Numéro 2
Août 2006

Chers frères et sœurs en Christ,

« A vous grâce et paix de la part de Dieu le Père et du Seigneur Jésus Christ. » (2 Thessaloniciens 1,2)

Nous avons le plaisir de vous communiquer, dans ce numéro de la Lettre œcuménique sur l'évangélisation, les documents essentiels relatifs à deux réunions consacrées à la mission et à l'évangélisation auxquelles nous avons participé récemment.

La première a été le séminaire consacré au thème « La mission, proclamation de l'Evangile - Vers un nouveau programme œcuménique pour l'évangélisation au 21e siècle », qui a eu lieu du 6 au 12 juin 2006 et a été organisé conjointement par l'Institut œcuménique de Bossey et le programme « Mission et évangélisation » du COE.

Comme vous pourrez le lire dans le message final de ce séminaire, entre autres éléments d'un « nouveau programme œcuménique pour l’évangélisation au 21e siècle », les participants ont proposé de lancer une Décennie œcuménique pour une évangélisation commune (2010 - 2020) ainsi qu'un processus « inclusif, diversifié et participatif » pour préparer la célébration du centenaire de la Conférence mondiale des missions qui s'est tenue en 1910 à Edimbourg. Ils ont également suggéré que, dans le contexte de cette célébration, on organise « un vaste rassemblement œcuménique international de la jeunesse pour l'évangélisation ».

L'autre événement dont il sera question ci-après fut la deuxième Assemblée du Conseil de la mission mondiale (CMM) qui s'est tenue à Ocho Rios, à la Jamaïque, du 18 au 27 juin 2006, à l'invitation de l'Eglise unie de la Jamaïque et des îles Caïmans.

Nous espérons que ces deux documents vous seront de quelque utilité dans le cadre de votre ministère.

Evangélistiquement vôtre

Carlos Emilio Ham
Chargé du programme "Evangélisation" du COE


Rapport du séminaire de Bossey
« La mission, proclamation de l'Evangile.
Vers un nouveau programme œcuménique pour l'évangélisation au 21e siècle »
Institut œcuménique de Bossey, 6 - 12 juin 200
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1. Introduction - Objectifs du séminaire

Le séminaire qui s'est tenu à l'Institut œcuménique de Bossey sur le thème « La mission, proclamation de l'Evangile - Vers un nouveau programme œcuménique pour l'évangélisation au 21e siècle », du 6 au 12 juin 2006, a été organisé conjointement par l'Institut œcuménique de Bossey et le programme « Mission et évangélisation » du COE. Il a rassemblé des représentants d'Eglises membres et non membres du COE venus de toutes les régions du monde.

Le thème et l'objectif de ce séminaire ont été définis dans le communiqué suivant :

La Conférence mondiale sur la mission et l'évangélisation organisée par la CME à Athènes (Grèce) en mai 2005 a bien souligné que la mission est participation au ministère de guérison et de réconciliation. L'un des domaines qu'il s'agit d’approfondir est le rôle de la dimension proclamatrice du témoignage chrétien et de la vie de l'Eglise. Ce séminaire de Bossey vise à préciser le contenu et les méthodes de l'évangélisation dans une perspective œcuménique. Il traitera notamment de questions telles que celles-ci :

  • Comment et où annoncer l’Evangile dans un monde où abondent les différences religieuses et culturelles ?
  • Que peut-on suggérer comme moyens efficaces de proclamer l'Evangile au 21e siècle ?
  • Quels sont ceux de ces moyens qui peuvent mener à la réconciliation ?
  • Quelle est la dynamique impliquée dans les signes de guérison qui accompagnent un tel partage ?

Ce sont là quelques-unes des questions que ce séminaire étudiera en s'inspirant des conclusions de la Conférence d'Athènes (mai 2005) et de la Neuvième Assemblée du COE à Porto Alegre (février 2006).

