Conseil oecuménique des Eglises
COMITÉ CENTRAL
Potsdam, Allemagne
29 janvier - 6 février 2001
Document No. PRII 3


Pour examen et décision

RAPPORT DU COMITE D'EXAMEN DES DIRECTIVES II

Remarques préliminaires
1. Le Comité d’examen s’est rappelé sa tâche, qui consiste à porter une réflexion, pour en faire part au Comité central, sur les questions qui ont surgi et les tendances qui se sont manifestées au cours des délibérations de la session du Comité central et qui peuvent avoir une importance pour l’ordre du jour oecuménique et la poursuite de notre cheminement d’Eglises, tant individuel que collectif.

2. Le Comité d’examen était notamment chargé des six tâches suivantes :
(i) faire la synthèse des réactions des membres du Comité central face aux défis de notre époque, réactions exprimées dans le cadre des petits groupes, des réunions régionales et à d’autres occasions ;
(ii) examiner le projet de message sur le lancement de la Décennie « vaincre la violence » (DVV) ;
(iii) examiner la place et le rôle des séances plénières régionales du Comité central et formuler des conseils sur la manière de leur donner plus d’importance, afin de permettre un examen de l’ordre du jour oecuménique dans la perspective des Eglises membres de la région concernée ;
(iv) formuler des conseils sur les réponses oecuméniques qu’il convient de donner aux séances plénières consacrées à l’économie et à la violence ;
(v) examiner le projet de note sur les changements climatiques transmis par le Comité exécutif ;
(vi) exprimer, comme l’a demandé le Comité central, son appréciation des activités d’ACT.

3. Le Comité s’est préoccupé de deux questions concernant le déroulement et le calendrier de la réunion du Comité central : (i) le fait que les padare, éléments importants du processus de définition et d’identification des questions et tendances, ont eu lieu après les deux journées consacrées aux réunions des comités ;
(ii) le fait que les plénières sur la DVV ont eu lieu le samedi, ce qui a privé le Comité de la possibilité de prendre en compte les points de vue exprimés en ces occasions lors de l’élaboration de ses recommandations sur le contenu du message concernant la DVV ; étant donné l’importance accordée à ce sujet par le rapport du président et l’intérêt que ce texte a suscité, il aurait été préférable pour le déroulement et l’efficacité des travaux du Comité de fixer ces plénières plus tôt dans la semaine.

Décennie « vaincre la violence »
4. Le Comité central a pris connaissance samedi du message élaboré par le Comité d’examen, à la suite de l’étude approfondie d’un projet rédigé par le président du groupe DVV. Ce message figure en annexe au présent rapport.

Rapports du président et du secrétaire général
5. Le Comité a pris connaissance avec satisfaction des rapports du président et du secrétaire général et des nombreuses considérations intéressantes qu’ils contenaient. La discussion a porté notamment sur la question de l’usage de la violence « en dernier recours ». Différents points de vue ont été exprimés au sein du Comité concernant cette question et la possibilité de parvenir à s’accorder sur une définition de la violence. Le Comité a constaté qu’il y a un lien entre l’appel à l’unité (être l’Eglise ensemble) et les efforts pour vaincre la violence. Le témoignage de l’Eglise et des chrétiens consiste à résister à la culture de la violence, et la non-violence devrait être l’attitude normale des chrétiens. Là où la violence se manifeste, il faudrait en priorité oeuvrer en faveur de la réconciliation plutôt que de formuler des théories abstraites : de telles expériences sont toujours instructives, en même temps qu’elles contribuent à nous transformer. Les processus d’édification de la paix et de la communauté sont toujours ardus et souvent coûteux, notamment là où les pressions sont particulièrement fortes, par exemple lorsque la violence se manifeste entre les religions ou dans la vie même des Eglises ; dans de tels cas, il est indispensable d’agir.

