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le 18 avril 2001

Les Eglises africaines appelées à la confession et à la repentance publiques
Elias Massicame


Les délégués et les représentants d'Eglises, de conseils chrétiens nationaux et d'organisations oecuméniques de quatorze pays d'Afrique centrale et occidentale, réunis à Cotonou au Bénin, ont appelé les Eglises du continent africain à confesser publiquement leurs actes de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et d'intolérance qui y est associée et à s'en repentir.

Le séminaire régional, tenu à Cotonou du 27 au 29 mars dernier, a été organisé par le Programme de lutte contre le racisme (PLR) du Conseil oecuménique des Eglises et par la Conférence des Eglises de toute l'Afrique (CETA). Il avait pour but de donner aux Eglises et aux institutions oecuméniques d'Afrique centrale et occidentale l'occasion de participer à la préparation, l'analyse et la discussion des questions qui seront examinées durant la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée. Celle-ci aura lieu à Durban, en Afrique du Sud, du 31 août au 7 septembre prochain, sous les auspices du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH).

Les quarante délégués, hommes et femmes, et parmi eux des représentants de la jeunesse, ont déclaré qu'aujourd'hui comme hier les peuples d'Afrique restaient exposés aux diverses manifestions du racisme, du tribalisme et à d'autres formes de discrimination et d'intolérance. Hélas, ont-ils déploré, l'Eglise du continent a échoué dans sa mission qui consiste à prêcher et à vivre la Bonne nouvelle du Royaume de Dieu dans un climat de paix, d'amour, de justice, de réconciliation, de communauté et de respect des droits de la personne.

Bien qu'officiellement le commerce des esclaves, la colonisation, l'impérialisme et l'apartheid appartiennent à un passé révolu, le continent africain, ont-ils affirmé, continue d'être le théâtre d'actes de discrimination fondés sur la race, la couleur de peau, le sexe, l'appartenance tribale et ethnique, le niveau d'instruction, la condition sociale, et ce non seulement dans les milieux politiques, économiques et culturels mais aussi dans l'Eglise.

Pour les délégués, ces pratiques constituent le principal héritage du passé colonial et missionnaire ; or le nouvel ordre mondial, les programmes d'ajustement structurel mis en place dans la plupart des pays africains, la mondialisation et le rôle du marché qui font échec à la primauté du droit et à la naissance de la démocratie n'ont fait qu'allonger la liste des nouvelles formes de discrimination et d'oppression.

Selon les participants à la réunion régionale de Cotonou, les chrétiens d'Afrique n'ont pas su « faire naître d'esprit de communion et de solidarité » entre les divers groupes ethniques vivant dans une même communauté. « Nous nous repentons de nos péchés et nous demandons à Dieu et à nos frères et soeurs dans nos communautés de nous pardonner », ont-ils confessé.

En plus de confesser publiquement les actes de racisme, d'oppression et d'autres formes de discrimination et d'intolérance et de s'en repentir, les délégués et les représentants des Eglises et des conseils chrétiens présents à Cotonou ont appelé les Eglises d'Afrique, leurs Eglises soeurs dans le monde et les sociétés et départements missionnaires à dédommager leurs victimes pour le tort qu'ils leur avaient causé.

Parmi ces victimes figurent les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables de la société, c'est-à-dire les femmes et les jeunes des deux sexes, les personnes déplacées par les guerres, les migrants, les membres des communautés autochtones et des minorités ethniques.

« Nous devons garder présent à l'esprit que les femmes souffrent deux à trois fois plus des conséquences de ces phénomènes » que sont le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée, a souligné Battu Jambawai de la CETA.

Les participants ont déclaré qu'il y a encore en Afrique des Eglises qui perpétuent cette discrimination contre les femmes parce qu'elles n'autorisent pas leur ordination. Ils ont recommandé que les Eglises du continent accordent une place spéciale aux femmes et aux jeunes dans leurs programmes d'éducation, de formation et de développement.

Ils ont également lancé un appel aux Eglises et aux organismes oecuméniques pour qu'ils commencent à introduire la condamnation du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l'intolérance qui y est associée dans leurs programmes de formation théologique et de formation au ministère, dans les études bibliques et dans les programmes de l'école du dimanche ; ils ont aussi exhorté la CETA et le COE à contribuer à cette démarche.

