles doivent s'engager ensemble, et avec les croyants d'autres religions, à contribuer à l'instauration d'une éthique mondiale qui applique davantage les principes du respect des droits de l'homme à une communauté mondiale toujours plus interdépendante.

Il faut sensibiliser les membres des Eglises à l'injustice économique croissante qui découle de la mondialisation et du système financier mondial actuel, et à ses effets sur le droit au travail et à des moyens d'existence décents. Face aux répercussions négatives de la mondialisation, il convient de réagir vivement pour défendre le droit des peuples autochtones et des minorités ethniques à l'autodétermination, et veiller à ce que leurs droits de propriété sur leurs ressources soient protégés par la loi. Dans l'analyse qu'elles font de ces forces et dans l'action qu'elles entreprennent pour s'y opposer, les Eglises doivent constamment faire le lien entre les événements mondiaux et locaux. Il faut reconnaître la vulnérabilité particulière des populations déracinées. Les Eglises doivent s'opposer énergiquement à la purification ethnique et au génocide aux niveaux local, national et mondial; elles ont une responsabilité particulière lorsque le principe de la liberté religieuse est bafoué.

La discrimination sous toutes ses formes constitue une violation des droits de la personne. Face à la complexité croissante de ses manifestations, les Eglises doivent reconnaître et dénoncer les mécanismes d'exclusion et de marginalisation qui la sous-tendent. Ce n'est que si nous affirmons la dignité, l'identité et la valeur de chaque personne indépendamment de ses capacités physiques et mentales, en l'intégrant dans la communauté de l'Eglise, que sera réalisée la pleine expression du corps du Christ. La discrimination structurelle et interpersonnelle fondée sur la race existe toujours dans l'Eglise et la société, et de nouvelles formes de racisme sont en train d'apparaître.

Les conflits armés et la violence constituent des violations majeures des droits de l'homme et causent d'énormes souffrances humaines. La réponse des chrétiens doit être axée sur le rétablissement d'une paix juste, la médiation des conflits et la réconciliation. L'engagement des Eglises doit être adapté à la situation, associant la défense des droits des victimes, la prise de position prophétique et la médiation. Il faut établir des liens plus efficaces et plus flexibles entre les niveaux mondial et local, ainsi qu'une collaboration plus résolue avec les Eglises qui n'appartiennent pas à la communauté du COE; il faut en outre insister davantage sur la coopération interreligieuse, la rechercher et la favoriser.

L'Eglise à tous les niveaux a donc pour rôle 1) de s'engager dans des actions de suivi et de défense qui recensent et dénoncent les causes des violations des droits, de la discrimination et de la violence; 2) d'édifier des communautés de paix et de réconciliation en proposant des espaces de dialogue ouverts et sûrs; 3) d'assurer une présence et un accompagnement spirituels et affectifs qui portent la promesse de la réconciliation.

4. Formation
Il faut absolument former des prêtres, des pasteurs et des laïcs qui soient capables de renforcer et de renouveler le mouvement oecuménique. L'éducation contextuelle, qui fait appel à l'action et à la réflexion pour enseigner et permettre une interaction fructueuse entre les préoccupations locales, régionales et internationales, est un modèle très efficace pour le travail oecuménique. On veillera tout particulièrement à offrir une formation oecuménique aux femmes, aux peuples autochtones, aux personnes handicapées et aux jeunes.

Parmi les modèles de formation oecuménique les plus prometteurs, mentionnons les programmes de formation décentralisée proposés par les séminaires, les centres de formation des laïcs et l'Institut oecuménique de Bossey; en effet, ces programmes permettent à des personnes disposant de peu de temps et de moyens financiers d'acquérir une formation. Le besoin d'une formation oecuménique se fait aussi tout particulièrement ressentir dans les Eglises d'Europe centrale et orientale. Il faudrait augmenter les fonds mis à la disposition des programmes de bourses.

Compte tenu du pluralisme religieux croissant du monde dans lequel les Eglises vivent et travaillent, le COE devrait inscrire l'enseignement interreligieux à son programme d'éducation et encourager les Eglises et les centres de formation des laïcs à en faire autant, reconnaissant le lien existant entre cet enseignement et le dialogue interreligieux.