6. Dans le cadre des activités de la DVV au sein du COE et dans les Eglises aux niveaux régional, national et local, le Comité estime qu’il est nécessaire d’aider les Eglises à demeurer fidèles, dans le contexte qui est le leur. Il reconnaît que cela implique d’accepter une certaine ambiguïté, d’admettre que la violence est structurelle et présente de nombreux aspects et qu’il peut y avoir des situations dans lesquelles les chrétiens ont le sentiment de « ne plus avoir de joue à tendre » et que dans de tels cas, ceux qui n’ont plus d’autre possibilité que d’accepter des compromis ne devraient pas être jugés. La seule voie qui permette d’aller de l’avant est la voie de la croix et de la promesse d’une vie nouvelle en Jésus-Christ. D’un autre côté, les Eglises ne doivent jamais oublier leur vocation de diffuser le message qui est le leur et d’incarner l’Evangile, car elles ont reçu le pouvoir et l’inspiration d’apporter la réconciliation. Même dans des sociétés essentiellement laïques, l’autorité morale des Eglises continue à être respectée lorsqu’elles font preuve d’intégrité, mais elles ont le devoir de se tenir informées dans le domaine politique ; lorsque surgissent des problèmes liés à la violence structurelle, c’est souvent en posant des questions pertinentes que les chrétiens peuvent apporter une contribution efficace.

7. S’il importe de souligner que la DVV est un processus dans lequel les Eglises doivent jouer un rôle prédominant aux niveaux régional, national et local, plutôt qu’un programme du COE, nous recommandons au COE de veiller à manifester sa participation
(i) en faisant office de « centrale de communication », en cernant et mettant en évidence certaines situations et expériences particulières, en encourageant le partage de modèles, d’études de cas et d’idées propres à favoriser l’inspiration mutuelle ;
(ii) en coordonnant les activités au niveau mondial ou transrégional, par exemple en étudiant les possibilités de procéder à une réflexion théologique novatrice, centrée sur la personne du Christ, et à une analyse contextuelle ;
(iii) en jouant un rôle d’accompagnant, pour élargir la portée et accroître le potentiel des initiatives prises dans des Eglises ou des régions particulières, en mettant l’accent sur un processus centré sur les personnes qui rassemble les groupes et mouvements engagés dans l’édification de la paix dans la région concernée.

8. Le Comité a transmis au Comité d’examen III un certain nombre de commentaires sur « être l’Eglise » et « l’espace oecuménique » qui ont été formulés lors de la discussion du rapport du secrétaire général et au sein des petits groupes.

Alliance oecuménique « agir ensemble »
9. Le Comité a pris connaissance avec intérêt d’un certain nombre de détails relatifs à l’Alliance oecuménique « agir ensemble » mise en place en décembre dernier, qui est coordonnée au sein du COE. Il s’est intéressé au style de travail que l’Alliance entend adopter : va-t-elle être une ONG semi-autonome ou incluera-t-elle les Eglises ? Le Comité recommande que l’on prenne des mesures en vue d’encourager une coopération directe et régulière entre l’Alliance et les Eglises.

Mondialisation économique : point de vue critique et solution de rechange
10. Le Conseil oecuménique a été chargé par l’Assemblée de Harare de mettre le défi de la mondialisation au centre de l’ordre du jour oecuménique. On a souhaité que le travail dans ce domaine s’inspire des initiatives prises par les Eglises, les groupes oecuméniques et les mouvements sociaux, qu’il soutienne ces milieux et les encourage à collaborer, à agir et à former des alliances avec d’autres partenaires de la société civile qui s’intéressent à des questions touchant la mondialisation. Celle-ci est un processus historique qui se déroule en plusieurs vagues. Certains milieux, dont les populations autochtones, considèrent la mondialisation économique comme une nouvelle vague de colonialisme. Sous sa forme la plus récente, elle consiste à n’accorder d’importance qu’aux seules valeurs économiques. La mondialisation économique effrénée détruit les communautés, sape les valeurs spirituelles et menace l’environnement naturel. Elle concentre le pouvoir et la richesse entre les mains d’un petit nombre de personnes.

