Conseil oecuménique des Eglises
COMITÉ CENTRAL
Potsdam, Allemagne
29 janvier - 6 février 2001
Document No. PI 6.2


Adopté

RAPPORT DU COMITÉ DES QUESTIONS D'ACTUALITÉ

Le Comité des questions d’actualité remercie les membres du Comité central qui, par leurs propositions et leurs conseils, l’ont aidé à élaborer les textes sur les questions d’actualité présentés ci-dessous en vue d’une décision. Pour faciliter le travail de cette dernière séance plénière consacrée aux questions d’actualité, nous avons distribué aux membres du Comité central le document PI 6.1 pour qu’ils l’examinent et formulent leurs commentaires. Nous avons pris en considération toutes les réponses reçues et modifié les projets de propositions en tenant compte d’un certain nombre de ces commentaires.

Pour l’information du Comité central, nous précisons ce qui suit :

DECISIONS SUR LES QUESTIONS D’ACTUALITE RECOMMANDEES PAR LE COMITE EXECUTIF

I. Déclaration sur la situation au Soudan

1. Informations générales. Le conflit qui fait rage au Soudan figure au nombre des préoccupations oecuméniques depuis une trentaine d’années. Les causes de ce conflit ésident dans l’esclavage et le colonialisme qui ont marqué l’histoire du pays et remontent à 1956, lorsqu'il devint indépendant de la Grande-Bretagne. Aujourd’hui toutefois, la situation semble s’être encore compliquée depuis l’époque, il y a trente ans, où ce conflit a éclaté. Voici quelles en sont les causes principales :

2. Dès 1971, le COE, en coopération avec la CETA, a participé activement aux efforts de médiation entre le Mouvement de libération du Sud-Soudan (SSLM - South Sudan Liberation Movement) et le gouvernement soudanais, démarches qui ont abouti à l’Accord de paix d’Addis-Abeba de 1992. Cet accord, qui avait permis de parvenir à un cessez-le-feu et à une réforme importante du gouvernement d’un Soudan uni, n’a pas pu se maintenir et une nouvelle guerre civile a éclaté.

3. Face à une intensification des hostilités, le Comité central du COE a adopté en août 1992 une note sur le Soudan, qui exprimait sa préoccupation concernant le sud, l’est et l’ouest du pays, où des milliers de civils, et notamment des enfants, avaient été déplacés. Il appelait les Nations Unies à promouvoir un cessez-le-feu et un désengagement des troupes combattant au Sud-Soudan, ainsi qu’une reprise des négociations d’Abuja qui étaient au point mort. Le Comité central réaffirmait la nécessité pour le COE de rester en contact avec les parties au conflit et de participer aux efforts visant à promouvoir une paix juste et durable.

4. En septembre 1997, le Comité central a adopté une déclaration sur le Soudan, où il saluait la position commune que des responsables des Eglises du Soudan du Nord et du Sud avaient énoncée dans le document intitulé « Here We Stand United in Action for Peace » (Unis dans l’action pour la paix). Ce document appelait les factions armées engagées au Sud-Soudan à mettre fin à la guerre et à entamer un dialogue de paix entre elles et avec le gouvernement du Soudan. Le Comité central priait instamment toutes les parties, leurs partisans à l’étranger, ainsi que tous ceux qui cherchaient à contribuer à négocier la paix, de soutenir la reprise du processus de paix de l’IGAD, d’y coopérer et d’entreprendre leurs diverses démarches dans le cadre des principes de l’IGAD.

5. Les Eglises soudanaises ont déployé des efforts incessants pour promouvoir la paix à tous les niveaux. Le Nouveau Conseil des Eglises du Soudan a entrepris dans ce sens une démarche novatrice d’une grande portée, en organisant une série de conférences de paix « de peuple à peuple » au Sud-Soudan. Au cours de ces rencontres, on est parvenu à régler un certain nombre de conflits ethniques et communautaires, à susciter un espoir et à établir une certaine stabilité dans quelques-unes des régions les plus touchées par la guerre.Le Conseil des Eglises du Soudan basé à Khartoum a également élaboré un programme dynamique de promotion de la paix avec la participation de la base, notamment des femmes et des jeunes.