La formation oecuménique et la formation théologique doivent rester prioritaires dans les activités éducatives du COE. La création de réseaux, l'établissement de partenariats et la collaboration du COE, de l'Institut oecuménique de Bossey et de centres de formation des laïcs à des programmes communs permettront de renforcer le processus éducatif. Il faudrait octroyer aux enseignants des séminaires des ressources qui leur permettent de promouvoir la formation oecuménique. Le Conseil devrait favoriser la création de centres de formation des laïcs là où il n'en existe pas, en particulier en Europe orientale et dans le Pacifique.

Il faut poursuivre et renforcer les activités de formation oecuménique qui peuvent aller de pair avec le travail du COE dans le domaine "justice, paix et création" et l'enrichir. Il conviendrait tout particulièrement de développer la formation et d'élaborer du matériel pédagogique sur les questions de la vie familiale et de la violence domestique; parmi les autres thèmes à traiter, citons la mondialisation, l'économie, la société civile, le rôle de la religion dans l'édification de la nation et les questions liées au handicap.

5. Mission et témoignage
La mission et l'évangélisation doivent être au centre de la vie des Eglises et donc, aussi, au centre du travail du COE. Dans ce cadre, trois domaines de préoccupation dominent nettement: 1) Evangile et cultures (l'accent étant mis sur la nécessité d'étudier la relation entre l'Evangile et les cultures, en Afrique et en Occident); 2) mission et évangélisation dans les sociétés sécularisées aujourd'hui; 3) santé et guérison (l'accent étant mis sur les soins de santé communautaires et le SIDA).

La dernière Conférence mondiale du COE sur la mission et l'évangélisation (Salvador de Bahia, novembre-décembre 1996) ayant eu lieu juste avant la période de préparation intensive de la Huitième Assemblée, il n'a pas été possible de mettre en oeuvre nombre des suggestions que cette conférence avait émises en vue du suivi de ses travaux. Le programme du COE dans le domaine de la mission et de l'évangélisation est donc chargé.

Au cours des prochaines années, il devra entreprendre notamment les travaux d'étude et les activités suivantes: 1) l'examen et la révision des méthodes missionnaires; 2) la création de liens de solidarité entre les Eglises en mission; 3) la définition de "nouveaux fronts" dans la mission, y compris en ce qui concerne les questions liées à la santé et à la guérison, cela en collaboration avec des organisations gouvernementales et internationales (ONU SIDA); 4) l'étude plus approfondie de l'ancrage de l'Evangile dans les différentes cultures; 5) le renforcement du témoignage commun et l'engagement d'un dialogue sur la question du prosélytisme; 6) la relation entre la foi, la guérison et l'intégralité de la personne; 7) les relations entre les organismes missionnaires, les Eglises et le COE.

6. Solidarité
On assiste aujourd'hui au développement d'un réseau économique mondial unique qui n'est réfréné par aucun cadre de valeurs propres à faire respecter le bien commun de l'humanité, la dignité de tous et la valeur intrinsèque de la création de Dieu. Les Eglises se trouvent donc confrontées à un ensemble de questions reliées entre elles - notamment les menaces qui pèsent sur l'environnement, la pauvreté, l'endettement international, le sort tragique des personnes déracinées, le SIDA. L'appel à se "tourner vers Dieu" est au coeur de la réponse que les Eglises apporteront à la "mondialisation": ce n'est que lorsqu'elles auront répondu à cet appel qu'elles pourront élaborer une vision à l'échelle du monde, et soutenir des initiatives et des modèles différents qui seront porteurs "de joie et d'espérance".

Appeler les Eglises à l'unité les invite, en réponse à l'amour transformateur de Dieu en Christ, à se tourner vers la souffrance et les besoins du monde et à agir ensemble. L'élimination de la pauvreté au moyen de l'édification de communautés viables fait partie du programme du COE, parce qu'elle est enracinée dans le dessein de Dieu pour le monde. Les Eglises, de par leur fidélité à Dieu, sont appelées à se solidariser avec la souffrance de l'humanité entière, dans l'espérance de l'Evangile destiné au monde entier. Notre vocation oecuménique est un appel impératif de Dieu à témoigner ensemble dans notre monde un.

Cette vocation pousse les Eglises à nourrir la vie de leur propre communauté, à approfondir leur engagement communautaire les unes envers les autres, et à espérer, à prier et à oeuvrer pour une communauté mondiale qui soit réceptive à l'amour sans limites de Dieu. A cette fin, il est nécessaire de disposer de bases théologiques bien définies. Il faudra développer plus amplement les travaux antérieurs du COE sur la "théologie de la vie" et sur la théologie du partage et du service, et les intégrer davantage.