11. Deux ans après l’Assemblée, la mondialisation économique ne cesse de s’intensifier, mais les voix de ceux qui s’y opposent sont aussi toujours plus fortes. Les Eglises membres du COE et des mouvements de la société civile sont maintenant appelés à redoubler d’efforts pour corriger les injustices croissantes causées par la mondialisation et ses effet destructeurs sur les humains et la création. Grâce aux récits présentés en plénière, les membres du Comité central ont pris conscience des conséquences de la mondialisation au niveau local et des solutions de rechange novatrices élaborées par les communautés. Les orateurs ont bien montré que les réactions inspirées par la foi donnent aux gens les moyens de résister aux forces de la mondialisation économique et qu’une action concertée peut être efficace. Au cours de la séance plénière consacrée à l’économie et de la discussion qui lui a fait suite, les membres du Comité central réunis à Potsdam ont souligné la nécessité d’agir immédiatement et de manière concertée et réfléchie, sur la base d’informations sûres.

12. La logique de la mondialisation économique s’oppose à la vision que le mouvement oecuménique a de l’unité de l’humanité et de la création de Dieu, de toute l’économie de la vie. La mondialisation fait fi de la primauté de la dignité de la personne humaine, créée à l’image de Dieu, qui trouve son accomplissement dans la communauté. L’anthropologie qui inspire la mondialisation économique considère les humains comme des individus plutôt que comme les membres d’une communauté, comme des concurrents plutôt que comme des coéquipiers, comme des êtres purement matérialistes, dépourvus de toute spiritualité. La mondialisation économique menace la diversité des cultures et elle touche même les Eglises en favorisant une religion de « consommateurs » et un style de ministère inspiré des méthodes commerciales.

13. L’urgence de ce problème exige que le COE, s’inspirant de l’expérience de ses Eglises membres, s’engage au niveau mondial et fasse entendre son témoignage prophétique. Le Comité a pris conscience du fait que l’attention prioritaire accordée à la mondialisation, selon le souhait formulé à Harare, exige des efforts mieux coordonnés des équipes du secteur « Etude et action » et leur collaboration avec celles du secteur « Relations ».

14. Le Comité recommande ce qui suit :
(i) Sous les auspices du secteur « Etude et action », les Eglises membres et le COE élaboreront une analyse théologique oecuménique globale de la mondialisation économique et de ses effets sur les Eglises, et offriront un cadre théologique à la recherche de solutions de rechange. Ce travail comprendra des études, des échanges d’informations et des ateliers de formation. Le Comité central encouragera la poursuite de la coopération avec les partenaires oecuméniques dans ce domaine, par exemple avec l’Alliance réformée mondiale et son travail relatif à la justice économique.

(ii) Le COE renforcera ses efforts en faisant appel à des représentants d’Eglises touchées par la mondialisation économique, d’organisations oecuméniques, de mouvements sociaux, d’institutions de recherche et de personnes expertes en ces matières. Le COE participera à l’élaboration d’une réponse aux défis de la mondialisation économique qui s’inspire d’initiatives locales, afin de pouvoir s’engager efficacement au niveau mondial. Ces activités comprendront, entre autres,
(a) l’élaboration de lignes directrices pour les Eglises, visant à aider les Eglises membres et les organisations oecuméniques à répondre de manière cohérente aux institutions favorables à la mondialisation économique ;
(b) le partage d’informations propres à faire connaître les effets néfastes de la mondialisation.

(iii) Le COE mettra l’accent sur la recherche de solutions de rechange à la mondialisation économique, fondées sur les valeurs chrétiennes et portant sur les trois domaines suivants :

  • transformation de l’économie mondiale de marché actuellement en place, pour y inclure l’équité et les valeurs fidèles à l’enseignement et à l’exemple du Christ ;
  • développement du commerce équitable ;
  • promotion d’un système financier juste, débarrassé de l’asservissement de l’endettement, des pratiques corrompues et des profits excessifs dus à la spéculation.

