Numéro 1: mars 2004

Chers frères et sœurs en Christ,
De Genève, paix et salutations !

Nous avons le grand plaisir de vous envoyer ce numéro de la Lettre œcuménique sur l’évangélisation consacré à la dimension œcuménique de la visite effectuée par Sa Toute Sainteté Bartholomée Ier, archevêque de Constantinople, Nouvelle Rome, et patriarche œcuménique, ainsi qu’à la consécration, le 25 janvier 2004, de la nouvelle cathédrale orthodoxe Saint-Nicolas à La Havane. Nous espérons que ces informations vous seront utiles dans le cadre de votre activité d’évangélisation.

« Les Eglises orthodoxes ont une longue expérience de l’évangélisation ; tout au long des siècles, elles n’ont cessé de raconter l’histoire de Jésus Christ, au travers de toutes les dimensions de la vie de famille et de manière unique dans la célébration de la liturgie […]  

They stressed that evangelism is rooted in Trinitarian theology. Christ’s sending ofElles soulignent toujours que l’évangélisation a ses racines dans la théologie trinitaire. L’envoi en mission des apôtres par le Christ a pour fondement le fait que lui-même a été envoyé par le Père dans l’Esprit Saint (cf. Jean 20,21-23). Plusieurs colloques orthodoxes consacrés à la mission ont expliqué l’importance, dans l’évangélisation, de la célébration liturgique ainsi que le rôle sacerdotal de l’assemblée, qui intercède pour l’ensemble de la communauté humaine » (Emilio CASTRO – Article paru dans le Dictionary of the Ecumenical Movement, 1991). En tant que protestants et évangéliques/ pentecôtistes, nous avons beaucoup à apprendre de la tradition orthodoxe en la matière.

Bien à vous, dans l’esprit de l’évangélisation.
Pasteur Carlos Emilio Ham
Chargé du programme « Evangélisation » du COE


Numéro 1: mars 2004

Une nouvelle cathédrale orthodoxe grecque consacrée à La Havane (Cuba)
Le 25 janvier 2004, Sa Toute Sainteté Bartholomée Ier, archevêque de Constantinople, Nouvelle Rome, et patriarche œcuménique, a consacré la nouvelle cathédrale orthodoxe de Saint-Nicolas à La Havane (Cuba). Ce fut la visite la plus importante effectuée par un dirigeant religieux depuis la visite historique du pape en 1998.

La nouvelle cathédrale, de style byzantin, est décorée de mosaïques, icônes et candélabres en style grec ; son autel de bois a été sculpté à la main. Elle a été construite par le gouvernement cubain et constitue « un don du peuple de Cuba » à l'Eglise orthodoxe. Dédiée à saint Nicolas, patron des pêcheurs et des marins, elle a été offerte à la Métropole orthodoxe grecque (diocèse) du Panama et d’Amérique centrale. Elle a été construite dans un jardin de la basilique mineure Saint-François d’Assise, dans le quartier du port de La Havane coloniale, inscrit depuis 1982 au Patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO.

La cérémonie, à laquelle assistait le président Fidel Castro, a duré cinq heures ; elle a marqué la reconnaissance officielle, par le gouvernement cubain, de la communauté orthodoxe de cette île des Caraïbes. Cuba est devenu officiellement athée au début des années 1960, après la révolution ; cependant, il y a plus de dix ans, le gouvernement a supprimé toute référence à l'athéisme dans la constitution. Ce fut le début d’une plus grande liberté pour les Eglises, qui leur a permis de multiplier leurs activités au service de la population et de l’évangéliser ; les fidèles sont désormais autorisés à s’inscrire au parti communiste et vice versa.

A l’occasion de la consécration de la cathédrale Saint-Nicolas, des milliers d’orthodoxes venus de la région américaine et d’autres parties du monde ont convergé vers Cuba pour participer, avec leur patriarche, à ce rassemblement et aux cérémonies. Ont également assisté à cet événement historique, qui fut en réalité une cérémonie œcuménique de portée mondiale, un grand nombre de délégations spéciales et de dignitaires venus d’Europe, d’Amérique du Nord et d’Amérique latine.