6. Au niveau régional, le processus de paix de l’IGAD, dont on attendait beaucoup et qui avait suscité, à ses débuts, de grandes espérances, lorsque les parties au conflit avaient adopté la Déclaration de principes, est actuellement en perte de vitesse, malgré le zèle et les efforts que déploient le secrétariat de cette organisation et les Etats du Nord, membres du Forum des partenaires de l’IGAD, pour assurer la poursuite des négociations. Mais tout cela n’a pas suffi à écarter l’obstacle principal que constituent les réticences dont fait preuve le gouvernement soudanais lorsqu’il s’agit d’adopter le principe de la séparation de la religion et de l’Etat et d’appliquer dans son intégralité la Déclaration de principes de l’IGAD. En conséquence, l’impatience qui se fait jour, face à la lenteur des négociations, a conduit la population du Sud-Soudan et ses Eglises à réclamer avec insistance l’autodétermination et l’indépendance par rapport au Nord.

7. Situation actuelle. A la fin des années 90, la prospection pétrolière entreprise par le gouvernement au Sud-Soudan, avec la coopération de compagnies occidentales et asiatiques, a abouti à la production de près de 150 000 barils par jour dans la région du Haut Nil (Upper Nile). La production pétrolière a contribué à l’escalade du conflit et au durcissement du gouvernement, déterminé à rechercher une solution militaire. Les Eglises du Soudan, avec l’appui de leurs partenaires oecuménique s de l’étranger, ont exigé que les revenus pétroliers soient équitablement répartis et utilisés pour améliorer les conditions de vie de la population, au lieu de financer l’achat d’armements perfectionnés.

8. Dès le début de la guerre au Sud-Soudan, le gouvernement a fait usage de son armée de l’air. Mais depuis peu, les raids aériens à haute altitude ont pris pour cible des civils et ont fait un nombre croissant de victimes. Des régions très peuplées comme Kotobi et Lui ont été bombardées à plusieurs reprises, et on déplore des pertes en vies humaines et des dégâts matériels. L’une de ces attaques s’est produite dans la ville de l’évêque Paride, peu après son intervention à la Huitième Assemblée du COE à Harare. Les membres du Bureau du Comité central du COE ont immédiatement adressé une protestation vigoureuse au gouvernement soudanais, par le truchement de son ambassade au Zimbabwe.

9. Ces bombardements incessants ont accru les souffrances d’une population déjà prisonnière d’un conflit dont on ne voit pas la fin. Ils n’ont pas épargné non plus les ONG chargées de missions humanitaires et ont détruit les avions de certaines d’entre elles. Ces frappes aériennes ont fini par attirer l’attention de l’opinion internationale. Elles ont été interrompues momentanément au milieu de l’année dernière , après une intervention de Kofi Annan, secrétaire général de l’ONU, mais elles ont repris de plus belle par la suite. Le 29 décembre 2000, l’armée de l’air soudanaise a bombardé la cathédrale de l’Eglise épiscopale de Lui, dans la province d’Equatoria, et l’a entièrement détruite. Les raids se poursuivent sans discontinuer et font un nombre important de victimes.

10. Le Comité central du Conseil oecuménique des Eglises, réuni à Berlin du 29 janvier au 6 février 2001, profondément conscient de la souffrance intolérable infligée aux populations soudanaises, notamment celles du Sud, par plus de trente ans de guerre civile :

10.1 appelle le gouvernement du Soudan à cesser immédiatement les bombardements des objectifs civils au Sud-Soudan, dans les monts Nouba, dans le sud de la province du Nil bleu et dans d’autres zones reculées, et à respecter le droit international ;

10.2 demande que l’on déclare dans ces régions des zones interdites au survol, en prévoyant toutefois des couloirs protégés pour les appareils transportant les secours humanitaires ;

10.3 prie instamment le gouvernement du Soudan, la SPLA et les autres parties au conflit de respecter la Convention de Genève et de permettre à des observateurs indépendants de suivre la situation ;

10.4 rappelle au gouvernement du Soudan les responsabilités qui lui incombent d’assurer la sécurité de tous ses citoyens, aussi bien dans le nord que dans le sud du pays ;

10.5 note avec inquiétude que le gouvernement du Soudan affecte les revenus pétroliers à l’effort de guerre, contribuant à l’escalade des combats dans le sud du pays, au lieu de les employer à satisfaire les besoins urgents des victimes des hostilités ;

10.6 demande aux Eglises membres d’intervenir auprès des gouvernements et des compagnies pétrolières dans leurs pays et de faire pression sur eux afin d’obtenir l’arrêt de l’exploration et l’exploitation pétrolières au Sud-Soudan jusqu’à ce qu’un accord de paix soit conclu entre les parties ;