    (iv) Le COE intégrera la violence d’origine économique dans le processus de la DVV. Il est encouragé, de même que ses Eglises membres, à entreprendre des études sur la violence économique et à multiplier ses activités de défense des causes dans ce domaine.

    Plénière sur l’Europe
    15. Le Comité a réfléchi à ce qui s’était passé durant la plénière sur l’Europe, consacrée au thème « Réconciliation, vérité et justice ». Il recommande que les questions suivantes soient étudiées de manière plus approfondie par le COE et les Eglises :
    (i) les défis de la sécularisation et de l’esprit de consommation et la quête d’une spiritualité plus profonde - la place des Eglises dans la société et les relations entre l’Eglise et l’Etat ;
    (ii) les questions de l’identité - diversité, racisme, souveraineté nationale, problèmes vécus par les migrants et les personnes déracinées ;
    (iii) le fossé entre riches et pauvres en Europe et les relations de l’Europe avec le reste du monde ;
    (iv) la place de la repentance et du pardon dans la promotion de la réconciliation :

    (a) éclaircissement de la distinction entre justice distributive et justice réparatrice ;
    (b) nécessité pour les Eglises d’affronter leur héritage historique (par exemple concernant le colonialisme, les discriminations et l’intolérance religieuses, l’apparition de régimes totalitaires extrémistes dans des cultures chrétiennes) en relevant les défis du présent et de l’avenir.

    16. Le Comité recommande que, dans la réflexion sur ces questions, on ait conscience de l’importance du partage des expériences, des modèles et des idées en rapport avec les processus de réconciliation. De tels dialogues peuvent contribuer à rétablir la dignité et l’humanité de toutes les personnes impliquées, qu’elles figurent parmi les victimes ou les auteurs des crimes.

    Plénières régionales
    17. Le Comité affirme la valeur des plénières régionales qui, à la fois, fournissent des informations contextuelles et mettent en lumière des questions dont l’importance dépasse largement le cadre de la région concernée. Il recommande au Comité central de poursuivre les préparatifs d’une plénière sur l’Asie qui se tiendrait lors de sa prochaine réunion, en prenant en compte les points suivants :
    (i) on accordera une plus grande attention aux liens entre les problèmes mis en évidence et les intérêts d’autres régions ;
    (ii) on recherchera et on imaginera des moyens de suivre les questions soulevées ;
    (iii) dans le déroulement et l’organisation de la plénière régionale, on réservera une plus large place au dialogue et à l’interaction, et en particulier à l’expression des visions et des perspectives d’autres régions ;
    (iv) en plus de la présentation elle-même, on préparera un document de base et d’analyse analogue à celui qui avait été préparé pour la plénière sur l’Afrique lors de la réunion de 1999 à Genève.

    Changements climatiques
    18. Cette question a été renvoyée par le Comité exécutif. Le Comité d’examen, soulignant que le COE travaille sur le thème des changements climatiques depuis une douzaine d’années et que les Eglises membres s’intéressent toujours plus concrètement à la question, et considérant aussi que le travail sur les changements climatiques constitue un aspect important de l’étude plus large des questions écologiques et théologiques placée sous le signe de la « terre oecuménique », recommande au Comité central du COE de prendre les décisions suivantes :