Le COE y avait délégué deux personnes : M. Elías Crisóstomo Abramidès, membre de la Métropole orthodoxe grecque de Buenos Aires et de l’Amérique du Sud, Patriarcat œcuménique, Argentine, et membre de la Commission Justice, paix et sauvegarde de la création du COE ; et le pasteur Carlos E. Ham, chargé du Programme Evangélisation et coordinateur de l’équipe Mission et formation œcuménique du COE, lui-même originaire de Cuba. Ont également assisté aux cérémonies d’autres pasteurs et dirigeants cubains entretenant des liens avec le COE, notamment le pasteur Hector Mendez, membre du Comité central, et la pasteure Ofelia Ortega, présidente de la Commission Education et formation œcuménique.

Dirigée par le pasteur Bob Edgar, secrétaire général du Conseil national des Eglises du Christ des Etats-Unis (NCCCUSA), une délégation de ce Conseil, composée de trente membres, a assisté aux différentes manifestations qui ont accompagné la consécration de la cathédrale Saint-Nicolas. Le pasteur Israel Batista, secrétaire général du Conseil des Eglises d'Amérique latine (CEAL) et M. Gerard Granado, secrétaire général de la Conférence des Eglises des Caraïbes (CCC), étaient également représentés à cette cérémonie historique. La couverture journalistique des différents événements fut assurée par Manuel Quintero, responsable des médias au CEAL.

Parmi les personnes venues des Etats-Unis et ayant des liens avec le COE, on citera notamment le pasteur Clifton Kirkpatrick, secrétaire général de l’Eglise presbytérienne (Etats-Unis), membre du Comité exécutif et du Comité central du COE ; le pasteur Martin Ritsi, directeur exécutif du Centre orthodoxe de la mission chrétienne, membre de la Commission Mission et évangélisation ; et le pasteur Tyrone Pitts, secrétaire général de Convention baptiste nationale progressiste S. A. (Etats-Unis), membre du Comité central du COE.

La plupart des invités ont également participé, les jours suivants, à un colloque régional organisé sous l’égide du Conseil des Eglises de Cuba (CIC) ; il s’agissait essentiellement d’un échange de vues sur les problèmes de pastorale communs aux Eglises, dans le contexte actuel des relations actuelles avec les Etats-Unis, les pays d’Amérique latine et des Caraïbes, et le monde en général.

Auparavant, le 23 janvier, un déjeuner organisé par le Conseil des Eglises de Cuba (CIC) avait permis à son président, Reinerio Arce, d’avoir un entretien fructueux avec Sa Toute Sainteté Bartholomée Ier à propos des relations entre chrétiens ainsi que d’autres problèmes d’intérêt commun. L’Eglise orthodoxe grecque a demandé à devenir membre du CIC. Ce déjeuner avait été précédé d’une conversation entre le patriarche et le cardinal Jaime Ortega, archevêque catholique romain de la Havane. Elle fut suivie d’une discussion avec des responsables des Eglises de Cuba et d’une rencontre avec les hôtes venus de l’étranger. Le pasteur Ham en a profité pour prononcer quelques paroles de bienvenue, que l’on trouvera dans la suite de cette lettre.  

Suite à cet événement historique, le rédacteur en chef de la Lettre œcuménique sur l’évangélisation (LOE) a posé un certain nombre de questions à l’un des participants : M. Elías Crisóstomo Abramidès, membre de la Métropole orthodoxe grecque de Buenos Aires et de l’Amérique du Sud, Patriarcat œcuménique, et membre de la Commission Justice, paix et sauvegarde de la création:

LOE : M. Abramidès, de votre point de vue, quelle est l’importance de la visite du patriarche œcuménique à Cuba et en Amérique latine, de la consécration de la cathédrale orthodoxe grecque Saint-Nicolas et du rétablissement des activités des orthodoxes sur l’île – dans la perspective de l’Eglise orthodoxe, compte tenu du fait que cette Eglise est considérée comme une Eglise non missionnaire ou non évangélisatrice ?