Le COE est actuellement en train de réaliser une Etude oecuménique sur le racisme dont il présentera les conclusions en septembre 2002 à son Comité central. Pauline Muchina, qui travaille sur la question pour le COE, a appelé les Eglises à participer activement à cette étude ainsi qu'à la préparation de la Conférence mondiale contre le racisme à Durban.



Le COE se prépare à la Conférence mondiale des Nations Unies contre le racisme

Le racisme figure parmi les préoccupations du mouvement oecuménique depuis au moins 70 ans. Il fait l'objet d'un intérêt tout particulier depuis 1968, quand le Comité central du COE créa le Programme de lutte contre le racisme (PLR), auquel on reconnaît le mérite d'avoir, entre autres choses, contribué à la chute de l'apartheid en Afrique du Sud. En 1998, lors de la VIIIe Assemblée tenue à Harare, le COE a célébré le 30e anniversaire de ce Programme.

En 1995, le Comité central du COE notait que « le racisme institutionnalisé et l'idéologie raciste, sous leurs formes les plus pernicieuses, continuent à faire rage dans nos sociétés et à affecter profondément les Eglises, tandis que les tendances sociales, politiques et économiques actuelles produisent de nouvelles formes de racisme. » En réponse à ce défi, le travail du COE sur le racisme consiste à engager et aider les Eglises à distinguer, comprendre et tenter de vaincre le racisme, où qu'il se trouve en leur sein. Le COE considère les efforts poursuivis en matière de lutte contre le racisme comme partie intégrante de la vie des Eglises plutôt que comme une activité marginale.

De précédentes conférences mondiales sur le racisme se sont tenues en 1978 et 1983, et l'ONU a adopté des programmes d'action pour trois Décennies internationales de lutte contre le racisme et la discrimination raciale. La Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée (CMR) aura lieu à Durban, Afrique du Sud, du 31 août au 7 septembre 2001. Le slogan de la conférence est « Unis dans la lutte contre le racisme : égalité, justice et dignité ». L'objectif est de garantir l'application des normes et instruments internationaux dans les efforts de lutte contre le racisme ; la conférence pourrait aussi formuler des recommandations d'action visant à combattre les préjugés et l'intolérance.

Le COE entend aider les Eglises et les partenaires - populations autochtones, personnes d'origine africaine, minorités ethniques, dalits et autres - à se préparer à la Conférence mondiale des Nations Unies. Dans cette perspective, il parraine des réunions régionales et interrégionales en Afrique, en Asie, ainsi qu'en Amérique du Nord et du Sud, afin de recueillir des informations sur la manière dont les Eglises et leurs organisations, dans chaque région, approchent et vivent le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée, et y réagissent.

Ces informations constitueront aussi une documentation importante pour l'étude oecuménique sur le racisme qui vise à distinguer les manifestations anciennes et nouvelles du racisme dans la société et dans l'Eglise, notamment en examinant les théologies racistes et oppressives et en cernant les liens et les différences qui existent entre le racisme, le sexisme, l'ethnocentrisme, l'exclusivisme de caste et autres phénomènes en « isme ». Le document final issu de l'étude (« Comprendre le racisme aujourd'hui ») sera publié en septembre 2002.

Les colloques régionaux et les informations recueillies jusqu'ici pour l'étude oecuménique serviront de base aux interventions de la délégation oecuménique du COE à la Conférence mondiale.

La Réunion régionale pour l'Afrique occidentale et centrale tenue récemment à Cotonou, Bénin, s'inscrit dans le processus de préparation de la Conférence mondiale. L'article rédigé par Elias Massicame rend compte de cette réunion. Les autres réunions préparatoires suivantes sont prévues :
11-13 mai : Réunion régionale du COE pour l'Amérique du Nord, Detroit, Michigan, Etats-Unis
17-19 mai : Réunion régionale du COE pour l'Asie, le Pacifique et le Moyen-Orient, Bangkok, Thaïlande
21 mai-1er juin : Comité préparatoire CMR NU, Genève, Suisse
26-29 juin : Colloque sur le sexisme et le racisme en Afrique, Antananarivo, Madagascar


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