    Le Comité central
    (i) exprime sa déception face à l’échec de la Conférence internationale sur les changements climatiques parrainée par l’ONU, réunie à La Haye du 13 au 25 novembre 2000, qui n’est pas parvenue à un accord sur la mise en oeuvre du Protocole de Kyoto, et encourage la poursuite des négociations en mai 2001, et éventuellement plus tard, en vue de parvenir à un accord propre à affronter efficacement le problème des changements climatiques ;
    (ii) réaffirme la position du COE selon laquelle ce sont les pays industrialisés qui portent la responsabilité morale principale de l’accélération des changements climatiques, et que par conséquent ce sont eux qui doivent prendre la tête des efforts nécessaires pour agir efficacement afin d’en réduire les causes ;
    (iii) affirme que, lors des prochaines négociations, les gouvernements devraient « recentrer les négociations en matière de changement climatique sur des options qui remplissent les critères d’efficacité écologique, d’équité, de responsabilité et de rentabilité en donnant priorité aux méthodes qui réduisent les émissions dans les pays à taux élevé de pollution par habitant » (Déclaration du Conseil oecuménique des Eglises sur les changements climatiques, publiée à l’occasion de la Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, La Haye, novembre 2000) ; dans la période récente, l’orientation prioritaire des négociations a moins porté sur les actions visant à protéger l’environnement et les populations menacées que sur le souci de créer des occasions d’échanges commerciaux dans la ligne du processus général de mondialisation ;
    (iv) demande aux Eglises membres du COE, en particulier dans les pays industrialisés, de renforcer leurs initiatives en vue d’encourager leurs gouvernements à adopter dans les négociations des positions propres à favoriser des réductions réelles significatives des émissions dans les pays industrialisés ; le Comité central du COE apprécie les efforts faits par les Eglises membres avant la Conférence de La Haye pour établir le dialogue avec leurs gouvernements, et espère qu’elles intensifieront encore leur action en ce sens ;
    (v) recommande et encourage les initiatives prises par les Eglises membres pour favoriser une meilleure intendance des ressources de la part des paroisses et de leurs membres ;
    (vi) encourage le COE à poursuivre son travail sur les changements climatiques en s’efforçant de suivre les négociations intergouvernementales, de soutenir les activités régionales dans les pays en développement, d’établir des liens avec d’autres programmes de travail dans le domaine de la mondialisation économique, et en nouant des contacts avec des organisations de populations autochtones à l’oeuvre sur les questions des changements climatiques et de la biodiversité.

    Action commune des Eglises (ACT)
    19. ACT est un instrument efficace dont les Eglises se servent pour accomplir le ministère diaconal auquel l’Evangile appelle les Eglises et les chrétiens. L’association ACT s’insère dans la vie des structures oecuméniques et de leurs institutions, dont elle est partie intégrante. ACT est une expression de l’engagement diaconal des Eglises et du mouvement oecuménique.

    20. Le Comité central fait l’éloge du travail accompli par le Bureau de coordination d’ACT, l’équipe du personnel de Genève avec à sa tête Thor-Arne Prois, et les collaborateurs sur le terrain. Grâce à eux, non seulement l’ampleur des secours d’urgence fournis par l’intermédiaire d’ACT a augmenté, mais les relations oecuméniques et les liens entre partenaires se sont renforcés. Nous notons en particulier les colloques régionaux organisés par le coordinateur d’ACT durant les mois écoulés, et nous approuvons vigoureusement la poursuite du processus de consultation. Nous sommes particulièrement heureux que l’association ACT, créée en 1995, ait agi d’une manière aussi responsable et efficace dans le domaine du ministère diaconal.

    21. Le Comité recommande qu’en ce moment où les structures de direction et de gestion d’ACT sont soumises à un examen et à des changements menés avec l’accord des organismes fondateurs, la Fédération luthérienne mondiale et le COE (comme l’ont mentionné les membres du Bureau dans leur rapport à la suite du récent Comité exécutif), le Comité central affirme et approuve les activités d’ACT.

    Racisme : note de préoccupation
    22. Le Comité s’est penché sur la note de préoccupation ci-après, soumise par les participants à une réunion commune des membres africains et asiatiques du Comité central.