M. Abramides: Sa Toute Sainteté Bartholomée Ier, archevêque de Constantinople, Nouvelle Rome, et patriarche œcuménique, est le 270e successeur au trône de l’apôtre saint André, fondateur du Patriarcat œcuménique.

Le patriarche œcuménique est le chef spirituel de 300 millions d’orthodoxes répartis dans le monde entier. Depuis son élection au Patriarcat œcuménique et son accession au trône de saint André en novembre 1991, son principal objectif a été l’unité visible de l’Eglise du Christ ainsi que la protection et la préservation de l’environnement naturel, la « bonne création de Dieu ».

Cette sollicitude, cet amour et ce profond intérêt pour la protection et la défense de l’environnement sont des expressions d’une volonté de protéger la vie sur la planète ; il s’agit donc tout à la fois de la vie des êtres humains, hommes et femmes, et de la vie du règne animal, du règne végétal et du règne minéral. Tous sont en effet partie intégrante de la création de Dieu et, en tant que tels, doivent faire l’objet de nos soins, de notre respect et de notre amour.

Sous toutes ses formes, la vie est un don précieux qui nous a été accordé par Dieu et, à ce titre, nous devons lui accorder considération et protection.

Le patriarche œcuménique a visité les pays orthodoxes ainsi que la plupart des pays d’Europe occidentale, du Proche-Orient, du Moyen-Orient et d’Extrême-Orient, et en particulier les pays musulmans du Moyen-Orient et d’Asie centrale, entre autres la République islamique d’Iran, les Philippines, etc. En Suisse, il a rendu visite au COE ; il a aussi assisté à la Septième Assemblée du COE à Canberra, en tant que chef de la délégation du Patriarcat. Il s’est rendu à plusieurs reprises aux Etats-Unis et au Canada.

Pourtant, c’est pour la première fois dans l’histoire qu’un patriarche œcuménique de Constantinople s’est rendu dans la région latino-américaine, et plus spécifiquement dans un pays hispanophone : Sa Toute Sainteté vient de terminer une visite de cinq jours à Cuba, sur l’invitation spéciale de son président, Fidel Castro Ruz, et du gouvernement cubain.

Il s’agissait donc du premier voyage d’un patriarche œcuménique dans un pays d’Amérique latine, de sa première visite dans la région hispanophone des Caraïbes.

Il y a un peu plus de deux ans, en janvier 2002, Mme Elenie Huszagh, orthodoxe grecque, alors présidente du Conseil national des Eglises du Christ des Etats-Unis (NCCCUSA), a effectué une première visite à Cuba, sur l’invitation de la Métropole orthodoxe grecque du Panama, d’Amérique centrale, de Cuba, des Antilles, de Colombie et du Venezuela ; cette métropole a son siège à Mexico et elle a à sa tête le métropolite Athénagoras.

Mme Huszagh a participé à l’inauguration des travaux de construction d’une nouvelle église orthodoxe grecque et, exactement deux ans plus tard, le 25 janvier 2004, le patriarche œcuménique, accompagné d’une délégation du Patriarcat, consacrait la nouvelle cathédrale.

 

Je vous ai fait là un bref résumé de ce qui s’est passé. Il faut cependant ajouter que la dimension spirituelle, historique et œcuménique de cet événement exceptionnel est quelque chose qui ne peut avoir lieu qu’une seule fois dans la vie d’un chrétien cubain ; il laissera dans les esprits et les cœurs une impression indélébile ; ce fut en effet un moment privilégié de l’histoire du christianisme, non seulement à Cuba mais dans toute l’Amérique hispanophone.

LOE : Effectivement, dans la perspective du mouvement œcuménique, cet événement revêt une importance énorme. Il éclaire un aspect essentiel de ce que nous faisons au COE, dans la mesure où nous essayons d’encourager une forme d’évangélisation d’inspiration œcuménique, par opposition au prosélytisme. Que pensez-vous de ce problème ?