Dans de nombreuses parties du monde aussi bien que dans le mouvement œcuménique en général, il est impératif d'envisager un nouveau programme œcuménique pour l’évangélisation au21e siècle. En outre, l'évangélisation est une dimension importante pour le COE, qui cherche à élargir la conception de l’œcuménisme avec la participation d'Eglises non membres du COE.

2. Déroulement du programme

Globalement, les journées se déroulaient de la façon suivante : le matin, nous commencions par une prière et une étude biblique, dirigées par différents participants. Les matinées étaient en général consacrées à des réunions en plénière au cours desquelles des représentants de différentes traditions ecclésiales présentaient des études de cas sur l'évangélisation dans des contextes socio-politiques ou culturels différents. Les après-midi étaient divisés en deux parties : d'abord, les participants se réunissaient en groupes, ce qui leur donnait l’occasion de discuter avec les personnes qui avaient présenté des exposés dans la matinée ; ensuite venait une discussion en plénière. Au cours de la seconde partie de l'après-midi, nous entendions de nouvelles interventions sur des thèmes particuliers. Le soir, de brèves séances permettaient à différents participants d'évoquer leur propre « pèlerinage de foi » (témoignage personnel). La journée se terminait par une prière.

3. Les participants

Ce séminaire a réuni 36 participants, venus de tous les continents (à l'exception de l'Amérique du Sud). Il y avait des catholiques romains, des luthériens, des presbytériens et des réformés, des pentecôtistes, des baptistes, des méthodistes, des épiscopaliens et des anglicans, des orthodoxes ainsi que des représentants d'Eglises libres. Même compte tenu de la participation d'orthodoxes, une représentation plus large des différentes traditions aurait été souhaitable.

Entre autres participants, nous soulignerons la présence du pasteur Simon Kossi Doussou, de l'Eglise méthodiste du Bénin, président africain du COE ; du pasteur Christoph Anders, récemment élu secrétaire général de l’Evangelisches Missionswerk à Hambourg ; de l’évêque Sandy Millar, de l'Eglise d'Angleterre, fondateur du Alpha Course ; et de l’évêque Pie Ntukamazina, de l'Eglise anglicane du Burundi.

4. Conclusions et recommandations

Les participants ont porté un jugement très positif sur ce séminaire, qui fut marqué par un excellent esprit de coopération et d’engagement. Il s’est en outre avéré être un bon exemple de la manière dont il est possible de discuter avec un esprit ouvert et en toute franchise de certains sujets pouvant provoquer des controverses, tels que la mission, l'évangélisation et le prosélytisme.

Les exposés en plénière, présentés par d'éminents spécialistes, furent d'une très haute tenue. Par ailleurs, nous avons traité de multiples sujets d'un point de vue pratique et pastoral.

Cette réunion donne un bon exemple d'une collaboration plurisectorielle, méthode de travail que nous encourageons actuellement au COE. Cela apparaît d'autant plus important que, à l’heure actuelle, l'Institut œcuménique de Bossey souffre d'une pénurie de personnel.

Le séminaire a nommé un groupe de rapporteurs ; leurs rapports sont disponibles sur demande.

Nous rendons grâce à Dieu et nous remercions les participants, et notamment les principaux intervenants et le personnel de l’Institut, qu'une réunion aussi encourageante et instructive ait pu avoir lieu.

Les participants à ce séminaire ont discuté et adopté le message suivant, qui comporte certaines recommandations.

Message du séminaire de Bossey

Vers un nouveau programme œcuménique pour l’évangélisation au 21Ie siècle
6 - 12 juin 2006

« Une nuit, le Seigneur dit à Paul dans une vision : "Sois sans crainte, continue de parler, ne te tais pas. Je suis en effet avec toi et personne ne mettra la main sur toi pour te maltraiter car, dans cette ville, un peuple nombreux m'est destiné". Paul y demeura un an et six mois, enseignant la parole de Dieu. » (Actes 18,9-11)