    (i) A la suite de la plénière sur l’Europe, les membres du Comité central d’Afrique et d’Asie réunis pour une séance régionale commune s’associent à l’inquiétude exprimée par l’Assemblée Mac Charles Jones des Africains et des Africains en diaspora (MAC-AAD) face au racisme et formulent la réaction suivante :

    (ii) Lors du lancement par l’UE de l’Année contre le racisme en 1997, le président de l’UE de l’époque, le Premier ministre néerlandais Wim Kok, déclarait que « le racisme est la question la plus importante à laquelle l’Europe soit confrontée ». Le COE joue depuis longtemps un rôle majeur dans la lutte contre le racisme. Sa lutte contre le mal que constitue le racisme se fonde sur sa conviction théologique solide de la dignité et de l’égalité de tous aux yeux de Dieu. Elle s’enracine dans l’affirmation selon laquelle chaque personne humaine est créée à l’image de Dieu ; en assumant notre humanité en Christ, Dieu a sanctifié la vie humaine. En conséquence, le racisme est un affront infligé au message fondamental de l’Evangile. Cette conviction a été au coeur de la décision du COE de lancer le Programme de lutte contre le racisme, et c’est cette même conviction de la dignité et de l’humanité de toutes les personnes qui est la base de la vie de l’Eglise en tant que communion.

    (iii) Les structures bureaucratiques de l’Europe actuelle imposent des contrôles sur les immigrants et les requérants d’asile. Sous l’inspiration de l’idée de « forteresse européenne », cette question est traitée comme une préoccupation de sécurité nationale. L’entrée en Europe est restreinte même aux voyageurs et visiteurs authentiques. Soumis à des vexations et humiliations multiples, ils sont traités en réfugiés potentiels. Nous accueillons avec satisfaction l’étude menée par le COE sur les initiatives des Eglises en vue de vaincre le racisme, la xénophobie et la violence raciale en Europe. Il est réconfortant de noter que les Eglises d’Europe ont soutenu activement les lois humanitaires si difficilement élaborées sur le continent pour protéger et sauvegarder les requérants d’asile et les réfugiés. Nous sommes encouragés par la vigoureuse démonstration de solidarité de la population norvégienne qui a manifesté récemment contre le meurtre d’un adolescent noir, Benjamin Harmonsen.

    (iv) Il est malheureux, toutefois, que les gouvernements européens aient entrepris de démanteler ces lois qui visaient précisément à offrir un refuge aux personnes persécutées. La triste réalité d’aujourd’hui est que les Africains, les Africains en diaspora et les Asiatiques qui voyagent en passant par des aéroports européens, même munis de documents en bonne et due forme, font l’objet de discriminations, sont soumis à des interrogatoires et sont maltraités. Obtenir un visa pour assister à une réunion ou voyager en Europe devient de plus en plus difficile aux collaborateurs de l’Eglise originaires d’Asie et d’Afrique. Les attaques contre les étrangers se multiplient dans certaines parties de l’Europe, les éléments extrémistes de droite se déchaînent, suscitant une crainte croissante pour leur sécurité parmi les Asiatiques, les Africains et les Africains en diaspora qui se rendent en Europe. Certains membres du Comité central en route pour assister à la présente session ont été victimes de tels traitements.

    (v) En septembre 2001, le COE et ses Eglises membres participeront à la Conférence mondiale des Nations Unies contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée, qui se déroulera en Afrique du Sud. Nous sommes reconnaissants que le COE continue à s’engager sur cette importante question. La Décennie « vaincre le racisme » (DVV) nous incite tous à nous opposer à l’inégalité, à l’inéquité, à l’injustice et à la brutalité. Nous sommes tous mis au défi d’exprimer notre honte, notre colère et notre profonde inquiétude face au racisme. Répondons au racisme en termes clairs et non équivoques. Nous appelons les Eglises à multiplier leurs efforts de promotion de la justice raciale dans leurs contextes respectifs.

    (vi) Nous appelons le COE à renforcer sa lutte contre le racisme et la violence raciale et à envisager une présentation en plénière sur ce thème lors de la prochaine réunion de son Comité central.

    23. Le Comité reconnaît que les problèmes de discrimination décrits dans la note de préoccupation sont vécus concrètement par des personnes de plusieurs autres parties du monde. Il recommande au Comité central de prendre en compte ces préoccupations et d’inscrire au programme de sa prochaine réunion une séance qui donnera aux membres du Comité l’occasion de réfléchir utilement à l’expérience de la Conférence mondiale des Nations Unies contre le racisme et la discrimination raciale.


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