M. Abramidès : Ainsi que j’ai l’ai expliqué précédemment, il s’agit là d’un événement exceptionnel qui a une énorme importance non seulement pour nous, les orthodoxes grecs, mais aussi pour toutes les confessions chrétiennes présentes à Cuba et dans la région. L’Archidiocèse orthodoxe grec du Panama, d’Amérique centrale, de Cuba, des Caraïbes, de Colombie et du Venezuela a posé sa candidature au Conseil des Eglises de Cuba (Consejo de Iglesias de Cuba – CIC). Son adhésion transformerait la nature et l’esprit de ce Conseil dont, pour l’instant, tous les membres sont protestants ou pentecôtistes.

Le Patriarcat œcuménique est présent à Cuba pour répondre aux besoins spirituels des orthodoxes vivant à Cuba, quelle que soit leur origine ethnique ou nationale. C’est ainsi que nous voulons recevoir les bras ouverts non seulement les orthodoxes grecs mais aussi les orthodoxes russes, ukrainiens, roumains, serbes, bulgares et antiochiens, ainsi d’ailleurs que tous les chrétiens de bonne volonté qui souhaitent écouter, partager et apprécier l’héritage spirituel de notre ancienne Mère Eglise, fondée à l’époque apostolique (en l’an 37) par l’apôtre André, le Protoklitos, c’est-à-dire « le premier appelé » par Jésus Christ, notre Dieu et Sauveur.

La présence du Patriarcat œcuménique, sous son appellation officielle, a une importante dimension œcuménique. L’Eglise est là pour accompagner, pour écouter et pour faire partager son merveilleux héritage ecclésiologique, iconographique, hymnographique et pastoral accumulé au cours de vingt siècles d’histoire, de persécutions, de dévotion – mais aussi, et surtout, sa capacité infinie à apporter et à offrir l’amour : l’amour de Jésus Christ, l’amour pour les femmes et les hommes, l’amour pour la vie sous toute ses formes, l’amour pour la bonne création de Dieu.

L’amour et la justice sont deux concepts inséparables. L’amour et la justice permettent d’atteindre à la paix et de louer Dieu ; en eux, les êtres humains sont guéris, respectés et honorés. L’humanité adore son créateur et prend soin de la planète et de toutes ses ressources naturelles, lesquelles alimentent et entretiennent la vie sous toutes ses formes. Les ressources naturelles, l’air pur, l’eau potable et jusqu’à la couche d’ozone et l’effet de serre naturel – ce sont là quelques-uns des miracles de la création de Dieu qui maintiennent et entretiennent la vie sur la planète Terre. Si l’un de ces miracles venait à disparaître, la vie telle que nous la connaissons ne pourrait plus exister sur cette planète.

Le Patriarcat œcuménique a déclaré saint Nicolas patron de Cuba et du peuple cubain. L’icône de saint Nicolas de Myre – dont l’histoire est universellement connue et la tradition répandue dans le monde entier – orne l’entrée de la nouvelle cathédrale ; par ailleurs, l’icône de sainte Olga, d’une présence exceptionnelle, accueille les fidèles et tous les visiteurs de bonne volonté – bienvenus dans ce nouveau foyer pour les malades et les pèlerins, pour les hommes et les femmes, pour les jeunes et les vieux – qui désirent simplement venir prier et se sentir accompagnés par l’Eglise orthodoxe, dans l’humilité et la paix.

LOE : Nous aimerions également envisager l’importance de cet événement dans le contexte de la Conférence mondiale sur la mission et l'évangélisation qui, comme vous le savez, se réunira autour du thème : « Viens, Esprit Saint, guéris et réconcilie ! – Appelés en Christ à être des communautés de réconciliation et de guérison ». Ce sera la première grande réunion mondiale consacrée à la mission en ce nouveau millénaire, et elle se déroulera pour la première fois dans un cadre majoritairement orthodoxe : à Athènes (Grèce) en mai 2005. Quel rapport établissez-vous entre ce que vous avez vécu à La Havane et ce grand rassemblement consacré à la mission ?

M. Abramidès : Ce à quoi nous avons assisté à La Havane est un bon exemple de la « catholicité » – c’est-à-dire de l’universalité – de l’Eglise et de la foi orthodoxes. Dès la fin du XVIIIe siècle, des migrants et des réfugiés ont commencé à arriver sur la côte Est de l’Amérique du Nord. En Amérique latine, les premiers migrants sont arrivés au début du XIXe siècle.