La participation au séminaire organisé par le COE à l'Institut œcuménique de Bossey, du 6 au 12 juin 2006, sur le thème « Vers un nouveau programme œcuménique pour l’évangélisation au 21e siècle », nous a beaucoup apporté. Il était tout à fait opportun que le premier séminaire international d'études important organisé par le COE après son Assemblée de Porto Alegre soit consacré à l'évangélisation, et il a constitué un événement exceptionnel. Non seulement il nous a permis de rapprocher ce qui a été dit, à propos de l'unité dans la mission et l'évangélisation, d’une part lors de la Conférence mondiale sur la mission et l'évangélisation qui s’est tenue à Athènes et, d’autre part, lors de l'Assemblée du COE à Porto Alegre ; mais, en outre, il a permis de mettre en lumière des questions et thèmes essentiels pour la coopération œcuménique dans le domaine de l'évangélisation au 21e siècle. 36 représentants d'Eglises membres et d'Eglises non membres ont participé à ce séminaire du COE.

Ce séminaire nous a donné l'occasion de nous rappeler que, globalement, le mouvement œcuménique est enraciné dans une passion commune pour l'évangélisation de ce monde et que la vitalité du mouvement œcuménique dépend dans une large mesure de sa volonté d'évangéliser. Une fois encore, nous avons constaté que, dans le mouvement œcuménique, d’une part certaines Eglises font preuve d'un remarquable zèle pour l'évangélisation et qu'il existe aussi des Eglises en plein développement et des mouvements chrétiens de renouveau, alors que, d’autre part, d'autres Eglises sont confrontées à une diminution dramatique de l’effectif de leurs membres parallèlement à une stagnation de leur dimension évangélisatrice ; que certaines Eglises disposent d'énormes capacités de mission et d'évangélisation alors que d'autres demandent une assistance œcuménique mutuelle pour tenter de retrouver une conception holistique de la proclamation de la Bonne Nouvelle et la volonté de la proclamer (« Passe en Macédoine, viens à notre secours ! » - Actes 2 16,9).

En conclusion de ce séminaire œcuménique international qui s'est tenu au début d'une nouvelle période de travail du COE, et en ce début du nouveau millénaire, nous sommes conscients de son importance stratégique et nous avançons les convictions et propositions suivantes.

– Suite à l'Assemblée de Porto Alegre, il faudrait que le COE redonne, dans ses structures et programmes d'études, une priorité élevée et visible à la coopération œcuménique dans le domaine de l'évangélisation. Alors que nous approchons du centième anniversaire, en 2010, de la Conférence mondiale des missions d'Edimbourg, une volonté commune de retrouver la passion de l'évangélisation pour la transmettre à la prochaine génération de responsables œcuméniques et ecclésiaux constitue la raison d'être fondamentale de l’œcuménisme.

Par ailleurs, si l'on ne donne pas à l'évangélisation la priorité qui lui revient, et donc une place éminente dans les activités du COE, cela ne manquera pas de faire obstacle, à l'avenir, à l'élargissement nécessaire et urgent de la conception de l’œcuménisme ainsi qu'à la collaboration avec les Eglises non membres du COE qui appartiennent tant à la tradition pentecôtiste et charismatique qu'à la tradition évangélique (ce qui est aussi un élément moteur des propositions visant à mettre en place un Forum chrétien mondial). En ce 21e siècle, une préoccupation commune pour l'évangélisation est à la fois un élément clé et un pont stratégique pour la coopération œcuménique entre les Eglises membres du COE et la majorité des Eglises non membres.

– Nous souhaitons fermement que l'on envisage un processus inclusif, multiforme et participatif pour préparer le centenaire, en 2010, de la Conférence mondiale des missions d'Edimbourg. C'est là une occasion unique de rapprocher à nouveau deux objectifs fondamentaux : l'unité des chrétiens, au delà même des membres actuels du COE, et la passion pour l'évangélisation du monde dans ce nouveau contexte qu'est celui du 21e siècle.