Depuis l'Assemblée de Vancouver, le COE a entrepris des efforts soutenus en vue de rassembler les engagements des Eglises en faveur de la paix, de la justice et de la sauvegarde de la création. Depuis Canberra, ce thème a permis d'intégrer et de préciser les travaux que poursuit le COE dans ces trois domaines. Celui-ci dispose maintenant de bases solides pour répondre, en paroles et en actes, au défi que constitue l'édification de sociétés viables. Dans la période qui s'ouvre, il sera nécessaire d'approfondir le travail dans ce cadre global. Parmi les questions à étudier, il faut citer: les changements climatiques, l'éthique de la Terre, le commerce, la réduction de la dette, et la biotechnologie. Le moment est également venu d'examiner comment l'engagement du COE dans le domaine des droits et de la dignité de la personne humaine peut s'insérer dans un cadre général de valeurs qui obligeraient les forces qui façonnent l'économie mondiale à assumer leur responsabilité.

Tout aussi essentiel pour le témoignage du COE a été l'engagement qu'il a pris d'aider les Eglises à partager leurs ressources, manifestant ainsi l'amour de Dieu que tous ont en partage, et édifiant des communautés viables pour l'avenir. Dans le contexte mondial actuel, le COE devrait exhorter les Eglises à réaffirmer leur volonté de s'inviter les unes les autres à prendre les engagements coûteux qui découlent de leur appartenance commune.

Le travail effectué au cours de la période écoulée dans le domaine du partage des ressources entre Eglises a renforcé les liens fraternels. Il a également soulevé des questions d'ecclésiologie pratique. De même, l'action commune des Eglises pour la justice, la paix et la sauvegarde de la création fait apparaître avec plus de netteté les problèmes ecclésiologiques qui se posent dans un contexte où l'on s'engage sur le plan moral. Les travaux réalisés dans les domaines de l'ecclésiologie et de l'éthique ont permis d'établir des bases essentielles. Mais dans la période qui vient, grâce à notre expérience vécue de la koinonia et à l'appel des Eglises à la mission, nous devrions pouvoir développer les travaux déjà réalisés dans ces deux domaines et les relier plus étroitement entre eux.

Comment les Eglises peuvent-elles partager leurs ressources, leurs engagements et leur vie, pour l'amour du monde? L'une de nos tâches principales, dans les années qui viennent, sera de les aider à répondre à ce défi dans la fidélité.

Thèmes généraux
La Constitution révisée du COE stipule que "Le but premier de la communauté fraternelle d'Eglises que forme le Conseil oecuménique des Eglises est d'offrir un espace où celles-ci puissent s'appeler mutuellement à tendre vers l'unité visible en une seule foi et en une seule communauté eucharistique, exprimée dans le culte et dans la vie commune, à travers le témoignage et le service au monde, et de progresser vers cette unité afin que le monde croie." Les thèmes de l'unité visible, de la mission et de l'évangélisation, et du service ont constamment été réaffirmés dans les réunions d'information-débat et les séances plénières. Il serait inconcevable que ce travail ne se poursuive pas. Le Comité d'orientation du programme tient à souligner à quel point il est important que le Conseil continue à travailler dans ce sens.

Les rapports des six groupes de réunions d'information-débat - ainsi que les contributions et les interventions faites au cours d'autres séances de l'Assemblée - mettent en évidence plusieurs grands domaines de préoccupation qui devront retenir davantage l'attention du COE, au moment où celui-ci, attaché à "servir le seul mouvement oecuménique", aborde une nouvelle période de sa vie. Tous ces sujets comportent de nombreux aspects et, sur bien des points, sont reliés les uns aux autres. Ainsi, il ne faut pas considérer que les questions ci-après, que l'on a identifiées comme étant prioritaires, doivent forcément être confinées à un seul programme. Bien au contraire, il s'agit là de secteurs d'activité dans le cadre desquels le COE devra pratiquer le style de travail intégré qui est un élément fondamental de sa nouvelle structure interne.

