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Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale,
la xénophobie et l'intolérance qui y est associé

Le 31 août 2001

Briser les barrières humaines du racisme
Raymond Bitemo


Près de 7 000 délégués d'organisations de la société civile venus du monde entier sont arrivés à Durban, Afrique du Sud, pour participer au Forum des Organisations non gouvernementales (ONG) de la Conférence mondiale des Nations Unies contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée, qui se déroule du 28 août au 3 septembre 2001 au Kingsmead Cricket Stadium.

Nul n'ignore le contexte de l'Afrique du Sud qui accueille cette rencontre mondiale destinée à présenter les différentes facettes du racisme à travers le monde. Le choix du lieu est significatif car, après la traite des noirs qui a duré cinq siècles, l'apartheid en Afrique du Sud a été sans conteste une autre des pires abominations que l'Afrique ait jamais connue.

Deux anecdotes tragiques racontées aux délégués africains et d'ascendance africaine par Mme Winny Mandela, l'ex-épouse de l'ancien président Nelson Mandela, illustrent le problème du racisme en Afrique du Sud.

«L'an dernier, une jeune fille de 22 ans, qui s'était rendue aux champs, n'était pas rentrée chez elle à la tombée de la nuit. Des recherches ont été lancées pour la retrouver et on a découvert son crâne attaché à une corde. Pour des raisons que l'on ignore encore, son patron l'avait tuée après l'avoir traînée sur près de 7 km, attachée à sa voiture.

Il y a quelques mois - l'image télévisée a d'ailleurs fait le tour du pays - des policiers ont été envoyés à la frontière du Mozambique avec leurs chiens pour traquer les migrants illégaux. Un de ces malheureux a été déchiqueté par un chien policier.»

En dépit de la fin officielle de l'apartheid, le racisme continue à être un problème brûlant en Afrique du Sud. Mais il en est d'autres. Lorsqu'il a accueilli la délégation du Conseil oecuménique des Eglises (COE), l'évêque Mvume Dandala de l'Eglise méthodiste de Durban et président du Conseil des Eglises d'Afrique du Sud a mentionné d'autres problèmes non moins importants comme celui de la terre, de la xénophobie, du chômage, du sida, de la pauvreté.

«Soutenus par votre présence, nous espérons réécrire l'histoire, décider de l'avenir et voir se réaliser notre rêve d'un monde nouveau », a-t-il dit.

S'adressant aux délégués de la société civile venus du monde entier, le président sud-africain Thabo Mbeki a dit ceci : «Nous nous réunissons ici parce que nous sommes résolus à briser ces barrières humaines qui font obstacle à ce qui devrait être notre cheminement vers un monde nouveau fait de justice, d'égalité et de dignité pour tous les êtres humains». M. Mbeki a également déclaré que le Forum des ONG et la Conférence mondiale contre le racisme n'ont de sens que s'ils appellent le monde à s'unir contre le racisme. «Si vous circulez dans cette ville ou dans ce pays, vous n'aurez besoin d'aucun diplôme pour apprécier la réalité socio-économique dans laquelle vivent les millions de personnes qui continuent à subir l'héritage de l'esclavage, de colonialisme et du racisme.»

Le président sud-africain s'est aussi élevé contre la mondialisation qui marginalise beaucoup de personnes: «La mondialisation porte en elle les ingrédient d'une crise insoluble qui frappera jusqu'à ses principaux bénéficiaires, à moins que la tendance inhérente à la marginalisation soit stoppée et renversée».

Le président Mbeki, qui n'a pas ouvertement condamné l'absence du gouvernement américain au sommet de Durban, a également soigneusement évité la question du Moyen-Orient et celle du dédommagement des peuples victimes de l'esclavage.

Mme Mary Robinson, haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, qui s'est adressée aux participants avant le président Mbeki, a invité «les ONG à former une alliance mondiale contre le racisme et à discuter des meilleurs moyens de veiller à ce que les gouvernements tiennent les promesses qu'ils feront ici».


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