– Considérant que le COE a déjà rassemblé une série de documents importants sur une conception commune de la mission (il s'agit d'un ouvrage regroupant des documents clés relatifs à la mission publiés entre 1980 et 2005, publié à l'occasion de la Conférence mondiale sur la mission et l'évangélisation qui a eu lieu à Athènes en 2005), nous encourageons le COE, en coopération avec d'autres organismes (tels que l’Association internationale d'études missionnaires) à envisager aussi la réalisation d’un manuel œcuménique international sur l'évangélisation qui serait publié à l'occasion de ce centenaire en 2010. Ce manuel œcuménique international sur l'évangélisation devrait s’adresser aux instituts d'enseignement religieux, universités et facultés de théologie en général afin de donner une place plus importante aux questions relatives à l'évangélisation dans l'enseignement de la théologie et dans la formation des ministres des Eglises membres et au delà. Ce manuel pourrait reprendre des documents clés sur l'évangélisation déjà publiés par le COE, des études de haut niveau sur la conception, les modèles et la pratique de l'évangélisation dans différentes traditions chrétiennes importantes, y compris celles qui ne sont pas officiellement associées au COE, ainsi peut-être qu'un nouveau document de convergence sur le sens et la portée œcuménique de l'évangélisation en ce début du 21e siècle.

– Nous nous sommes également beaucoup préoccupés de l'avenir de l'évangélisation chez les jeunes et les jeunes adultes, thème qui a tenu une place très importante au cours des premières années du COE et qui a été réaffirmé et souligné lors de la récente Conférence d'Athènes sur la mission et l'évangélisation. Lors de l'Assemblée de Porto Alegre également, on a beaucoup insisté sur la participation des jeunes à l'avenir du mouvement œcuménique en général. Nous proposons que, au cours du processus de préparation du centenaire, en 2010, de la Conférence d'Edimbourg, on envisage et on commence à organiser un Rassemblement œcuménique international des jeunes pour l'évangélisation (ROIJE). Celui-ci pourrait rassembler plusieurs milliers de jeunes chrétiens et de responsables de réseaux de jeunesse, dynamiques et actifs, relevant de nos Eglises du Sud et du Nord, et il se déroulerait en parallèle à la conférence ou célébration officielle de 2010.

Plus particulièrement dans le contexte du vieux continent de l'Europe, qui est depuis quelque temps confronté à des processus de déchristianisation et de sécularisation, on pourrait envisager un vaste rassemblement international d'évangélisation de la jeunesse pour ranimer la flamme et la passion de l'évangélisation chez une nouvelle génération chargée de poursuivre cette tâche au cours du 21e siècle ; cela serait une expression adéquate de la fidélité aux origines mêmes du mouvement œcuménique. Il faudrait demander à tous les grands organismes chrétiens et organisations œcuméniques régionales de participer à la préparation de ce rassemblement. Si le Conseil œcuménique des Eglises, la Fédération luthérienne mondiale, l'Alliance réformée mondiale, le Conseil de la mission mondiale, Syndesmos (Fédération mondiale de la jeunesse orthodoxe), le Conseil œcuménique de la jeunesse en Europe, la Fédération universelle des associations chrétiennes d'étudiants (FUACE), l'Alliance évangélique mondiale, la Conférence des leaders charismatiques, l'Eglise catholique romaine au travers de ses représentants au Conseil des Conférences épiscopales d'Europe (CCEE) et bien d'autres organisations et réseaux voulaient bien participer à la préparation d'un tel événement, ce serait réellement un signe visible de dynamisme et d'une volonté renouvelée d'avancer dans le domaine œcuménique. Avec ce projet, et en synergie avec bien d'autres, le COE pourrait aussi, dans le public, donner de l’élan à une nouvelle génération au début de ce siècle et surtout susciter un certain enthousiasme pour poursuivre l'objectif missionnaire et évangélique pour lequel il a été fondé. Un tel Rassemblement œcuménique international des jeunes pour l'évangélisation (ROIJE) pourraient servir d’« amorce » à d'autres rassemblements de jeunes en rapport avec l'évangélisation, qui pourraient avoir lieu simultanément dans d'autres lieux et villes d'Europe et sur d'autres continents.

