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Faisons route ensemble
Umbuntu et la kairos africain
Afrique : L'empreinte de Dieu
Barney Pityana



Une série d'empreintes fossiles de pieds humains a été découverte récemment à Langebaan sur la côte ouest de l'Afrique du Sud. Les paléontologues estiment qu'elles remontent à 117.000 ans. Elles ont probablement été faites par un ancêtre de l'humanité moderne. Il s'agit là de quelques-uns des plus anciens vestiges d'êtres humains anatomiquement modernes mis au jour jusqu'ici, et ils font partie des éléments de preuve réunis par les archéologues et les spécialistes de la préhistoire indiquant que l'Afrique est le berceau de l'humanité et le lieu d'origine de l'homme moderne.

Cette récente et spectaculaire découverte d'une humanité ancienne contraste avec la rencontre des visiteurs européens modernes, puis des colons, avec l'Afrique. Au 15ème siècle, des marins européens débarquèrent sur le sol africain et rencontrèrent ses habitants. La chose la plus étonnante qu'ils découvrirent fut que ces gens n'avaient pas de religion. Il n'y avait aucun signe de vie religieuse: pas de temples ni d'architecture sacrée, pas d'endroits visiblement réservés à un usage sacré, pas de moments consacrés au culte, pas de gestes dénotant une conscience du divin. Ces gens chantaient, dansaient et battaient leurs tambours avec un exhibitionnisme sensuel.

Il n'est donc guère surprenant d'avoir découvert en Afrique non pas une preuve de l'existence d'une religion pratiquée par une humanité ancienne, mais au contraire la quintessence même de l'être humain: des empreintes de pieds. Ces hommes ont laissé leur marque sur leur environnement. Ils se déplaçaient pour récolter de la nourriture, maîtriser leur environnement et établir des relations. L'espèce humaine marche. On ne découvre pas la culture ni le mode de vie d'un peuple ancien à travers les objets de culte, mais plutôt à travers les activités liées à son existence. On a trouvé dans les graviers de l'ouest de la province du Cap des fossiles d'animaux, de plantes et de créatures marines, et d'outils de pierre vieux d'au moins un million d'années, avec lesquels les hommes façonnèrent ce dont ils avaient besoin pour vivre. La grotte de Peer à Fish Hoek témoigne de la présence d'êtres humains remontant à environ 500.000 ans. L'homme de Fish Hoek, découvert en 1927 parmi neuf squelettes humains, était âgé d'environ 12.000 ans. Pour moi, cela signifie que les peuples de l'Afrique marchaient avec Dieu et que Dieu marchait avec eux. La forme de l'empreinte ressemble à la configuration de l'Afrique. Il ne peut y avoir aucune autre empreinte, aucune autre marque de Dieu que son identification avec l'activité humaine. Le Dieu de l'Afrique coïncide et coexiste avec les peuples de l'Afrique. Dieu n'a d'autre existence que sa présence avec les êtres humains. Dieu est faible et vulnérable parce que nous n'en avons pas connu d'autre. C'est le Dieu qui partage notre condition humaine, parce qu'il n'a pas d'autre existence que la nôtre. Nous n'avons connu Dieu qu'à travers les gens que nous rencontrons tous les jours. Il n'y a donc pas de temples, d'architecture de pierre, de lieux, de vêtements ni de moments sacrés. L'entière activité des gens, leur existence même était une vénération de la divinité, qui est le créateur. Pour comprendre les peuples de l'Afrique, il est donc nécessaire de modifier le paradigme sur Dieu et la vie religieuse. L'Afrique est l'empreinte de Dieu.

En parlant de l'Afrique, il faut éviter la tentation de deux discours extrêmes : d'une part, brosser le sombre portrait d'un continent perpétuellement en crise, d'un peuple qui a été victime d'exploitations tout au long de l'histoire moderne, d'un continent où sévissent la corruption et les conflits et où les gens souffrent de toutes les maladies imaginables. Un monde sans science ni connaissances. Zephania Kameeta nous donne l'un des exemples les plus frappants de cette vision de l'Afrique exprimée par Keith Richburg, un journaliste africain-américain qui a travaillé dans les points chauds du continent.

"Parlez-moi de l'Afrique, de mes origines noires et de ma parenté avec mes frères africains, et je vous rejetterai tout ça à la figure, puis je vous mettrai le nez dans des images de chairs pourrissantes... Mais par-dessus tout je me dis : ‘Dieu soit loué que mon ancêtre ait quitté ce continent, parce que maintenant je n'ai rien à voir avec ces gens'."

