Conseil oecuménique des Églises Bureau de la communication
Communiqué de presse

150, route de Ferney, B.P. 2100, 1211 Genève 2, Suisse
Courrier électronique: media



le 14 juillet 2000

Justice pour la population de Vieques
Le COE soutient la cause de l'île portoricaine


Le 12 juillet, le Conseil oecuménique des Eglises (COE) a appelé l'Organisation des Nations Unies (ONU) à agir « en faveur de la décolonisation de Porto Rico ».

Dans une déclaration remise au Comité spécial de la décolonisation de l'ONU au nom de la Commission des Eglises pour les affaires internationales (CEAI) du COE, celle-ci a demandé que l'on aide les Portoricains en obtenant la justice pour les habitants de Vieques, l'une des plus petites îles de Porto Rico située à l'est de l'île principale.

La déclaration a été présentée par Mme Eunice Santana, pasteur de l'Eglise des Disciples du Christ et ancienne présidente du COE, qui dirige actuellement l'Institut caraïbe de formation et d'action oecuménique à Arecibo, à Porto Rico.

S'exprimant en espagnol, Mme Santana a indiqué que la décennie de l'abolition du colonialisme, lancée par l'ONU en 1990, s'était achevée sans que l'on ait trouvé de solution au problème de Porto Rico, laissant subsister une situation « particulièrement honteuse ».

Elle a rappelé au Comité qu'elle avait déjà attiré son attention sur le problème de Vieques dans des déclarations du COE de 1998 et de 1999, et a déclaré que les actions des forces navales des Etats-Unis dans cette zone au cours des 15 mois écoulés témoignaient du mépris que ce pays continue de manifester pour les droits du peuple portoricain.

Au risque de leur vie puisqu'ils formaient des boucliers humains, des centaines de Portoricains ont campé dans la zone réservée de Vieques utilisée comme terrain d'entraînement par la marine américaine depuis 1941, et beaucoup d'entre eux, dont un évêque et des dizaines de membres du clergé, ont été arrêtés, a-t-elle indiqué. Les manifestants ont été inspirés par l'expérience de la libération relatée dans la Bible, a-t-elle dit aux Nations Unies.

En novembre dernier, le directeur de la CEAI, Dwain C. Epps a écrit au président Bill Clinton pour soutenir le mouvement de protestation. Le 2 mai, à l'annonce de prochaines arrestations, le secrétaire général du COE, Konrad Raiser a déclaré dans une lettre que de telles arrestations « ne seront guère comprises des Eglises », exhortant M. Clinton à « mettre un terme immédiat à cette intervention ». Les manifestants ont tout de même été appréhendés deux jours plus tard.

Selon Mme Santana, le référendum proposé par les forces navales américaines pour demander aux habitants de Vieques de décider s'il valait mieux accepter 40 millions de dollars US pour que l'armée puisse utiliser le territoire pendant trois ans ou 50 millions pour son utilisation permanente, était une plaisanterie de mauvais goût. Placer les gens devant un tel choix les obligerait à agir contre leur conscience et exclurait d'emblée l'option que la plupart d'entre eux aurait préféré: le départ immédiat des forces américaines.

Elle a réclamé un « processus légitime d'autodétermination pour le peuple portoricain ». Et elle a demandé l'aide du Comité de l'ONU pour obtenir que les Etats-Unis cessent de bombarder l'île, nettoient la zone, dédommagent la population de Vieques pour les dégâts subis, et lui retournent le territoire.

Alors que le Comité de la décolonisation écoutait les orateurs, il avait devant lui une résolution présentée par Cuba, qui soutenait que les initiatives passées « n'avaient pas réussi à lancer le processus de décolonisation de Porto Rico », et notait « avec satisfaction » que des propositions avaient été faites en vue d'une « conférence constituante souveraine du peuple de Porto Rico ».

Concernant les Portoricains reconnus coupables d'actes violents de protestation aux Etats-Unis, la résolution se félicitait de la libération de onze de ces personnes l'an dernier, et appelait M. Clinton à « libérer tous les prisonniers politiques portoricains ».

L'Espagne a cédé Porto Rico aux Etats-Unis en 1898. Les Portoricains ont eu la citoyenneté américaine en 1917, et ont plus tard obtenu le droit d'élire leur propre gouvernement et leur propre organe législatif. Ils envoient en outre un représentant qui n'a pas le droit de vote à la Chambre des représentants des Etats-Unis. Mais ils ne votent pas aux élections américains , ni ne payent d'impôt américain.

A l'issue d'un référendum en 1993, 48 pour cent des Portoricains avaient choisi de conserver leur statut actuel de « commonwealth », 44 pour cent souhaitaient devenir un Etat des Etats-Unis, et 4 pour cent avaient opté pour l'indépendance. Mais, selon certains Portoricains, le référendum n'a pas résolu le problème à cause de la manière dont les partis politiques y étaient engagés ; c'est pourquoi, il faut trouver une nouvelle méthode comme celle de la conférence constituante.

La déclaration adressée par le COE au Comité de l'ONU n'a pas appuyé la résolution cubaine, mais, après la séance, Mme Santana a indiqué qu'elle était compatible avec la position du COE. Elle s'est dite « très heureuse » lorsque le Comité a approuvé la résolution par consensus à la fin des auditions de la journée. Des résolutions similaires avaient déjà été adoptées précédemment mais jamais par consensus, a-t-elle déclaré.


Pour toute information complémentaire, s'adresser au
Bureau des relations avec les médias
Tél. (professionnel): (+41 22) 791 6153;
Adresse électronique: media
Retour au début

Communiqués de presse 2000

Page d'accueil du COE


Le Conseil oecuménique des Eglises (COE) est une communauté de 337 Eglises. Elles sont réparties dans plus de 100 pays sur tous les continents et représentent pratiquement toutes les traditions chrétiennes. L'Eglise catholique romaine n'est pas membre mais elle collabore activement avec le COE. La plus haute instance dirigeante du COE est l'Assemblée, qui se réunit environ tous les 7 ans. Le COE a été formé officiellement en 1948 à Amsterdam, aux Pays-Bas. Le secrétaire général Konrad Raiser, de l'Eglise évangélique d'Allemagne, est à la tête du personnel de l'organisation.