Un oecuménisme du coeur
Le thème de l'Assemblée nous a invité à nous "tourner vers Dieu". Le mouvement oecuménique un ne se réduit pas à des programmes, à des structures et à des activités menées en collaboration avec d'autres. Le fondement de tout notre engagement oecuménique, c'est d'abord et avant tout la réponse que nous donnons à Dieu. Cela n'exige rien de moins que la conversion de nos coeurs. C'est parce que L'oecuménisme est tourné vers Dieu et vers ce monde qu'il aime tant, que le culte et la vie spirituelle doivent être ancrés plus profondément encore au coeur de tout ce que nous entreprenons en tant que Conseil oecuménique des Eglises. Nous reconnaissons que cette priorité ne va pas sans souffrance ni sans conflit. Et pourtant, le seul chemin capable de nous porter ensemble vers le coeur de l'unité que nous recherchons passe par le culte, la prière et une vie spirituelle partagée.

Le Conseil avait déjà dit cela auparavant, après les Assemblées de Vancouver et de Canberra. Mais maintenant nous nous rendons compte que le culte et la spiritualité ne sont pas seulement un "programme" parmi beaucoup d'autres. Ils représentent bien davantage une "voie" essentielle à notre pèlerinage oecuménique : ce sont eux qui façonnent et soutiennent notre cheminement. Pour en avoir une fois de plus fait l'expérience à Harare, nous savons que cette dimension ne pourra jamais être laissée de côté dans la vie du Conseil. Au contraire, nous devons utiliser pleinement toutes les ressources et les richesses que nous pouvons puiser en eux pour nourrir notre conversion et notre réponse à l'appel de Dieu.

Une communauté sans exclusive
A maintes reprises au cours des réunions d'information-débat, nous avons entendu affirmer que le rôle des femmes, des jeunes, des peuples autochtones et des personnes handicapées dans la vie de l'Eglise est bien autre chose qu'une question de programme. Pour la première fois, une Assemblée du COE a reçu une lettre adressée par des enfants; ainsi, à Harare plus que jamais auparavant, l'Eglise tout entière a été plus véritablement présente. Il faudra veiller soigneusement à ce que les activités entreprises par le COE auprès de ces groupes marginalisés ne se perdent pas au cours du passage de l'ancienne structure des unités à la nouvelle, axée sur le travail en équipes.

Beaucoup ont dit que le travail qui se fait avec les jeunes est aujourd'hui sensiblement moins visible et moins bien intégré aux activités du COE qu'autrefois. Si l'on veut se rapprocher de la vision d'une communauté sans exclusive et assurer l'avenir du mouvement oecuménique, il est indispensable d'entreprendre avec les jeunes un travail d'envergure concernant leur formation oecuménique et les questions touchant à leur devenir.

Il importe que l'Assemblée appuie fermement la vision d'une communauté sans exclusive où tous pourront se sentir accueillis et faire entendre leur voix, et où chacun aura l'occasion de mettre ses dons individuels au service de la communauté.

Pour se rapprocher de cette vision, le COE doit établir un programme et définir une méthodologie qui aideront à édifier des communautés sans exclusive et réconciliées, capables de promouvoir la dignité, l'identité, les dons et la valeur de chaque personne, afin que soit réalisée la pleine expression du corps du Christ. Il est donc capital d'ouvrir des espaces de dialogue sûrs, où nous puissions être à l'écoute les uns des autres, approfondir ensemble la compréhension de ce qu'est réellement l'exclusion, et combattre celle-ci par la repentance, la réparation des torts et la réconciliation des personnes. Dans le cadre de ce travail, on abordera également la question de la réconciliation, dans les contextes sociaux où l'intolérance religieuse menace les minorités. Le Conseil oecuménique des Eglises, lors de la prochaine Assemblée, offrira la possibilité aux Eglises de se rendre compte les unes aux autres de la suite donnée à la Décennie oecuménique des Eglises solidaires des femmes.

Non-violence et réconciliation
La vérité, la justice et la paix représentent à elles trois les valeurs essentielles garantissant les droits de la personne, accueillie et réconciliée : lorsque ces valeurs sont méconnues, la vérité fait place à la crainte, et les forces humaines ne sont plus mises au service du don de la vie, de la sainteté et de la dignité de toute la création.

La violence engendrée par les diverses formes de violations des droits de la personne, la discrimination et l'injustice structurelle, suscite une inquiétude croissante à tous les niveaux d'une société de plus en plus gagnée par le pluralisme. Le racisme, en s'associant à d'autres causes d'exclusion et de marginalisation, vient encore les aggraver. Les conflits deviennent incroyablement complexes; ce sont maintenant plus souvent des conflits internes aux nations que des conflits entre nations. Dans les situations de conflits, le sort des femmes et des enfants est spécialement préoccupant.