Tous les orthodoxes grecs des Amériques – Amérique du Sud, Amérique centrale, Caraïbes et Amérique du Nord –, d’Europe occidentale, d’Australie et d’Océanie sont soumis à la juridiction spirituelle du Patriarcat œcuménique au travers de ses juridictions ecclésiales (archidiocèses et métropoles).

La Conférence mondiale sur la mission et l'évangélisation a pour thème : « Viens, Esprit Saint, guéris et réconcilie ! – Appelés en Christ à être des communautés de réconciliation et de guérison » ; son impact symbolique n’est pas sans rapport avec l’événement qui s’est déroulé et auquel nous avons assisté à La Havane. Le thème lui-même est une définition de ce qui s’est passé pour la première fois dans l’histoire des Amériques – hispanophone, lusophone et francophone. C’est l’Esprit Saint de Dieu qui a inspiré et béni l’Eglise et les gouvernements dans un événement qui ne devra pas s’effacer de nos mémoires.

L’acte de guérison et d’accompagnement que constitue la présence de l’Eglise orthodoxe en Amérique latine et aux Caraïbes est un remarquable exemple d’humilité, de partage et de solidarité, qui aidera la population cubaine dans sa vie quotidienne et qui s’associe également à l’activité d’accompagnement qu’effectuent les Eglises chrétiennes depuis longtemps présentes à Cuba et dont la tradition est depuis longtemps établie sur cette île. Cependant, la présence de l’Eglise orthodoxe grecque n’est pas nouvelle : elle s’est en effet établie à Cuba dès le début du XXe siècle.

Une fois encore, nous pouvons invoquer l’Esprit Saint, Troisième Personne de la Sainte Trinité, pour lui demander de nous bénir et de venir à notre secours, de nous apporter amour et justice, et de guérir et illuminer la vie et les actes des femmes et des hommes de Dieu à Cuba, en Amérique latine et dans le monde entier.

Merci infiniment, cher Monsieur, d’avoir communiqué vos réflexions, votre sagesse et votre passion aux lecteurs de la Lettre œcuménique sur l’évangélisation.


Nous allons maintenant présenter le témoignage de la pasteure Dora Arce, de l’Eglise presbytérienne réformée de Cuba, présidente du synode national et professeure au séminaire de théologie de Matanzas, à propos de la visite à Cuba du patriarche œcuménique.

La visite à Cuba du patriarche œcuménique, qui était aussi sa première visite en Amérique latine et aux Caraïbes, est, dans une certaine mesure, la reconnaissance de l’action de Jésus Christ à Cuba, de la confiance placée en la population cubaine et en ses autorités ; ce fut un très beau geste de bonne volonté. Il est vrai que la communauté orthodoxe de Cuba est très petite ; pourtant, le témoignage de la Bible nous enseigne que les membres du corps les plus vulnérables sont indispensables.

En fait, des questions ont été soulevées à propos d’une tradition qui n’a pas de lien direct avec notre culture, notre histoire et le développement de la religiosité dans notre pays. Il n’en faut pas moins admettre que la présence d’une tradition qui est demeurée presque anonyme dans l’éventail religieux de notre société l’enrichit : elle la rend plus diverse et, par conséquent, nous devons y voir une expérience positive.

Dans ce contexte, l’honneur qui lui était fait de recevoir Sa Toute Sainteté Bartholomée Ier a été une fête pour la famille œcuménique de Cuba. Cela dit, il est trop tôt pour essayer de voir comment l’Eglise orthodoxe pourrait venir s’insérer dans un environnement œcuménique qui a déjà une longue et courageuse histoire au sein de la population que nous sommes appelés à servir, les efforts d’évangélisation s’insérant dans un cadre de respect mutuel et, surtout, dans le contexte actuel de la société cubaine et du remarquable développement numérique que connaissent les Eglises depuis quelques années.