– Nous proposons également que l'on fasse des années 2010 à 2020 une Décennie œcuménique pour une évangélisation commune (DOPEC), dont le ROIJE pourrait constituer un point de départ. En proclamant une Décennie œcuménique pour une évangélisation commune qui ferait suite à la Décennie « vaincre la violence », le Conseil œcuménique des Eglises manifesterait qu’il s'engage de façon intégrale et équilibrée tant dans le domaine des problèmes socio-éthiques que dans celui de la mission et de l'évangélisation. Une Décennie œcuménique pour une évangélisation commune contribuerait certainement à ranimer la flamme de l'évangélisation et à donner un nouvel élan aux mouvements de jeunesse qui, au départ, ont été à l'origine du mouvement œcuménique en Europe et dans d'autres régions du monde.

Des projets tels que ceux-là pourraient également être considérés comme une première expression visible et pratique du Forum chrétien mondial envisagé, qui pourrait monter en puissance si était lancé un tel projet dynamisant, notamment, pour les générations futures de responsables chrétiens dans les domaines de la mission et de l’œcuménisme au 21e siècle.

– Nous souhaitons par ailleurs que les documents de ce séminaire de Bossey sur un nouveau programme œcuménique pour l'évangélisation soient repris dans des publications et espaces de communication du COE tels que l’International Review of Mission (IRM), la Lettre œcuménique sur l'évangélisation, le site web du COE et le Réseau œcuménique des évangélistes (sur ecuspace.net).

– Nous proposons que l'on continue à organiser à Bossey d'autres séminaires sur l'évangélisation d'ici à la célébration du centenaire, en 2010, et au delà : en effet les participants ont expressément souhaité que cet institut, unique en son genre, continue à jouer un rôle important en tant que lieu d'échange international permettant aux Eglises membres du COE et aux Eglises non membres, au 21e siècle, d'apprendre les unes des autres dans le domaine de l'évangélisation.

– Nous proposons en outre de rédiger un communiqué de presse sur notre séminaire, dont les résultats (rapports et recommandations) devraient être largement diffusés dans les milieux œcuméniques, évangéliques et charismatiques internationaux.

– Nous suggérons enfin que la Conférence pour la paix, approuvée par l'Assemblée de Porto Alegre pour conclure la Décennie « vaincre la violence », soit reportée à l'année 2011 afin de ne pas surcharger l'année 2010 de trop de réunions importantes.

Les participants au séminaire international de Bossey
« Vers un nouveau programme œcuménique pour l'évangélisation au 21e siècle »
Bossey, Genève - 12 juin 2006


Déclaration de l'Assemblée du Conseil de la mission mondiale (CMM)

Du 18 au 27 juin 2006 s'est réuni à Ochos Rios, à la Jamaïque, la deuxième Assemblée du Conseil de la mission mondiale, à laquelle ont participé 140 délégués représentant ses 31 Eglises membres et 6 partenaires œcuméniques internationaux. Cette réunion a été l’hôte de l'Eglise unie de la Jamaïque et des îles Caïmans (UCJCI), et elle a été précédée de rassemblements de jeunes et de femmes.

Le cadre

Rassemblés en communauté mondiale d'Eglises, nous avons réfléchi sur notre travail actuel et sur notre vocation à la mission à laquelle Dieu nous appelle aujourd'hui, autour du thème : « Portez chez vous la Bonne Nouvelle ». Nous avons affirmé que la mission de Dieu, qui est enracinée dans la vie et le témoignage de notre Seigneur Jésus Christ, doit s'adresser concrètement aux problèmes et possibilités qui se présentent dans nos différents contextes.

L'Assemblée a affirmé que l'Eglise est appelée à proclamer la Bonne Nouvelle d'une manière œcuménique, dans le dialogue, dans le témoignage commun et dans un esprit de collaboration et d'humilité, « afin que le monde croie » (Jean 17,21). Nous reconnaissons que nos divisions sont en contradiction directe avec le témoignage unificateur de l'Evangile.