Il est indispensable de regrouper les activités en cours concernant les relations entre hommes et femmes, le racisme, les droits de la personne humaine et la médiation des conflits, de manière à amener les Eglises à entreprendre des actions de réconciliation fondées sur la repentance, la vérité, la justice, la réparation et le pardon.

Par rapport à toutes ces questions, le Conseil devra adopter avec les Eglises une stratégie visant à créer une culture de la non-violence, cela en travaillant en lien et en interaction avec d'autres partenaires et organismes internationaux, et en explorant et développant des méthodes appropriées pour le règlement des conflits et l'instauration d'une paix juste, dans le contexte nouveau né de la mondialisation. C'est pourquoi le COE proclame la période 2000-2010 "Décennie oecuménique 'vaincre la violence' ".

La sexualité humaine
Durant les séances plénières, les travaux du Padare et les réunions d'information-débat, la sexualité humaine est apparue comme l'une des grandes questions auxquelles les Eglises sont aujourd'hui confrontées. Il est clair que les questions qui entourent la compréhension de la sexualité ont divisé et continuent à diviser certaines Eglises.

Une approche oecuménique des questions touchant à la sexualité devra prendre en compte plusieurs éléments: une anthropologie chrétienne, une herméneutique inspirée du témoignage biblique et la relation entre l'éthique et la culture. Pour élaborer cette approche, on accordera un espace suffisant aux femmes et aux hommes chrétiens pour qu'ils explorent eux-mêmes les questions en jeu, tout en ayant soin de créer et d'approfondir un climat de confiance mutuelle.

L'étude du COE sur les aspects théologiques, sociaux et culturels de la sexualité, et le dialogue sur ces mêmes thèmes, s'inspireront avec profit des travaux réalisés depuis l'Assemblée de Canberra sur l'ecclésiologie et l'éthique, et ils s'inscriront dans les perspectives ouvertes par le document du Groupe mixte de travail : "Le dialogue oecuménique sur les questions morales : sources potentielles de témoignage commun ou de divisions" (1996).

La mondialisation
Le terme de "mondialisation", abondamment utilisé depuis quelques années, a souvent été prononcé durant cette Assemblée. Comme l'indique le document CVC (paragraphes 1.8, 2.9), "la mise en place...de structures transnationales, puis de plus en plus, mondiales, dans les domaines de la communication, des finances et de l'économie, a donné naissance à une forme particulière d'unité planétaire", dont le coût est "l'éclatement croissant des sociétés et l'exclusion de plus en plus grande de la famille humaine...Cette nouvelle évolution constitue donc une sérieuse menace pour l'intégrité du mouvement oecuménique, dont les formes d'organisation représentent un modèle de relation nettement différent, fondé sur la solidarité et le partage, la responsabilité mutuelle et la responsabilisation."

Comprise en ce sens, la mondialisation se présente aux Eglises, surtout et avant tout, comme un défi d'ordre théologique et spirituel. L'amour de Dieu, pleinement exprimé en Christ, révèle la vision d'une plénitude de vie offerte à tous; le modèle d'économie mondiale qui se fait actuellement jour projette la vision d'une satisfaction illimitée des besoins matériels pour ceux qui ont les moyens de se l'offrir. Les Eglises sont donc appelées à témoigner du dessein de Dieu pour le monde et à l'incarner dans leur vie, face à la mondialisation croissante et aux valeurs qui la sous-tendent.

En tant que communauté mondiale, le COE jouit d'une perspective unique grâce à laquelle il est en mesure d'aider les Eglises à affronter ce défi. Durant de nombreuses années, il a joué un rôle essentiel en établissant des réseaux de groupes et d'organisations oecuméniques engagés au service des objectifs de la justice, du partage et de l'édification d'une communauté viable. A partir de cette expérience, il peut soutenir le travail de plus en plus fondamental de ceux qui élaborent des modèles de communautés différents, où la vie pourra s'épanouir. Il a la possibilité de recourir aux vastes ressources de ses Eglises membres et de ses partenaires oecuméniques pour rassembler et renforcer le témoignage des Eglises au sujet de questions cruciales inscrites à l'ordre du jour politique, social, économique et culturel international. Il peut intensifier les efforts qu'il entreprend pour encourager les Eglises membres à approfondir la connaissance et la conscience que chacune a de la vie et du témoignage des autres dans l'ensemble de l'oikoumene, et pour leur permettre de mieux faire le lien entre leurs préoccupations locales et les réalités mondiales. Il peut établir des relations avec des partenaires appartenant à d'autres religions afin de rechercher comment les engagements au service des droits et de la dignité de la personne humaine peuvent s'insérer dans un système de valeurs universel.