10.7 réitère sa conviction que pour parvenir à une paix durable au Soudan, il faut mener des négociations avec l’appui des Etats partenaires de la région, sur la base de la Déclaration de principes formulée dans le cadre du processus de paix de l’IGAD ;

10.8 assure les Eglises du Soudan que le Conseil oecuménique des Eglises continue de les soutenir de ses prières dans leurs efforts de paix ;

10.9 appelle les Eglises membres du COE à intensifier leurs efforts pour encourager et soutenir l’initiative de paix prise conjointement par le Conseil des Eglises du Soudan et le Nouveau Conseil des Eglises du Soudan; et

10.10 prie instamment les Eglises et les institutions qui leur sont liées de continuer à apporter au Soudan les secours humanitaires nécessaires aux réfugiés et aux personnes déplacées, à ceux qui vivent dans des conditions de pauvreté extrême et aux victimes de la guerre, en particulier aux personnes handicapées à la suite de blessures de guerre, de l’explosion de mines ou de bombardements.

RECOMMANDATION : Le Comité des questions d’actualité recommande l’adoption de cette déclaration.



II. Note sur la situation en Terre sainte après le deuxième soulèvement palestinien

Dans un appel du 9 novembre 2000, les treize Eglises orthodoxes, orthodoxes orientales non chalcédoniennes, catholique et protestantes de Jérusalem ont exprimé cette conviction :

L’Eglise considère qu’un peuple occupé a le droit et non seulement le devoir de combattre l’injustice afin de se libérer ; mais elle considère aussi que les moyens non violents sont supérieurs et beaucoup plus efficaces. Aussi, les deux parties doivent-elles faire preuve du courage nécessaire, dans leur coeur comme dans leur esprit, pour examiner les racines du conflit, afin que le peuple palestinien puisse enfin acquérir sa pleine liberté dans un Etat viable qui lui appartienne. Il est essentiel à présent de mettre en oeuvre les principes de la légitimité internationale en appliquant les résolutions des Nations Unies qui ont force obligatoire. Pareil courage est un signe de sagesse et de clairvoyance et représente une condition indispensable à une paix durable. » (Extrait de « A Faithful Appeal », 9 novembre 2000)

Le Comité central exprime sa profonde tristesse et sa grande inquiétude devant la nouvelle escalade de la violence dans les territoires autonomes et les territoires occupés palestiniens ainsi qu’en Israël au cours de ces quatre derniers mois. Cette violence a fait de très nombreuses victimes, surtout parmi les jeunes et les enfants palestiniens. Le Comité central offre sa consolation à tous les affligés et à tous les endeuillés, et assure les chefs des Eglises et des communautés chrétiennes de Jérusalem de sa solidarité ; il ne cesse de prier pour eux, qui portent dans leurs coeurs et dans leurs esprits la douleur de leurs communautés et de tous les Palestiniens et Israéliens touchés par ce conflit.

Nous partageons la désillusion et la déception qu’éprouvent nos frères et nos soeurs palestiniens. Nous sommes profondément troublés par la discrimination, les humiliations, la ségrégation et l’exclusion systématiques dont les Palestiniens sont victimes et qui les empêchent de circuler librement, notamment de se rendre dans les lieux saints, et nous les déplorons; nous sommes gravement inquiets de voir l’usage disproportionné fait par Israël de la force militaire, le refus d’apporter à temps des secours médicaux aux blessés, les dommages matériels, en particulier la destruction de dizaines de milliers d’oliviers ; nous déplorons le fait que les Palestiniens doivent obtenir une permission spéciale pour entrer dans certaines zones sous juridiction israélienne, que le territoire soit divisé en « cantons », si bien que les terres palestiniennes sont séparées les unes des autres -- tout cela rappelle fortement des politiques que le COE a condamnées par le passé.

C’est pourquoi nous demandons instamment aux Eglises membres du COE de redoubler leurs efforts pour condamner l’injustice et la discrimination sous toutes ses formes, pour faire cesser l’occupation israélienne et pour promouvoir la conclusion d’un accord de paix global et équitable au Moyen-Orient ; nous leur demandons de prier pour la réalisation de ces objectifs. Pour les informer et les aider dans leur action, nous recommandons aux Eglises les documents qui ont été présentés à cette réunion pour examen et décision urgente.

Nous appelons le secrétaire général et le personnel du Conseil oecuménique des Eglises:

RECOMMANDATION : Le Comité des questions d’actualité recommande l’adoption de cette note.



