Non aux enfants soldats: laissez vivre les enfants!

Réunie à Harare (Zimbabwe) en 1998, la Huitième Assemblée du Conseil œcuménique des Eglises a adopté une Déclaration sur les enfants soldats qui affirme notamment ceci: «La participation des enfants aux conflits armés viole les principes humanitaires fondamentaux. Elle les expose au risque d’être tués ou blessés, menace leur santé physique et mentale et leur bien-être émotionnel et spirituel, et les entraîne dans une culture de la violence».

L’emploi d’enfants comme soldats détruit des vies et des familles ainsi que le tissu social des communautés. Lorsque des enfants sont contraints de quitter leur famille et l’école pour participer à des conflits, cela contribue à perpétuer la pauvreté et la violence. Cette pratique viole le droit international qui fixe à 18 ans l’âge minimum du recrutement pour toutes les formes de service militaire. Des mesures doivent être prises pour que cette norme soit appliquée dans tous les pays, pour que les responsables soient traduits en justice et pour que soit rendu l’espoir aux enfants entraînés malgré eux dans ce cycle de violence.


Child soldier, Liberia (1997)

«Les enfants sont notre avenir. Accepter que des enfants soldats participent à des conflits armés, c’est accepter la destruction de notre avenir, un enfant après l’autre.»
Kofi Annan, Session extraordinaire de l’ONU consacrée aux enfants, mai 2002

Le problème

Le terme d’«enfants soldats» s’applique aux enfants, garçons et filles, de moins de 18 ans–dans certains cas extrêmes, ils n’ont que 7 ans– qui soit combattent au front, soit font fonction de porteurs, d’espions, de messagers, de gardiens, de domestiques ou d’esclaves sexuels pour les forces armées gouvernementales ou pour des groupes de rebelles armés. On estime qu’actuellement 300000 enfants sont employés de cette façon dans 30 pays du monde. Rien qu’en Afrique, ils sont environ 120000. Dans le monde entier, ce recours aux enfants se retrouve dans de nombreux conflits passés et actuels.

Les groupes armés et certains gouvernements considèrent les enfants comme des soldats «bon marché», de la «chair à canon», qu’on peut endoctriner pour leur faire commettre des atrocités ou même des actions suicides. Lorsqu’un conflit se prolonge, les adultes se font rares et le risque de recrutement d’enfants augmente. La prolifération des armes légères que des enfants peuvent facilement utiliser ne fait qu’aggraver le problème. Souvent, des groupes armés enlèvent des enfants dans des écoles ou des camps de réfugiés, ou les convainquent de les suivre en leur promettant de la nourriture ou de l’argent. Certains s’engagent pour fuir la pauvreté permanente ou la discrimination sociale.

Les enfants soldats sont confrontés à la violence extrême de la guerre moderne avec les risques que cela implique: blessures, mort, sous-alimentation et manipulation par la drogue et l’alcool. Les filles, en particulier, sont victimes d’exploitation sexuelle, avec le risque conjoint d’une infection par le VIH/sida. S’ajoutant au fait qu’ils sont arrachés à leur famille et aux structures sociales, le spectacle d’une violence horrible a sur eux des conséquences à long terme parmi lesquelles la toxicomanie, le traumatisme psychique et les handicaps physiques.

Pour les enfants soldats qui ont la chance de survivre à un conflit ou de s’en échapper, le retour à la vie communautaire normale est long et difficile: la plupart sont désensibilisés à la violence et ont du mal à s’adapter à une vie sans armes. Souvent, leur famille et leurs amis leur reprochent les actes qu’ils ont été obligés de commettre. Il est très difficile de réadapter les anciens enfants soldats et de les aider à vivre comme des citoyens productifs.

«Les enfants ne sont pas des objets jetables. Leur place est à l’école ou au sein de leur famille. C’est leur droit le plus strict. A nous de nous assurer qu’ils sont protégés des horreurs de la guerre.»
Carol Bellamy, directrice exécutive de l’UNICEF, février 2002

L’action de la communauté internationale

Sous la pression de l’opinion publique, la communauté internationale a entrepris d’interdire l’utilisation d’enfants soldats. En 1996, les Nations Unies ont publié un rapport intitulé L’impact des conflits armés sur les enfants, qui présentait un plan d’action visant à protéger les enfants dans les conflits armés. A la suite de ce rapport, le Secrétaire général des Nations Unies a nommé Olara Otunnu, de l’Ouganda, représentant spécial du Secrétaire général pour la protection des enfants en période de conflit armé.