Le terme "mondialisation" est souvent utilisé de manière ambiguë et de nombreuses caractéristiques du phénomène ainsi désigné sont ambivalentes; toutefois, il est évident que les éléments du nouveau contexte mondial que recouvre ce terme exigeront une très grande attention de la part du COE dans les années à venir.

Le Conseil est invité à aborder la mondialisation dans une perspective oecuménique, qui définit les questions, les relie entre elles et fait ressortir les impératifs bibliques. On accordera une attention particulière aux questions telles que la conduite des affaires nationales et internationales, les modes de consommation et de production, les systèmes financiers et le commerce, ainsi que les effets que ces facteurs ont sur l'endettement national et sur les droits des peuples à la terre et à un revenu assuré et suffisant.

L'annulation de la dette
Dans de nombreux pays du Nord, la campagne en faveur de l'annulation de la dette inacquittable a pris de l'ampleur. Lors de la séance plénière sur l'Afrique notamment, mais aussi à de nombreuses autres occasions durant cette Assemblée, un appel a été adressé à la communauté des Eglises membres, aux institutions liées aux Eglises et aux mouvements d'action sociale, afin qu'ils accordent une priorité particulière aux démarches visant à permettre l'annulation des dettes qui constituent un lourd fardeau pour les pays les plus vulnérables, face à une telle hémorragie de leurs ressources. Le COE devrait élaborer un plan d'action sur l'annulation de la dette qui prenne en compte la complexité de la question, de manière à ce que la remise de cette dette permette aux citoyens de ces pays de sortir de la pauvreté.

Une étape ultérieure sera nécessaire, au cours de laquelle on se préoccupera non plus seulement de la réparation des dommages sociaux et écologiques, mais aussi de l'élaboration de modèles d'accords commerciaux à l'échelle mondiale, dans lesquels les concepts de justice et d'équité seront mis en avant.

Parallèlement à ce programme, le Comité d'examen des directives II a recommandé que l'on intensifie le travail déjà commencé dans le cadre du Programme de dialogue et d'étude sur la reconstruction de l'Afrique, qui met l'accent sur le développement des compétences et le partage de l'information, afin que l'Afrique soit en mesure d'apporter sa contribution spécifique et unique au mouvement oecuménique.

Méthodologies
Comme on l'a fait observer dans l'introduction de ce document, les ressources en argent et en personnel dont le Conseil dispose pour remplir son futur mandat sont limitées. C'est pourquoi de nombreuses propositions ont été avancées concernant les méthodes qu'il pourrait adopter au cours de la période à venir. Les auteurs du document CVC proposent que les Eglises membres, les réseaux et les organisations liées au Conseil prennent leur part de responsabilité dans la mise en oeuvre des programmes et activités.

Dans les six groupes des réunions d'information-débat, on a demandé de prendre au sérieux la nécessité de faire reposer les programmes sur des fondements bibliques et théologiques. Pour cela, il faudra que les équipes entretiennent entre elles des relations de travail étroites et partagent les responsabilités, et que Foi et constitution, notamment, coopère avec les autres.

Il est évident qu'avec l'évolution des techniques de l'information, on dispose de moyens nouveaux, stimulants, et même intéressants au niveau des coûts, d'entretenir des relations dans le cadre des programmes, cela grâce au courrier électronique et aux réseaux de l'Internet et du Web. Les méthodes de travail traditionnelles telles que la défense de diverses causes, le recours à des réseaux régionaux et mondiaux et le partage de l'information seront renforcées. Depuis peu, de nouveaux modèles venus de cultures non européennes, tels que le sokoni africain, ont été développés; dans la mesure où ils ont été préparés avec soin, ils ont donné des résultats passionnants.

Il a été rappelé que l'accueil fait dans les Eglises locales aux travaux entrepris par le Conseil a été tout au plus sporadique, et le plus souvent inexistant: c'est là un sujet de tristesse. Au cours de la prochaine période, il faudra consacrer plus de temps et faire preuve de davantage d'imagination pour trouver de nouvelles méthodes, afin que les activités du Conseil aient des retombées sur la vie des Eglises membres.