AUTRES DECISIONS SUR DES QUESTIONS D'ACTUALITE

III. Note sur la Colombie

Les Etats-Unis d’Amérique ont approuvé leur « Plan Colombie » et en ont commencé la mise en oeuvre. Ce plan, qui prévoit l’envoi de nouveaux équipements militaires et une nouvelle intervention en territoire colombien, a été condamné par le Conseil des Eglises d’Amérique latine (CEAL) lors de son Assemblée de Barranquilla (Colombie, 14-19 janvier 2001). Ce plan a également été condamné par la « Lettre des exclus », rédigée par les organisations non gouvernementales d’Amérique latine et remise aux Nations Unies l’année dernière.

Les Eglises d’Amérique latine considèrent que ce plan exacerbe la violence alors que la situation est déjà critique en Colombie, et que l’on peut craindre l’extension du conflit à d’autres pays d’Amérique latine. Le fait est que les pays limitrophes sont déjà en train de déployer des troupes sur leurs frontières avec la Colombie, avec pour conséquence que le nombre des réfugiées et des personnes déplacées a très fortement augmenté. En l’an 2000, 38 000 personnes ont été tuées et des milliers d’autres ont disparu, ont été mutilées ou ont dû quitter leur foyer. Les communautés afro-colombienne et autochtones sont particulièrement touchées.

Les Eglises de Colombie sont en contact avec leurs Eglises soeurs d’autres pays, y compris celles des Etats-Unis, pour les tenir au courant de la situation et collaborer avec elles, dans un esprit de solidarité, afin de faire face à la situation. Le secrétaire général du Conseil national des Eglises du Christ des Etats-Unis a récemment conduit une délégation en Colombie, afin d'évaluer l’extension de la violence et de trouver des moyens de soutenir les Eglises de Colombie et de la région.

Convaincu que l’aide militaire ne fait pas avancer la cause de la paix, le Comité central s’associe à la condamnation du Plan formulée par l’Assemblée du CEAL. Il exprime sa solidarité avec la population colombienne, et notamment avec les familles des personnes tuées, mutilées, disparues ou déplacées, ainsi qu’avec les Eglises colombiennes qui oeuvrent en faveur de la paix. Il prie instamment le personnel du Conseil de redoubler d’efforts en faveur d’une paix négociée qui mettra fin à la violence dont la Colombie est victime depuis des décennies.

RECOMMANDATION : Le Comité des questions d’actualité recommande l’adoption de cette note.



IV. Note sur Chypre

Tenant session dans l’Allemagne réunifiée, le Comité central se souvient que c’est pendant sa réunion d’août 1974 à Berlin que les forces armées turques ont envahi Chypre, forçant plus de 250 000 personnes à quitter leur pays et occupant 37% du territoire. Nous renouvelons les appels du Conseil é des Eglises en faveur de la justice, de la paix et de la réconciliation à Chypre et en faveur de la réunification de l’île ; nous assurons une fois encore la population et l’Eglise de Chypre de nos prières constantes : puisse ce long conflit être bientôt résolu par des négociations, et puisse le dernier mur de division en Europe être bientôt abattu.

RECOMMANDATION : Le Comité des questions d’actualité recommande l’adoption de cette note.



V. Note sur l'Indonésie

Le Comité central constate avec douleur et tristesse que la violence entre les communautés dans la région des Moluques, qui s’est déclenchée en janvier 1999, a fait plus de 5000 morts ; environ 500 000 personnes ont été déplacées ; le montant des dommages matériels s’élève à des milliards de roupies. La confiance entre les communautés musulmane et chrétienne est sérieusement ébranlée. Bien que des cessez-le-feu et des trêves aient été conclus à plusieurs reprises entre les deux communautés, ces répits ont été de courte durée et les affrontements ont repris avec une violence redoublée. Les forces de sécurité indonésiennes ont souvent fait preuve d’irresponsabilité et d’incompétence dans l’exécution de leurs tâches et se sont montrées régulièrement incapables de maîtriser les manifestations de violence et de traduire leurs auteurs en justice. En fait, de nombreux indices montrent que les membres de l’armée et de la police indonésiennes ont participé directement à certaines de ces attaques. A ce jour, les autorités du pays n’ont pris aucune mesure disciplinaire contre les coupables.

La situation s’est encore aggravée avec l’intervention organisée du groupe extrémiste islamique « Lashkar Jihad », de Java, dont des milliers de membres se livrent à une « purification religieuse » systématique et à la conversion forcée des chrétiens. Ce groupe, armé et entraîné par une section des forces armées indonésiennes, bénéficie du soutien et des encouragements de personnalités politiques de Jakarta.

