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le 17 juin 1999

AU MILIEU DU DÉSESPOIR, ELLE APPORTE DE L'ESPÉRANCE - L'ÉGLISE ORTHODOXE D'ALBANIE APPORTE UNE AIDE HUMANITAIRE


"Lorsque j'ai appris que nous allions rendre visite à des réfugiés du Kosovo, j'ai eu peur. Je croyais les Kosovars farouches et un peu brutaux et ils m'effrayaient. Nous savions tous aussi qu'en raison de ce qu'ils avaient vécu dans leur pays. ils n'avaient pas une très bonne opinion de l'Eglise orthodoxe. Quelle serait leur réaction face à nous, séminaristes orthodoxes ? Lorsque nous avons commencé à leur parler, nous nous sommes rendu compte que c'étaient des êtres humains, comme nous. Nous avons parlé de ce qu'ils avaient vécu au Kosovo, de leur vie dans le camp de réfugiés et de leurs besoins. Mais nous avons aussi parlé de choses de la vie courante: des études, de la famille, des enfants. Je me suis fait quelques amis dans le camp lors de cette première rencontre et j'ai été heureuse de pouvoir retourner leur rendre visite. Je suis allée au camp parce que je pensais que c'était mon devoir de chrétienne d'aider ceux qui souffrent. Mais lorsque je suis revenue, j'avais le sentiment d'avoir reçu beaucoup plus que ce que j'avais donné." Marina Marini, étudiante de troisième année, Académie de théologie de la résurrection du Christ, St Vlash-Durres, Albanie.

L'arrivée en Albanie de 450 000 réfugiés Albanais du Kosovo exerce une pression énorme sur un pays qui compte 70 pour cent de chômeurs et qui souffre d'une pauvreté généralisée et d'un manque cruel d'infrastructures. Et pourtant, les Albanais ont accueilli les réfugiés dans leur pays et, bien souvent même, chez eux.

Fin mars, lorsque des milliers de réfugiés affluaient chaque jour dans le pays, l'Eglise orthodoxe autocéphale d'Albanie a immédiatement réagi, mobilisant Diaconia Agapes, son organisme d'aide sociale, d'aide au développement et d'aide d'urgence. Fondé en 1992, Diaconia Agapes vient en aide aux Albanais défavorisés et marginalisés. Au fil des années, un éventail complet de programmes a été mis sur pied, notamment des projets agricoles, des garderies d'enfants, des cours de formation pédagogique, des dispensaires, des projets de santé pour les femmes des campagnes, des programmes nationaux pour les jeunes, et une station de radio.

Devant l'urgence de la situation, Diaconia Agapes, avec l'aide des Eglises du monde entier mobilisées par l'Action commune des Eglises (ACT), a commencé à construire et à administrer des camps et à aider les familles qui accueillaient des réfugiés. Cela a été un magnifique exemple de collaboration interreligieuse. Avec le soutien des Eglises protestantes et orthodoxes et l'aide concrète des catholiques polonais, l'Eglise fait face aux besoins des réfugiés musulmans qui vivent dans le plus complet dénuement. Ce que Diaconia Agapes/ACT a accompli à ce jour est tout à fait remarquable. Plus de 220 tonnes de nourriture prête à la consommation ont été distribuées aux réfugiés à travers tout le pays.

L'Eglise orthodoxe d'Albanie a eu plus que sa part de difficultés ces dix dernières années. Après 50 ans de communisme et 23 ans de persécutions religieuses intenses, elle a dû reconstituer sa direction et reconstruire ses institutions et ses bâtiments. Elle a déjà bien progressé, mais il lui reste encore beaucoup à faire. Comme l'a expliqué Sa Béatitude, l'archevêque Anastasios de Tirana, Durres et toute l'Albanie: "Lorsque les réfugiés ont commencé à arriver, nous aurions pu nous contenter de dire: ‘Nous sommes une Eglise pauvre' et nous tenir à l'écart." Elle n'en a rien fait, bien au contraire: devant l'urgence, elle a suscité une réaction humanitaire de très grande envergure.

Si Diaconia Agapes joue un rôle prépondérant dans la mobilisation de l'aide humanitaire, c'est l'Eglise dans son ensemble qui vient en aide aux réfugiés. Dans tout le pays, des fidèles se sont sentis appelés à apporter leur soutien aux réfugiés. C'est ainsi que des groupes de femmes de l'Eglise préparent et livrent des colis de nourriture et d'articles de toilette aux réfugiés vivant dans des familles d'accueil. D'autres rendent visite aux réfugiés hospitalisés, apportant aux jeunes accouchées des affaires pour leurs bébés. Les deux maternités de Tirana appellent l'Eglise chaque jour pour demander qu'on leur envoie de l'aide pour les nouveau-nés.

Un enseignant de l'Académie de théologie de la résurrection du Christ m'a raconté comment sa femme, à l'occasion d'une visite à la maternité, s'était liée d'amitié avec une réfugiée qui venait d'accoucher. Lorsque la jeune femme est sortie de l'hôpital, elle a pu retrouver son mari et aller vivre avec lui dans un camp. Mais, à cause des conditions de vie dans le camp, le bébé est tombé malade. "Nous les avons invités à venir vivre chez nous et cela fait deux mois qu'ils partagent notre vie."

Chaque semaine, des étudiants de l'Académie de théologie et des membres des groupes de jeunes orthodoxes rendent visite aux réfugiés dans les camps et dans les familles d'accueil et leur apportent une aide matérielle: nourriture, lessive, jouets, ballons. Mais avant tout, ce qu'ils apportent, c'est un peu d'espoir et d'affection à des gens qui ont beaucoup souffert. Lorsque l'accord de paix sera signé et que les réfugiés rentreront chez eux, l'Eglise a décidé de continuer à les aider.

Dans une région du monde marquée par les divisions et les conflits ethniques, chaque jour, des chrétiens aident des réfugiés musulmans dans le cadre d'opérations de secours d'urgence de grande envergure et à travers des actes individuels dictés par la compassion chrétienne. En agissant ainsi, l'Eglise se fait le témoin concret d'une vision où tous les enfants de Dieu vivent dans la paix et l'harmonie.

L'auteur de cet article, Elizabeth Ferris, est membre du Groupe "relations internationales" du COE.

Des photos sur l'Albanie sont disponibles sur le site:
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Pour toute information complémentaire, s'adresser à: Karin Achtelstetter,
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