En vue de ses futures activités, le COE développera les aspects suivants de sa tâche:

  • être une plate-forme commune pour défendre différentes causes et faire entendre la voix des Eglises au sein des institutions et milieux internationaux présents sur la scène mondiale;
  • servir de catalyseur, afin de favoriser des alliances avec d'autres secteurs et de mettre en commun avec d'autres communautés de foi réflexion et action;
  • servir d'intermédiaire en établissant, en cas de besoin, des liens entre Eglises aux niveaux local et régional, et en réunissant les parties intéressées autour d'une même table;
  • devenir une plaque tournante pour l'échange d'informations, la création de réseaux et l'observation;
  • accompagner les Eglises et faire office de médiateur dans des situations d'urgence.
A cet effet, le COE devrait entreprendre une évaluation de ce qu'il est, de ses styles de travail et de ses méthodes.

Cadre et accents des activités futures du Conseil
Le processus "Vers une conception et une vision communes du COE" appelle le Conseil oecuménique des Eglises à approfondir et à élargir résolument la communauté à laquelle nous avons part en tant qu'Eglises. Notre témoignage et notre service dans le monde, plus nécessaires aujourd'hui que jamais, dépendent de notre capacité à renforcer spirituellement l'engagement et la responsabilité qui nous lient. Comme nous l'avons promis à Harare, nous devons "construire ensemble".

A cette fin, dans la période qui suivra la Huitième Assemblée et à l'aube du 21e siècle, la communauté du COE doit engager directement chaque Eglise membre à se poser quatre questions qui touchent de manière essentielle aux objectifs du Conseil oecuménique des Eglises:

  • Comment nous engageons-nous ensemble en tant qu'Eglises dans la mission et l'évangélisation au sein d'un monde hautement pluraliste?
  • Comment concevons-nous le baptême en tant que fondement de la vie en communauté que nous sommes appelés à partager?
  • Comment offrons-nous ensemble nos ressources, notre témoignage et notre action pour l'avenir même du monde?
  • Comment cheminons-nous ensemble sur la voie qui mène à l'unité visible?
Avant que nous nous réunissions à nouveau en Assemblée, il faudra examiner, dans une perspective oecuménique, la vie de chaque Eglise membre à la lumière de ces quatre questions. Mises ensemble, nos réponses édifieront notre vie commune et affermiront notre témoignage dans le monde. Aucune tâche n'est plus importante que celle-ci. Ces quatre préoccupations devraient servir de référence à toutes les activités du COE.

Cette démarche ne sera possible que si dans la période à venir, nous changeons radicalement le style de travail du COE, en bâtissant sur des valeurs et des méthodes nouvelles. Comme l'a affirmé notre secrétaire général, nous n'avons pas le droit de rentrer simplement chez nous et de continuer "à vaquer à nos affaires oecuméniques comme si rien ne s'était passé". Au contraire, nous devons engager nos Eglises à s'investir dans cette vocation commune de manière intense, imaginative et responsable, et orienter dans ce sens notre vie commune au sein du COE. Ainsi, par cet engagement oecuménique essentiel, nous serons guidés vers l'avenir de Dieu.

Recommandation
Ce rapport expose à la fois le contenu du programme et le cadre qui doit permettre de préciser et d'orienter les activités futures du Conseil au cours de la période à venir. Le Comité d'orientation du programme n'a pas pu intégrer entièrement le contenu du programme dans le cadre proposé. C'est pourquoi nous recommandons qu'un petit groupe de travail issu de l'Assemblée poursuive cette tâche en vue de la réunion du Comité central d'août 1999.

Documents de base

  1. Texte de la lettre des enfants
  2. Notes prises durant les deux étapes des réunions d'information-débat et pendant les activités du Padare
  3. Rapports initiaux des deux étapes des réunions d'information-débat
  4. Rapports du Comité des questions d'actualité
  5. Rapport du Comité d'examen des directives II
  6. Plan d'action du COE sur l'annulation de la dette
  7. Lettre du Festival de la Décennie "De la solidarité à la responsabilité"
Les documents qui ont été soumis par des délégués à titre individuel seront pris en compte dans la réflexion qui donnera suite aux travaux de l'Assemblée.



Messages des responsables religieux et politiques

Table des matières
Huitième Assemblée et Cinquantenaire

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