Nous laissant guider par l'Esprit Saint, nous avons recherché le meilleur moyen de définir notre position, en tant que CMM, pour relever le terrible défi du 21e siècle, fait de souffrance humaine et de destruction de la nature et de notre environnement. L'Assemblée a également étudié les points suivants :

  • la relation entre l'Evangile et la culture et la recherche de nouvelles manières de suivre Jésus ensemble ;
  • la résurgence de fondamentalismes religieux ;
  • l'émergence de sociétés religieuses et pluralistes de plus en plus diverses.

Nous reconnaissons que, lorsque nous cherchons à traduire notre vocation en faits concrets, nous dépendons de la grâce et de l’inspiration de Dieu.

Dans nos discussions, nous avons mis en lumière un certain nombre d’axes majeurs :

  • dans le ministère et la mission de l'Eglise, il faut toujours prendre en compte le contexte local;
  • considérant que la paroisse locale est l'agent premier de la mission, il est nécessaire de lui donner les moyens de jouer son rôle ;
  • le foyer et la famille jouent un rôle important ;
  • il existe une relation entre guérison et réconciliation ;
  • il faut traduire les grands problèmes de portée mondiale sous des formes qui aient un sens au niveau local.

Une expérience de partage

L'Assemblée s'est ouverte par un culte exubérant et entraînant dans lequel se sont pleinement exprimés les talents créatifs et pittoresques des Caraïbes. Le thème de l'Assemblée constituant la toile de fond de toutes les activités, les cultes quotidiens nous ont offert des méditations qui ont exploré la profondeur et la largeur spirituelles de ce thème. En mettant l'accent sur une lecture, une interprétation et une application contextuelles de l'Ecriture, les études bibliques quotidiennes nous ont aidés à entendre la Bible d'une manière nouvelle et forte.

Nous reconnaissons qu'il faut veiller plus soigneusement à ce que tous les membres du CMM, aussi divers soient-ils, soient entendus et compris, et qu’il faut trouver de nouvelles manières de travailler ensemble de façon que tous puissent participer. Néanmoins, l'Assemblée a affirmé l'unité de la famille du CMM, une unité donnée par Dieu, et elle a reconnu qu'il fallait apprécier, chérir et cultiver ce don. Nous nous sommes réjouis du fait que le CMM est un lieu dans lequel le mode et le style d'engagement sont à la fois personnels, communautaires et pastoraux, et que notre cheminement commun est tout aussi important que notre destination.

Au cours de la précédente Assemblée, nous avions déclaré comme prioritaires les questions de la mondialisation et de la justice économique, du VIH et du sida, des relations entre les religions, de la justice en matière de genre sexuel, de la protection de l'environnement ainsi que des nouveaux modes d'être l'Eglise. Il est aujourd'hui tout aussi nécessaire d'approfondir tous ces thèmes.

Déclaration

Nous déclarons être toujours attachés au « grand commandement » de Notre Seigneur Jésus Christ (cf. Mathieu 28,16 - 20 ; Actes 1,8) et résolus à pratiquer la mission par les moyens de la transformation, de la réconciliation et du transfert de pouvoir. A cette fin :