Le Comité central, réuni à Potsdam du 29 janvier au 6 février 2001,

RECOMMANDATION : Le Comité des questions d’actualité recommande d’adopter cette note.



DOCUMENT PI 2 REV : LA PROTECTION DES POPULATIONS MENACEES PAR LA VIOLENCE ARMEE : DEFINITION DU POINT DE VUE ETHIQUE DU CONSEIL OECUMENIQUE DES EGLISES

Le Comité central a reçu avant la présente session le document no PI 2, intitulé « L’emploi de la force armée à l’appui d’objectifs humanitaires : point de vue éthique du Conseil oecuménique des Eglises ». Certains membres du Comité central ont répondu à l’invitation qui leur avait été adressée de commenter le document avant la session. D’autres y ont réagi dans le cadre du débat sur le rapport du président et lors d’autres discussions en séance plénière et en comité. D’autres encore ont soumis des commentaires écrits au Comité des questions d’actualité.

Le Comité des questions d’actualité a pris en compte toutes ses réactions et a apporté des révisions substantielles au texte auquel il a donné un titre nouveau : « La protection des populations menacées par la violence armée : définition du point de vue éthique du Conseil oecuménique des Eglises ». Les références spécifiques aux expressions « intervention humanitaire » et emploi de la « force armée » ont été abandonnées au profit d’autres formules.

A la lumière des débats, le Comité a aussi rédigé une nouvelle introduction à ce document, rappelant la décision du Comité central de 1992, selon laquelle : « l’action non violente sera clairement mise en évidence dans les programmes et projets liés au règlement des conflits ». Il rappelle brièvement les divergences qui continuent d’exister entre les points de vue des chrétiens et des Eglises en ce qui concerne la violence et la non-violence et le recours aux armes, débat qui anime le mouvement oecuménique moderne presque depuis sa naissance. Le Comité prend très au sérieux la remarque de la Première Assemblée (Amsterdam, 1948) qui déclarait ceci :

En toute franchise, nous devons reconnaître la perplexité qui nous étreint devant ces opinions opposées et nous mettons sur la conscience de tous les chrétiens de lutter infatigablement contre les difficultés qui en résultent et de demander humblement à Dieu sa direction. Nous croyons qu’il est du devoir des théologiens d’examiner l’aspect théologique de la question. Les Eglises doivent cependant garder dans leur pleine communion tous ceux qui professent sincèrement les opinions diverses que nous venons d’indiquer et qui sont prêts à obéir à la volonté de Dieu, de quelque manière qu’il lui plaise de les conduire.

Pour suivre cette injonction et gardant à l’esprit que ce document est soumis au Comité central durant la session qui verra le lancement de la Décennie « vaincre la violence », le Comité des questions d’actualité s’est efforcé de trouver une formulation qui pourrait rallier un consensus.

Nous ne sommes pas parvenus à dégager ce consensus ; par contre, nous avons réussi à élaborer un document acceptable par tous qui reconnaît les différents points de vue. Nous estimons que, sous cette forme, le document peut-être recommandé à l’attention des membres du Comité central et des Eglises pour étude et réflexion.

Nous exprimons notre gratitude à tous ceux qui ont pris part à ce dialogue tant au sein du Comité des questions d’actualité qu’à l’extérieur, et nous sommes heureux que l’esprit qui régnait parmi nous nous ait aidés à garder dans notre pleine communion « tous ceux qui professent sincèrement » des opinions diverses.

RECOMMANDATION : En conséquence, le Comité des questions d’actualité recommande au Comité central de :

  1. noter et faire savoir aux Eglises qu’il y a eu un large accord sur la nécessité de protéger les populations prises au piège de la violence armée comme l’expose le document d’information ci-après, mais que des divergences demeurent sur l’emploi de la force armée pour protéger les populations menacées par la violence armée ;

  2. recevoir le document et le recommander aux Eglises pour étude, réflexion et utilisation - selon leurs besoins - dans les dialogues qu’elles poursuivent avec les instances de décision, les gouvernements, les organisations internationales, les instituts de recherche, les groupes qui préconisent une intervention civile non violente à large échelle et autres initiatives en faveur de la paix, et la société civile en général ;

  3. inviter les Eglises à communiquer les résultats de ces études, réflexions et dialogues à la Commission des Eglises pour les affaires internationales (CEAI) ; et

  4. prier la CEAI de présenter un rapport au Comité central à une date ultérieure, en consultation avec le Groupe d’examen de la Décennie « vaincre la violence ».

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