D'autre part, à l'autre extrême, on trouve l'éminent spécialiste africain-américain des anciennes civilisations de l'Afrique, Manning Marable. Il met l'accent sur ce que l'Afrique a apporté à la civilisation moderne, l'Afrique berceau de l'humanité, source du savoir, de la science et de la culture anciennes, et les grands Africains qui ont influencé l'histoire des connaissances et de la civilisation. C'est une étonnante révélation de l'histoire dans une perspective africaine, où l'Afrique est le sujet et non l'objet des événements, et où les outils de l'interprétation sont entre les mains de l'Africain, qui raconte sa propre histoire. Le problème de cette approche est qu'elle ne prend pas en compte le fait que l'Afrique n'est plus visible : elle a été submergée par la misère, la souffrance et l'exploitation qui sont aujourd'hui le sort de beaucoup de ses habitants. La colonisation lui a ravi son âme. L'autre danger, c'est que l'on est enclin à rendre tout le monde responsable de ce qui est arrivé à l'Afrique, sauf les Africains eux-mêmes. Dans cette optique, ces derniers n'ont pas à assumer la responsabilité de leur condition, de leurs politiques, de leur économie, ni de leur culture: il y aurait des forces à l'oeuvre, un deus ex machina qui exerce son influence diabolique sur ce malheureux continent et ses populations. C'est la théorie de la "victimologie", et nous devons l'éviter.

J'offre ici est une position médiane entre ces deux extrêmes : ne succombons pas au pessimisme ni au cynisme des détracteurs de l'Afrique, mais ne cherchons pas non plus à glorifier son passé comme le font ses admirateurs. Je me sers de la foi comme d'un instrument pour interpréter le coeur et l'âme de l'Afrique. L'image des empreintes de pieds est celle par excellence qui me dit que le peuple africain a voyagé et peiné avec Dieu pendant des siècles. Les Africains sont le peuple de la foi. C'est elle qui les a soutenus. Elle fait partie de leur vie ordinaire et quotidienne. Elle leur dit que Dieu demeure parmi eux. Dieu marche et souffre avec eux. Dieu n'est pas l'explication ultime, parce que ce sont les gens qui sont l'explication de leur environnement et de leurs circonstances. Il est intéressant de constater que les Africains n'accusent jamais Dieu d'être l'auteur de leur souffrance. La théodicée ne fait pas partie de la philosophie de notre religion. Tout effet a une cause, et la nécessité de trouver un sens et une explication fait que les devins auront toujours du travail, parce qu'ils peuvent voir au-delà du monde élémentaire. Le mal n'arrive pas simplement comme ça, il a une cause, souvent la méchanceté humaine, et en fin de compte des forces mauvaises dépassant l'entendement humain. L'homme a le pouvoir de faire le bien et le mal.

Les Africains ont cheminé avec Dieu, et Dieu a dressé son tabernacle parmi eux. Dieu s'est incarné. Les Africains étaient soutenus par la foi et vivaient dans la foi. Leur cosmologie reliait le passé, le présent et l'avenir par l'intermédiaire des ancêtres. Les esprits des ancêtres étaient toujours présents, servant de médiateurs, et intervenant dans les événements de la vie. Cette conception de la vie signifiait que les Africains étaient des gens tolérants. Oui, ils faisaient la guerre, ils avaient des héros et des héroïnes. Oui, les groupes dominants opprimaient les plus faibles. C'était la loi de la nature. Mais ceux qui vivaient sous leur protection étaient acceptés, et l'étranger était sûr de recevoir l'hospitalité. Cela explique pourquoi les Africains furent colonisés : ils acceptaient et accueillaient les étrangers. Ils étaient vulnérables aux forces qui ne comprenaient pas leurs modes de vie. Les religions du monde trouvèrent une patrie en Afrique. Aucune culture n'y était totalement étrangère; elle devenait partie constituante du tout, et trouvait son expression dans la culture du continent entier. Voilà pourquoi nous avons aujourd'hui en Afrique un mélange de cultures et de religions. Le peuple africain chemine avec Dieu dans la foi.

Mais cette foi est en crise, et il est même possible qu'elle soit la cause de la crise qui touche le continent. Les Africains ne sont ni meilleurs ni pires que le reste des habitants de la planète. Ils recherchent de meilleurs modes de vie pour eux-mêmes et leurs enfants. Ils rêvent de liberté, de meilleures chances, et des moyens d'élargir les possibilités de choix dans leur vie. Ils ont vu des gouvernements s'installer et disparaître. Des puissants leur ont imposé leur domination, puis, leur heure venue, ont mordu la poussière. Il y a un cycle dans la vie qui est aussi prévisible qu'inévitable. C'est ainsi que la foi de l'Afrique a toujours été liée aux hommes. Les gens ont toujours influencé les événements qui s'y sont produits. La foi est en crise parce que la confiance dans les gens a été ébranlée, trahie. Dieu semble avoir déserté le peuple africain. Le Dieu qui leur avait insufflé de l'espoir en pleine tragédie et les avait soutenus pour l'avenir ne réside plus parmi eux. Les gens ont souvent été abandonnés à des forces impitoyables et rapaces. Comme les Israélites, nous avons essayé d'être comme les autres nations, oubliant que parmi nous demeure le Dieu qui voyage avec nous. Nous avons bâti des murs de division et d'hostilité qui nous séparent les uns des autres; nous avons créé des armées et gaspillé des ressources pour fabriquer des instruments de destruction. Nous avons tourné nos armes contre nous-mêmes et nous nous sommes détruits mutuellement dans des guerres fratricides. La richesse de nos nations a été marchandée sur les marchés mondiaux, avec peu d'égard pour les besoins de nos populations. Nos dirigeants nous ont volés, puis ont déposé notre argent dans des banques européennes. Nous ployons sous le fardeau de la dette. Dans de telles circonstances, la foi de nos ancêtres a besoin d'une ré-incarnation. Mais il n'y a là rien de nouveau.