  • nous nous félicitons de notre vie commune en tant que nous sommes à la fois destinataires et porteurs de la Bonne Nouvelle dans nos contextes globaux, régionaux et locaux respectifs ;
  • nous affirmons notre volonté de réaliser l'interface entre l'Evangile et la culture tout en cherchant de nouvelles façons de suivre Jésus ensemble ;
  • nous reconnaissons que la mission « embrasse » les connaissances et contextes locaux et que la Bonne Nouvelle est déjà présente au niveau local ;
  • nous affirmons notre volonté d’approfondir les relations avec nos partenaires œcuméniques mondiaux, régionaux et locaux ;
  • nous réaffirmons notre conviction que l'Evangile invite tous les êtres humains à connaître la plénitude de vie (cf. Jean 10,0) ;
  • nous nous engageons à adopter, dans notre mission au service de Dieu, une approche pastorale prophétique et compatissante ;
  • en conséquence, nous nous engageons, au cours des trois années à venir :
  • à renforcer la vie familiale, en nous préoccupant tout particulièrement des abus et de la violence à l'encontre des femmes et des enfants ;
    • à donner aux jeunes des moyens théoriques et pratiques de découvrir la vie et le travail du CMM à tous les niveaux, de s'y intéresser et d'y participer pleinement ;
    • à renforcer les capacités et les potentialités des femmes à pratiquer la mission et à exercer un ministère, en dépit de toute discrimination économique, culturelle et éducative ;
    • à étudier les problèmes de la place des hommes et de la condition masculine ;
    • à renforcer les moyens de lutter contre la pauvreté et la dépossession économique ;
    • dans le domaine des relations entre les religions, à encourager un esprit d'ouverture, de mutualité et de réciprocité ;
    • à renforcer les ministères de santé et de guérison, notamment pour ce qui est du VIH et du sida ;
    • à apporter une attention urgente à l’intendance écologique et à la protection de l'environnement ;
    • à mettre en place un ministère de partage avec l'étranger qui est parmi nous (en particulier les communautés d'immigrés)

Reconnaissant que l'Eglise locale est un agent premier de la mission, l'Assemblée appelle le CMM et ses membres à veiller plus expressément à faciliter le développement des responsables dans les paroisses locales et à donner aux Eglises locales des moyens de travailler ensemble au plan local et régional.

  • Nous affirmons notre volonté de collaborer dans un esprit fraternel imprégné de respect mutuel, dans lequel nous nous écoutons les uns les autres et nous nous soutenons mutuellement pour rechercher des réponses contextuelles appropriées aux défis auxquels nous sommes confrontés.
  • Nous affirmons notre volonté de trouver de nouvelles manières d'apprendre, de communiquer et de nous comprendre par-delà les frontières culturelles au sein de la famille du CMM.
  • Nous nous engageons à rapporter et à communiquer chez nous la bonne nouvelle de notre volonté d'édifier, de devenir et d'être une communauté d'espérance.

Nous célébrons ce que nous avons dit ci-dessus, nous l'affirmons et le confirmons, convaincus que nous sommes que, dans le monde entier, le peuple de Dieu présent dans chaque communauté locale, aussi pauvre, faible ou désavantagé soit-elle, est une partie intégrante de la mission de Dieu, qui consiste à contester et à transformer tout ce qui interdit aux gens d'atteindre à la plénitude de vie.

Ocho Rios, Jamaïque
26 juin 2006


Nous vous invitons à prier pour le Comité central du COE qui va se réunir pour la première fois depuis son élection en février dernier par la Neuvième Assemblée du COE à Porto Alegre (Brésil). Cette réunion aura lieu à Genève du 30 août au 6 septembre. Le nouveau Comité central aura pour tâches principales d'adopter des plans de programmes et de reconfigurer la structure du Conseil œcuménique, ainsi que de nommer plusieurs organes consultatifs.

Ce comité devrait par ailleurs discuter d'un certain nombre de questions, notamment du commerce équitable, du drame des enfants pris dans des situations de conflit en Afrique (et tout particulièrement dans le nord de l'Ouganda), du VIH/sida et de la crise au Moyen-Orient.

A l’occasion de cette réunion, une cérémonie publique et un colloque sur le thème : « Agir ensemble pour transformer » commémoreront le 40e anniversaire de la Conférence mondiale d'Eglise et société, qui a marqué un tournant dans l'histoire du COE.

Thème de réflexion : « Nous entendons souvent la maxime ‘pas de nouvelles, bonnes nouvelles’. Quand nos vies sont dominées par des médias qui considèrent que la ‘bonne nouvelle’ n’est pas une nouvelle, le grand défi que nous devons relever en tant que disciples du Christ est de faire de la ‘bonne nouvelle’ une nouvelle qui contribue à transformer la vie des femmes et des hommes d’aujourd’hui. »