Depuis 1998, le droit humanitaire international, le droit pénal international et le code international du travail interdisent l’emploi d’enfants soldats. Le Statut de Rome de la Cour pénale internationale et la Convention de l’OIT sur les pires formes de travail des enfants mentionnent ce problème des enfants soldats. Le 25 mai 2000, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés. Par ce document, qui est entré en vigueur le 12 février 2002, les parties contractantes se sont engagées à fixer à 18 ans l’âge minimum pour toute forme de recrutement militaire. Des organisations non gouvernementales, et en particulier des Eglises membres du COE, ont constitué la Coalition pour mettre fin à l’utilisation d’enfants soldats.

L’action du COE

La Huitième Assemblée du Conseil œcuménique des Eglises a condamné toute utilisation d’enfants dans les conflits armés, et appelé les Eglises à «exiger un moratoire immédiat sur le recrutement des enfants et leur participation aux conflits en tant que soldats» et à «aider ceux qui œuvrent pour la réadaptation, la réinsertion sociale et la réconciliation des anciens enfants soldats». Ce sont là autant d’expressions de la responsabilité fondamentale qu’ont les Eglises de se faire les protectrices et les avocates des enfants.

«Prenant un enfant, il le plaça au milieu d’eux et, après l’avoir embrassé, il leur dit: “Qui accueille en mon nom un enfant comme celui-là, m’accueille moi-même”.»
Marc 9, 36-37

Dans les communauté affectées par un conflit, les Eglises sont les mieux placées pour s’occuper des besoins physiques, émotionnels et spirituels des gens. Elles peuvent accueillir les anciens enfants soldats et favoriser leur réadaptation en leur apportant une aide matérielle et spirituelle. Plus généralement, elles peuvent contribuer à informer le public du sort des enfants soldats.

Voix morale de la société, les Eglises doivent continuer à contester la culture de violence qui autorise le recrutement d’enfants dans les forces armées. Il faut appeler tous les gouvernements à signer, ratifier et mettre en œuvre le Protocole facultatif; à ce jour, 110 pays seulement l’ont signé et 27 l’ont ratifié. Parmi eux, le Canada, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni ont fait connaître leur intention d’autoriser l’engagement volontaire dès l’âge de 17 ans. Quant aux acteurs non étatiques, s’ils ne sont pas partie à ce traité, ils ont néanmoins l’obligation morale de respecter cette norme. Dans le contexte de la Décennie «vaincre la violence»: les Eglises en quête de réconciliation et de paix (2001-2010), les Eglises devraient s’associer pour appeler les gouvernements à mettre fin à la pratique moralement inacceptable du recrutement d’enfants.

Un défi lancé aux Eglises

Agissez concrètement:

  • Appelez tous les Etats à signer ou à ratifier le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés.
  • Assurez-vous que les Etats parties à ce traité respectent l’obligation de maintenir à 18 ans l’âge minimum de recrutement dans toutes les forces armées.
  • Travaillez à empêcher tout recrutement d’enfants de moins de 18 ans, que ce soit dans les forces armées régulières ou irrégulières, et condamnez publiquement l’emploi d’enfants dans les conflits armés.
  • Appelez à la démobilisation de tous les enfants soldats dans le monde entier.
  • Soutenez les efforts visant à la réadaptation et à la réinsertion sociale des anciens enfants soldats
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  • Faites pression sur les gouvernements pour qu’ils mettent en œuvre des mesures efficaces visant à contrôler la production, la vente, le transfert, le stockage et la prolifération des armes légères.
  • Informez le COE des mesures que vous prenez pour empêcher l’emploi d’enfants soldats, et associez-vous au réseau «Paix dans la ville» afin de faire connaître vos activités en ce domaine
  • .

    «Obliger des enfants à combattre dans des guerres d’adultes est un acte de cruauté que toute société civilisée devrait considérer comme inacceptable.»
    Olara Otunnu, représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies pour la protection des enfants en période de conflit armé, 2001


    La «campagne pour l’abolition des enfants soldats» est un élément du plan de paix en sept points «Paix dans la ville»

    ADHEREZ AU RESEAU «PAIX DANS LA VILLE»
    Dites-nous qui vous êtes et ce que vous faites.

    Faites-nous savoir en quoi consiste votre action pour que nous puissions passer le mot et donner à d’autres la possibilité de se joindre à vous. Dites-nous en quoi notre programme peut vous aider, quelles informations et quelles relations vous seraient utiles.

    Programme «Démilitarisation, désarmement et prévention des conflits armés»
    Le COE et le microdésarmement