J'ai dit que j'inventais simplement un outil d'interprétation, et que je ne cédais pas à la tentation de faire de l'apologétique. Il me semble que cet instrument nous ramènera au peuple africain et à sa foi en Dieu. Le triple défi qui nous est lancé est celui-ci : éliminer la pauvreté; instaurer la démocratie, le respect des droits de l'homme et de bons systèmes de gouvernement; et fixer des normes pour un univers obéissant aux règles de la morale.

Si je commence par la pauvreté, ce n'est pas par désir de céder à l'accablement au sujet de l'Afrique. Bien que j'accepte que ce continent doive assumer la responsabilité de la conduite de ses propres affaires, on ne peut oublier le fait que la pauvreté n'est pas la condition naturelle de l'homme. Elle est causée par lui, elle résulte de choix politiques, qui entraînent l'appauvrissement des uns et l'enrichissement des autres. Dans la mesure où la pauvreté est causée par l'homme, je suis convaincu qu'elle peut être éliminée. Le Rapport mondial sur le développement humain 1997 l'exprime succinctement de la manière suivante :

"L'éradication de la pauvreté sur l'ensemble de la planète constitue plus qu'un impératif moral et un engagement envers la solidarité humaine : c'est une possibilité réelle et, à long terme, un impératif économique pour garantir la prospérité mondiale. N'étant plus inévitable, la pauvreté ne doit plus être tolérée. Le moment est venu d'éliminer les pires aspects de la pauvreté humaine en l'espace d'une ou deux décennies, afin de créer un monde plus humain, plus stable et plus juste." (p.119)
Cette affirmation pleine de confiance est un grand signe d'espoir. Avec de la bonne volonté et la volonté politique nécessaire, la pauvreté peut être abolie. Quelque 200 millions de personnes en Afrique subsaharienne gagnent moins de 1 dollar EU par jour, 122 millions sont illettrées, 205 millions n'ont pas d'eau potable, et 205 millions ne bénéficient d'aucun service de de santé. Cette situation doit et peut être retournée de notre vivant. C'est possible si on élimine la corruption dans la gestion des ressources publiques. La corruption est du vol aux dépens des pauvres. C'est possible si les pays réordonnent leurs priorités pour la distribution des ressources disponibles, de manière à favoriser clairement les pauvres dans les mesures d'intérêt général prises par les gouvernements. En d'autres termes, cet objectif peut être atteint s'il existe la volonté politique de le faire; si la mondialisation, et le fléau que sont les marchés, sont maîtrisés, et gérés de telle manière que les plus démunis en bénéficient, et si l'on cherche à instaurer une véritable interdépendance et un réel partage du fardeau dans les politiques commerciales. Cela sera possible dans un monde moins égoïste. Cela peut se faire si les pauvres n'ont pas à porter le poids écrasant de la dette. Nous pouvons y arriver. La pauvreté est une malédiction pour l'humanité. Le Rapport mondial sur le développement humain 1998 a désigné la progression de la consommation comme l'une des caractéristiques de la vie moderne qui devra être modifiée si l'humanité veut pouvoir relever le défi de l'éradication de la pauvreté.

