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Communiqué de presse

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Le 6 mars 2001

Une équipe oecuménique appelle à « reconsidérer fondamentalement » la manière dont les Eglises et les communautés de foi font face au VIH/SIDA


Les gouvernements doivent travailler en étroite collaboration avec les communautés religieuses s'ils veulent mener à bien des programmes efficaces de lutte contre le VIH/SIDA, a déclaré une équipe du Conseil oecuménique des Eglises (COE) aux participants à une réunion organisée sous les auspices de l'Organisation des Nations Unies.

Les Eglises et autres communautés religieuses occupent une place centrale tant dans les soins aux personnes touchées par le virus que dans les efforts visant à prévenir la propagation de l'infection, a-t-elle fait remarquer aux représentants des gouvernements.

L'équipe du COE a passé une semaine à New York (du 26 février au 2 mars) pour participer à une série de discussions informelles organisées en préparation à la session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies qui se déroulera au siège de l'ONU du 25 au 27 juin.

Le docteur Christoph Benn, médecin à l'Institut allemand des missions médicales (DIFAM) et coordinateur du Groupe de travail du COE sur le VIH/SIDA, conduisait l'équipe.

Les autres membres étaient Dorothy Brewster-Lee, coordinatrice du Département des ministères internationaux de la santé de l'Eglise presbytérienne (Etats-Unis) ; Marian C.L. Grandia-Feddema, secrétaire générale du Réseau chrétien international de lutte contre le SIDA, et Gideon Byamugisha, prêtre anglican, responsable d'un programme de santé du Diocèse de Namirembe, Ouganda.

Une déclaration préparée et publiée à New York par l'équipe a été approuvée par la Conférence mondiale sur la religion et la paix et l'agence évangélique protestante World Vision.

« Après avoir observé pendant vingt ans l'évolution de la pandémie du SIDA partout dans le monde, nous devons reconsidérer fondamentalement les moyens dont nous nous servons pour y faire face », lit-on dans la déclaration.

Celle-ci met en évidence le fait que plus de 80 pour cent des membres de la population mondiale ont des liens avec une communauté religieuse, et que tout programme efficace de lutte contre le VIH/SIDA doit s'appuyer sur la présence de ces communautés dans toutes les zones habitées.

« Les organisations à base religieuse ont des dirigeants crédibles, des structures solides et des canaux de communication efficaces à tous les niveaux de la société », souligne le document, qui signale que ces groupes fournissent déjà une bonne partie des soins prodigués aux personnes qui souffrent du SIDA et à leurs proches, par exemple aux enfants devenus orphelins à la suite de décès de victimes du SIDA.

L'équipe a reconnu que, « trop souvent », les communautés religieuses gardent un « malencontreux silence » sur le mode de transmission du SIDA, mais souligné que ces communautés sont aussi capables de susciter des changements de comportement, car « le comportement sexuel est profondément influencé par les convictions morales et religieuses ».

Elle a également rappelé aux représentants des gouvernements que le SIDA et ses effets dévastateurs sur les personnes et les communautés créent des « besoins spirituels » auxquels les organisations à base religieuse sont particulièrement qualifiées pour répondre.

Christoph Benn constate que beaucoup de gens qui s'occupent du SIDA considèrent les organisations à base religieuse « comme un problème plutôt qu'un atout », et cela « principalement à cause de la question des préservatifs ».

Selon lui, réduire la discussion sur la prévention du SIDA à un problème de préservatifs n'est pas productif, et la déclaration de l'équipe constitue une tentative en vue de sortir le débat de cette impasse.

La déclaration demande une approche globale de la prévention insistant sur la fidélité réciproque des partenaires mariés, et sur l'abstinence en dehors du mariage. Mais elle encourage également l'usage des préservatifs pour les personnes qui s'estiment incapables de suivre ces principes ou qui ne sont pas prêtes à le faire. Enfin, elle insiste sur l'importance des tests volontaires et des conseils, qu'elle voit comme des moyens de conduire à un comportement plus responsable.

L'équipe du COE a cité l'Ouganda comme un exemple de collaboration d'un gouvernement avec la communauté religieuse dans le cadre d'une approche globale, favorisant une diminution spectaculaire des taux d'infection.

Gideon Byamugisha, dont la femme est morte d'une maladie en rapport avec le SIDA en 1991 et qui a appris qu'il était séropositif par un test subi l'année suivante, a présenté oralement le point de vue de l'équipe du COE lors d'une des discussions préparatoires des Nations Unies. En Ouganda, l'approche dite de prévention combinée a conduit à « une hausse du taux d'abstinence, une diminution des rapports sexuels occasionnels et une augmentation de l'usage des préservatifs », a-t-il fait savoir aux participants aux colloques.

Les discussions ont principalement porté sur un rapport du secrétaire général de l'ONU ; lors d'une seconde semaine de discussions en mai, il est prévu de préparer un document qui sera présenté pour décision à la session extraordinaire de juin.

Tout en faisant l'éloge du rapport, l'équipe du COE a néanmoins affirmé qu'il n'accorde pas suffisamment d'attention aux organisations à base religieuse et tend à les ranger dans la même catégorie que les autres organisations non gouvernementales, sans reconnaître leur caractère distinctif. En outre, le chapitre sur la prévention se borne à demander une plus large diffusion des préservatifs, sans insister sur l'approche globale incluant la fidélité et l'abstinence.

La contribution de l'équipe du COE s'est référée aux efforts oecuméniques déployés depuis les années 80 pour lutter contre le VIH/SIDA. Une brochure éducative publiée en 1987 à l'intention des agents sanitaires a été traduite en 55 langues et largement diffusée. En 1996, le Comité central du COE a publié une déclaration mettant les Eglises au défi de s'attaquer franchement au problème et de prendre des mesures à ce sujet. Divers programmes éducatifs ont été mis en place et, en juillet dernier, une équipe du COE forte de huit membres a participé à la Conférence internationale sur le SIDA tenue à Durban, Afrique du Sud.

Une équipe du COE participera à la série de discussions prévue en mai et assistera à la session de l'Assemblée générale en juin.


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Le Conseil oecuménique des Eglises (COE) est une communauté de 342 Eglises. Elles sont réparties dans plus de 100 pays sur tous les continents et représentent pratiquement toutes les traditions chrétiennes. L'Eglise catholique romaine n'est pas membre mais elle collabore activement avec le COE. La plus haute instance dirigeante du COE est l'Assemblée, qui se réunit environ tous les 7 ans. Le COE a été formé officiellement en 1948 à Amsterdam, aux Pays-Bas. Le secrétaire général Konrad Raiser, de l'Eglise évangélique d'Allemagne, est à la tête du personnel de l'organisation.