L’Eglise orthodoxe n’a pas débarqué dans un pays qui n’avait jamais entendu le message évangélique de Jésus Christ, et c’est encore moins elle qui a lancé l’expérience de l’œcuménisme dans notre pays. A notre avis, il est important que tout le monde ait le courage de s’ouvrir à une expérience nouvelle, avec la conviction que la volonté de Dieu, qui se manifeste dans cet événement, est que nous nous nourrissions mutuellement et que cela nous donne un nouvel élan au service de notre Seigneur Jésus Christ dans ce pays de Cuba que nous aimons tant.

Nous avons la conviction que cette tradition est arrivée à un moment très particulier de l’histoire de notre pays, en particulier si nous considérons que la mission de l’Eglise consiste à s’occuper de la population : en effet, il ne saurait y avoir de séparation entre ce que nous faisons pour guérir et réconcilier – ce dont a besoin notre monde actuel – et les besoins de notre peuple, mais aussi de notre Eglise, à Cuba.

Nous voulons prier et agir de façon que l’honneur que Dieu nous a accordé de recevoir le patriarche œcuménique soit une bénédiction pour la mission dans notre pays.

Pasteure Dora Arce


 

A l’Ecole de la mission – Lors d’une session sur le thème « Prêcher l’Evangile en Europe de l’Est », qui s’est tenue au Centre européen pour la communication et la culture à Varsovie (Pologne) du 9 au 16 octobre 2003 et qui était organisée par le Conseil œcuménique des Eglises en coopération avec la Conférence des Eglises européennes (KEK), les participants orthodoxes ont donné de l’évangélisation la définition suivante :
« C’est la proclamation, la présentation et le témoignage dans l’amour de la bonne nouvelle du Salut que Jésus Christ offre, par l’Eglise, à toutes les personnes qui ne sont pas chrétiennes ou qui n’appartiennent à aucune religion, mais aussi à toutes celles qui ne sont chrétiennes que de nom. Cette proclamation, cette présentation et ce témoignage doivent toujours respecter la liberté de l’autre. »


Le pasteur Samuel Kobia, secrétaire général du Conseil œcuménique des Eglises, a envoyé la lettre suivante au patriarche œcuménique avant son voyage à Cuba :

A
Sa Toute Sainteté Bartholomée
Patriarche œcuménique
Istanbul
Turquie

Genève, le 21 janvier 2004

Votre Toute Sainteté,

A l’occasion de votre voyage à Cuba, je tiens à vous faire connaître mes sentiments de joie, d’espérance et d’espoir.

Ma joie tient bien évidemment au fait que Votre Toute Sainteté va présider les cérémonies liturgiques de l’inauguration de la cathédrale orthodoxe grecque Saint-Nicolas, qui vient d’être construite et qui est la première nouvelle église construite à Cuba depuis quelque 40 ans. L’autorisation accordée au Patriarcat œcuménique par le président Castro est un événement historique à la fois pour Cuba et pour la présence et le témoignage des chrétiens en général dans ce pays.

J’espère que cette nouvelle église et la petite paroisse orthodoxe grecque placée sous la juridiction du Patriarcat œcuménique constitueront le levain – le « peu de levain » (1 Cor 5,6) – qui enrichira et renforcera l’esprit œcuménique, les relations œcuméniques et la coopération œcuménique dans un pays où il est particulièrement important que les chrétiens rendent un témoignage commun.

Quant à mes espoirs dans l’immédiat, je suis sûr que Votre Toute Sainteté voudra bien faire profiter de sa sagesse et de son expérience au niveau mondial tant les Eglises et communautés chrétiennes de ce pays que l’importante délégation du Conseil national des Eglises du Christ des Etats-Unis ainsi que les représentants des Eglises d’Amérique latine, qui doivent se réunir pour discuter du thème de l’accompagnement pastoral des Eglises cubaines.

Je me félicite tout particulièrement que le Conseil œcuménique des Eglises soit avec vous et vous accompagne à Cuba au cours de ces prochains jours, en la personne de notre collègue le pasteur Carlos Ham, coordinateur de l’équipe Mission et formation œcuménique, et de M. Elias Abramidès, membre de notre Commission Justice, paix et sauvegarde de la création. Sera également présent, en qualité de membre de la délégation des Etats-Unis, le pasteur Clifton Kirkpatrick, membre du Comité exécutif du COE et secrétaire général de l’Eglise presbytérienne (Etats-Unis).

