Conseil oecuménique des Églises Bureau de la communication
Communiqué de presse

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Courrier électronique: media


Comité Central
29 janvier - 6 février 2001
Potsdam, Allemagne

le 31 janvier 2001

Le COE et l'économie : pour plus d'équité, moins de naïveté et plus de foi


La question de la dette des pays les plus pauvres est au centre des débats du Comité central du Conseil oecuménique des Églises, en ce troisième jour de la session qui se tient à Potsdam, près de Berlin, en Allemagne. Devant la question de l'économie, et parlant du « cycle infernal pauvreté - dette - pauvreté accrue - dette multipliée », les délégués des Églises d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine attendent du COE qu'il prenne fermement position pour l'annulation de la dette. Ils décrivent la situation désespérée des populations de leurs pays, étranglées qu'elles sont par le remboursement de leur dette nationale.

Reprenant le débat en séance plénière cet après-midi du mardi 30 janvier, les délégués ont d'abord entendu un groupe de jeunes d'Afrique du Sud, « The Wozani Theatre Group », s'en prendre au « président invisible du monde » : le système monétaire international, et plus directement le Fonds monétaire international, ainsi que la Banque mondiale et l'Organisation internationale du travail.

Puis, Madame Claudia Greifenhahn (Allemagne) s'est exprimée en tant que responsable d'un « magasin du monde » pratiquant le « commerce équitable ». Celui-ci, pensé au départ comme une alternative au système économique international, est confronté à un insuccès patent. Pourquoi ? Mme Greifenhahn a mentionné quatre raisons. D'abord l'illusion, très répandue parmi les militants du commerce équitable, que celui-ci pourrait prendre des parts de marché tels qu'il exercerait une réelle influence sur l'économie internationale ; or, rien qu'en Allemagne, le commerce équitable n'a jamais représenté plus de 0,1 % du marché national.

Ensuite, Mme Greifenhahn critiquait l'absence de concept économique d'ensemble dans le mouvement du commerce équitable, qui, selon elle, consacrerait l'essentiel de sa réflexion aux débats internes et à la concurrence entre les différentes organisations travaillant dans ce domaine. Par ailleurs, toujours selon Mme Greifenhahn, ces organisations se cantonneraient dans une position d'isolement alors qu'elles devraient coopérer avec d'autres mouvements et entités, y compris les Églises.

Finalement, elle indiquait, comme cause de la crise des organisations de commerce équitable, le maintien des critères élaborés depuis les années 70, notamment celui du « prix équitable » : celui-ci combat les symptômes de la pauvreté, souligne-t-elle, mais pas les causes. Il suffit pour s'en convaincre de réaliser à quel point les producteurs fournissant le marché du commerce équitable deviennent dépendants de celui-ci : il leur garantit des prix tels, que jamais ils ne peuvent se tourner vers le marché ordinaire. Pour avoir une influence véritable sur le commerce international, le commerce équitable devra accepter, concluait Mme Greifenhahn, de prendre en compte l'ensemble de la chaîne, du producteur au client, et de reconsidérer le poids du bénévolat dans cette chaîne.

Le pasteur Madame Septemmy Lakana (Indonésie) a pris ensuite la parole devant le Comité central. Elle a fait part de la perplexité qui a été la sienne quand elle a lu sur les billets de banque en dollars US « In God we trust » (« Nous avons confiance en Dieu ») : comment « faire confiance à Dieu » en termes économiques, a-t-elle questionné, quand l'on voit les enfants mendier dans la rue et quand l'on voit avec quelle facilité le corps des femmes est mis en vente pour satisfaire les besoins sexuels de quelques-uns ? La foi en Dieu doit se débarrasser de toute naïveté, plaidait-elle : quant à elle, elle ne cherche plus « à changer le monde, mais à faire du monde un lieu où les humains puissent vivre mieux ».

Photos du Comité central


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Communiqués de presse 2001

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