La seconde tâche que j'ai indiquée est d'établir la démocratie, le respect des droits de l'homme et de bons systèmes de gouvernement. Bien entendu, on ne pourra éradiquer la pauvreté et éliminer la corruption que si l'on poursuit des politiques véritablement démocratiques, et si l'on est sensible aux besoins des gens et qu'on cherche à les satisfaire; bref, si l'on met en place de bons systèmes de gouvernement. Ces aspirations sont exprimées dans la vision des Etats africains qui, dans le préambule à la Charte de l'Organisation de l'unité africaine, fondée en 1963, ont déclaré que "la liberté, l'égalité, la justice et la dignité sont des objectifs essentiels à atteindre pour que soient réalisées les aspirations légitimes des peuples africains...". La Charte des droits des personnes et des peuples africains, adoptée en 1981, propose un idéal commun et minimal à atteindre par les peuples africains, fondé sur "les vertus de leur tradition historique et les valeurs de la civilisation africaine, qui devraient inspirer et caractériser leur réflexion sur le concept des droits des personnes et des peuples". Dans son rapport à l'Assemblée générale, Kofi Annan fait référence à la renaissance de l'esprit de l'Afrique, qui cherche à examiner sérieusement et honnêtement les modèles du passé. Il affirme notamment que les droits de la personne et la primauté du droit sont la pierre angulaire du bon gouvernement. Si l'Afrique s'engage à exercer judicieusement le pouvoir politique, à faire participer librement les populations à la gestion de leur pays, à assurer une interaction entre les gouvernés et ceux qui les gouvernent par consentement mutuel, à éradiquer la corruption et à faire que chacun soit en toutes circonstances comptable de ses actions, elle assurera la stabilité à long terme, la prospérité et la paix à tous ses peuples. Voici comment Kofi Annan exprime cette vision :

L'Afrique doit avoir la volonté de prendre au sérieux la question de la bonne gestion des affaires publiques afin d'assurer le respect des droits de la personne et la primauté du droit, de renforcer le processus de démocratisation, et de promouvoir la transparence et la compétence dans l'administration publique. Si elle néglige la saine gestion des affaires publiques, l'Afrique n'échappera pas au danger très réel, et si évident aujourd'hui, de voir éclater des conflits.
Il reste encore quelques points d'interrogation sur les formes de démocratie les mieux appropriées pour l'Afrique. Après les beaux jours des élections multipartites, le démantèlement des Etats gouvernés par un parti unique et le renversement des présidents à vie depuis la fin de la guerre froide, on se pose d'innombrables questions non seulement sur "la vitalité, la ‘qualité' et la pertinence de la sorte de transition démocratique qui est en cours sur le continent, mais aussi sur sa viabilité et les perspectives de consolidation et d'institutionnalisation des réformes mises en place" (Olukoshi, p.10). Toutes ces questions sont légitimes; les réponses qu'on y donnera aideront à garantir l'établissement d'un régime politique et social plus durable, que les peuples de l'Afrique pourront par conséquent faire leur et défendre.

Le troisième défi qui nous est présenté est un appel à la régénération morale du continent et de ses peuples. Dans un sens c'est là la question la plus importante, parce qu'elle est au coeur même de tous nos problèmes. Donner une orientation éthique à la vie est l'une des conditions essentielles à la construction d'une société fondée sur une bonne gestion des affaires publiques, sur le respect des droits fondamentaux des citoyens. Une telle société répondra positivement à l'impératif moral que constitue la nécessité de réduire l'incidence de la pauvreté et de l'inégalité. Une société à dimension éthique cherchera aussi à se conformer le mieux possible à la volonté de Dieu dans son traitement de l'individu et l'organisation de la société. La cause de l'Afrique ne sera jamais bien servie par le relativisme moral et la sélectivité si répandus actuellement. Il doit exister quelques valeurs communes, partagées et permanentes qui nous unissent pour toujours. La marque d'un grand peuple est sa capacité de se colleter avec les questions morales de son époque et de jeter les bases d'une bonne société pour les générations actuelles et à venir. Nous révélons l'aspect le plus essentiel de notre nature humaine lorsque nous faisons preuve de sensibilité morale. C'est la marque de l' "ubuntu", le credo sur lequel de nombreux Africains ont fondé un idéal qui affirme que l'humanité d'un individu est liée à l'humanité des autres. Le don le plus précieux que nous puissions léguer aux générations futures est un monde qui soit plus humain, et où règne plus de sollicitude et d'amour.

Voilà ce que me dit la parabole des empreintes fossilisées. Elle m'enseigne que Dieu est grand, non pas parce qu'il est tout-puissant, mais parce qu'il a choisi de vivre parmi nous, êtres humains ordinaires et pécheurs. Tel est l'espérance que l'Afrique est prête à partager avec le monde. Alors que le mouvement oecuménique se rassemble à nouveau sur ce grand continent pour la première fois depuis l'Assemblée de Nairobi, en 1975, il trouvera une Afrique assoiffée de paix, et plus confiante en l'avenir. Une Afrique remplie de foi et d'espérance.

Bibliographie

Rapport mondial sur le développement humain 1997 et 1998; PNUD
Echoes: Justice, Peace and Creation 14/98; Geneva: WCC
Adebayo O Olokushi (Ed): La politique de l'opposition; Upsal: Nordiska Afrikasinstitut; 1998
Kofi Annan: Les causes de conflits et la promotion d'une paix durable et d'un développement viable en Afrique; Assemblée générale des Nations Unies; Doc A/52/871-S/1998/318


De la périphérie vers le centre :
Lettre à mes ancêtres, par Mercy Amba Oduyoye

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