Recevez l’assurance de mes ferventes prières pour les fidèles de la paroisse orthodoxe grecque de La Havane et pour toutes les Eglises et communautés chrétiennes de Cuba.

En notre Seigneur et Sauveur commun Jésus Christ.

Pasteur Samuel Kobia
Secrétaire général


Salutations adressées par le pasteur Carlos Ham à
Sa Toute Sainteté Bartholomée Ier, patriarche œcuménique de l’Eglise orthodoxe grecque, au nom du Conseil œcuménique des Eglises – La Havane, 23 janvier 2004

Votre Toute Sainteté, chers frères et sœurs en Christ,

C’est un grand honneur pour le Conseil œcuménique des Eglises (COE) d’être présent à cette célébration historique de votre visite à Cuba et, pour moi, de transmettre à Votre Toute Sainteté les salutations de notre secrétaire général, le pasteur Samuel Kobia, ainsi que de notre secrétaire général adjoint, M. Yorgo Lemopoulos, qui est membre de votre Eglise.

Le 25 janvier 1998, nous avions conclu la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, ici à La Havane, avec le Saint Père, le pape Jean-Paul II ; six ans plus tard, Dieu nous donne aujourd’hui la joie de rencontrer Votre Toute Sainteté et dimanche prochain, précisément le 25 janvier, d’assister à la consécration de la cathédrale Saint-Nicolas. Ce n’est pas par hasard, car c’est en Dieu « que nous avons la vie, le mouvement et l’être » (Actes 17,28).

C’est avec un sentiment de profonde reconnaissance que nous participons à cette grande cérémonie, qui est un rassemblement œcuménique. Il s’agit là d’une réaffirmation de la nature missionnaire et œcuménique de l’Eglise orthodoxe. Du fait que nous avons tous reçu le grand mandat de proclamer la bonne nouvelle de l’Evangile dans le monde d’aujourd’hui, nous sommes co-missionnaires et nous devons rendre compte de notre activité missionnaire tant à Dieu que les uns aux autres.

Notre époque est marquée par la mondialisation néolibérale, la pauvreté croissante et la fragmentation causée par la violence et le terrorisme d’inspiration idéologique. C’est pourquoi le COE a lancé la Décennie « vaincre la violence ». En outre, pour sa prochaine Conférence mondiale sur la mission et l'évangélisation, la Commission de mission et d’évangélisation (CME) a choisi le thème « Viens, Esprit Saint, guéris et réconcilie ! – Appelés en Christ à être des communautés de guérison et de réconciliation ». Ce sera la première grande conférence mondiale consacrée à la mission au cours de ce nouveau millénaire ; pour la première fois, elle se tiendra dans un contexte orthodoxe : à Athènes, en Grèce, en mai 2005. C’est pourquoi le temps que nous passons ici avec Votre Toute Sainteté ainsi qu’avec tant d’autres de nos frères et sœurs orthodoxes nous donnera sans doute largement de quoi alimenter cette conférence. Que l’Esprit Saint continue à inspirer Votre Toute Sainteté ainsi que nous tous, afin que nous soyons des « agents » de guérison et de réconciliation dans le monde d’aujourd’hui !

Si vous avez une histoire ou une expérience à raconter, une belle parole à faire connaître sur la manière dont l’Evangile est proclamé dans un esprit œcuménique et novateur dans votre région – communiquez-les nous, et nous serons heureux de les publier !

Nous vous invitons à prier pour le
Forum pour l’évangélisation du monde en Thaïlande, qui se déroulera du 29 septembre au 5 octobre 2004
sur le thème

UNE VISION NOUVELLE – UN CŒUR NOUVEAU – UN APPEL RENOUVELE
sous les auspices du
Comité de Lausanne pour l’évangélisation du monde

N’oubliez pas !
La Lettre œcuménique sur l’évangélisation est publiée dans les quatre langues du COE sur notre site